EQUALS

[CRITIQUE] EQUALS

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EQUALS
. Sortie : 20 octobre 2016 (DVD, Blu-ray et VOD)
. Réalisation :Drake Doremus
. Acteurs principaux :Kristen Stewart, Nicholas Hoult et Guy Pearde
. Durée : 1h42min
Note des lecteurs2 Notes
3
Note du rédacteur

L’amour est un poison violent, non pas parce qu’il nous fait oublier qui nous sommes, mais au contraire parce qu’il nous le rappelle, et parfois nous apprend qu’elle est notre nature profonde. Frappant sans merci en rendant obsolète tout refuge moral, l’amour qui anime EQUALS renverra les spectateurs les plus aguerris vers la flamboyance de leurs premières épreuves sentimentales, et parlera aussi bien aux plus jeunes qui reconnaîtront dans la trajectoire initiatique des protagonistes, une description de l’expérience qui est en train de forger leur sensibilité.

En devinant la volonté de Drake Doremus de toucher de jeunes spectateurs, on comprend que son film soit porté par des acteurs populaires auprès de ce public, à savoir Nicholas Hoult (Warm Bodies, Mad Max Fury Road et la saga X-Men) et Kristen Stewart (Sils Maria, Blanche-Neige et le chasseur et la saga Twilight). Puis une fois que l’on a dépassé cet argument commercial, on constate que non seulement nos deux acteurs principaux font preuve d’une implication des plus convaincantes, et que cette implication est servie par une mise en scène pertinente. Puisque l’histoire s’inscrit dans une lignée de récits dystopiques d’abord initiée en littérature par des auteurs tel Aldous Huxley, Ira Levin et George Orwell, il s’agissait avant tout pour le cinéaste d’établir des choix de réalisation, servant justement la représentation de cet univers science-fictionnel. Au spectaculaire, le réalisateur a préféré la subtilité d’une narration par l’image qui opère une évolution, une progression sensible figurant l’accomplissement émotionnel du couple Silas/Nia.

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Dans les premières scènes décrivant son quotidien, Silas est excentré, placé dans le coin de chaque cadre où le décor prend trop de place. Et il faut attendre qu’il s’avoue ses émotions pour qu’il trouve sa place au centre du cadre et de l’attention des spectateurs, que des gros plans permettent de laisser apparaître des nuances d’émotions dans son regard. Parallèlement à cette promotion du protagoniste, la photographie évolue également dans sa représentation du décor, dont on distingue nettement l’épure et le caractère ordonné, avant qu’un travail intéressant sur les flous et les lumières retranscrive progressivement la perte des repères des amoureux, puis leur volonté à s’extraire de leur environnement aliénant.

On aurait pu s’attendre à ce que Doremus et son chef opérateur John Guleserian choisissent d’accentuer le caractère impersonnel et froid du décor, en misant sur le blanc et ses déclinaisons blafardes. Mais leur choix s’est au contraire porté sur une ambiance ouatée, presque confortable pour contrebalancer avec l’absence de chaleur des lieux. Au final, l’image n’est ni radicalement froide, ni sincèrement chaude, elle donne l’impression d’une absence de température. La cohérence du film va jusqu’à l’évolution de la musique, dont on ne perçoit au début qu’une nappe bruitiste, plus proche du sound design que de l’illustration, jusqu’à ce que les émois du couple se manifestent enfin et permettent la naissance de compositions plus sophistiquées, qui délivrent leurs mélodies subtiles à qui sait s’y montrer sensible.

« Equals exprime un romantisme éperdu, dont le ressenti par ses personnages est communicatif.»

Visuellement, le travail du réalisateur sert donc le schéma classique du récit dystopique, où les initiatives personnelles des protagonistes sont des tentatives pour reconquérir leur humanité perdue. Et on peut s’amuser à trouver tout au long du film les références aux chefs-d’œuvres passés, qui prouvent que Doremus et son coscénariste Nathan Parker ont assimilé puis synthétisé ici le genre. Par exemple, la scène de la projection publique où Silas est davantage captivé par Nia, assise quelques rangs devant lui, que par la retransmission d’une mission spatiale, est un hommage évident à l’adaptation de 1984 par Michael Radford, et plus précisément à sa séquence d’ouverture, où au milieu de la foule d’un meeting politique, Winston, le personnage principal, n’a d’yeux que pour Julia.

Mais l’approche du cinéaste s’éloigne de ses modèles littéraires et cinématographiques, quand il s’agit de faire part de sa propre vision de la nature humaine, bienveillante et lumineuse. Aussi, l’environnement affectif des héros s’enrichit des personnages auxiliaires de Bess et de Jonas, portant ainsi l’idée que l’amour fait également renaître la compassion, la solidarité et l’amitié. Un Roméo et Juliette optimiste, un Equilibrium subtil, un 1984 adolescent…on pourrait trouver bien des slogans à EQUALS. Toujours est-il que le film exprime un romantisme éperdu, dont le ressenti par ses personnages est communicatif.

Arkham

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