Photo du film WOLF CREEK
Crédits : TFM Distribution

WOLF CREEK, dans les griffes de l’Outback australien – Analyse

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Cet article a pu être réalisé grâce à notre partenaire Ciné+ OCS. Son contenu est indépendant et conçu par la rédaction.

Souvent oublié malgré le petit succès rencontré à sa sortie en 2005, WOLF CREEK mérite pourtant bien son statut culte. Survival typique de l’exploitation australienne, le premier film de Greg McLean se distingue par une montée en puissance parfaitement menée et par un antagoniste parmi les meilleurs de sa catégorie.

Survival à l’australienne

Sorti en 2005, WOLF CREEK s’inspire librement d’un fait divers survenu en 2001, dans le territoire Nord de l’Australie. Un touriste anglais, malencontreusement abattu par un autochtone, et dont le corps n’a jamais été retrouvé. Toutefois, le film de Greg McLean n’exploite pas seulement un fait isolé, mais plutôt un contexte. En effet, la disparition du Britannique Peter Falconio en 2001 suit de près les meurtres en série de sept routards, survenus entre 1989 et 1993, sur les routes du Sud de l’Australie. WOLF CREEK s’empare ainsi d’une psychose encore vivace pour mieux happer son spectateur.

Une dimension racoleuse, néanmoins propre à l’ozploitation – cinéma d’exploitation australien – dont le survival reste l’un des genres de prédilection. Une redondance qui s’explique par la géographie et la démographie même du pays, où les paysages naturels hostiles s’opposent aux grands centres urbains. Peuplés de dangers, les déserts australiens se voient généralement associés aux bogans, équivalents locaux des rednecks américains. Bien moins sympathique que Crocodile Dundee, Mick Taylor, antagoniste principal du récit, en demeure l’une des représentations les plus terrifiantes.

Le chasseur et ses proies

En bon trappeur, Taylor traque trois jeunes touristes comme du gibier dans l’Outback. Sorte d’incarnation de toutes les menaces plausibles dans ce paysage désertique, le tueur semble inépuisable, inarrêtable, et d’une force surhumaine, à la manière d’un Jason Voorhees ou d’un Michael Myers. À ceci près que sa verve le rapproche davantage d’un Freddy Krueger, sans pour autant l’instaurer comme un tueur de slasher par définition irréaliste. Car, dans une tactique habile qui transcende son faible budget, WOLF CREEK retient les attaques de son tueur et prend le temps de placer ses protagonistes dans ce contexte hostile.

Le film s’ouvre sur la virée enthousiaste des trois randonneurs dans l’Outback. Et malgré l’émerveillement des deux Américaines, guidées par un citadin de Sydney, nos jeunes touristes apparaissent bien vulnérables dans le cadre, comme noyés dans l’immensité du désert aride. Un espace ouvert, d’où le danger peut survenir de chaque côté. Pourtant, WOLF CREEK nous prend à revers. Puisque loin d’attaquer par surprise, notre psychopathe vient en premier lieu porter secours aux touristes, une fois leur véhicule tombé en panne. S’ensuit une montée en puissance progressive, jusqu’à une course-poursuite effrénée.

Final Boy

Toujours surprenant, jamais décevant, WOLF CREEK apporte également dans son dernier tiers la satisfaction d’inverser les rôles. En effet, alors que le spectateur envisage une première final girl, puis une seconde, le film choisit finalement de laisser la vie sauve à leur compagnon de route masculin. Lequel se retrouve dans une posture de victime traumatisée, pas si rare dans le cinéma australien, mais d’autant plus marquante après le chassé-croisé des victimes féminines. Cependant, ce renversement sert avant tout à marquer le fossé entre le bobo citadin et le trappeur de l’Outback, dimension sociétale propre au survival.

Huit ans plus tard, Greg McLean fera renaître son bogan sanguinaire dans WOLF CREEK 2 avec un budget légèrement plus conséquent. En résulte un sequel en tout point décomplexé, et bien plus spectaculaire que son prédécesseur. Or, si l’on apprécie le panache et l’évolution visible du réalisateur entre les deux métrages, WOLF CREEK premier du nom conserve une saveur toute particulière. Parfois hasardeux, il trouve son intérêt dans son exécution, d’une justesse presque inespérée. De cette patte encore un peu immature des premières réalisations, où s’ose une provocation certes un peu facile, mais jouissive. 

Lilyy Nelson

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