The End
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[CRITIQUE E-CINÉMA] THE END

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Technique
6
Mise en scène
4
Écriture
2
Expérience
8
Bande son
5
Note des lecteurs2 Notes
6.9
5

L’e-Cinéma, un nom bien compliqué pour donner un minimum de légitimité à une sortie directement en VOD – jusqu’ici, c’était un mode de diffusion qui semblait réservé aux films anglophones pas assez prestigieux pour se permettre le grand écran, mais ces derniers mois ont vu apparaître une tendance nouvelle. Outre les films originaux Netflix, ce fut tout d’abord l’inégal Made in France de Nicolas Boukhrief qui, pour des raisons autant politiques que sécuritaires, dû se contenter d’une sortie en ligne en janvier – le cas de THE END de Guillaume Nicloux est cependant un peu différent. Cinéaste français majeur de ces dernières années, présent d’ailleurs à Cannes en sélection officielle l’an dernier avec son excellent Valley of Love, le metteur en scène n’a jamais eu peur de s’essayer à la télévision : il réalisera par exemple le remarqué L’Enlèvement de Michel Houellebecq, diffusé sur Arte en 2014. La démarche de THE END est en fait assez proche de celle de ces téléfilms : conçu dès le départ pour une sortie en VOD, il est tourné et produit dans cette optique, en un temps record et sans annonce, juste après Valley of Love.

Si l’on retient principalement ce mode de diffusion inédit comme la grande originalité de THE END, ce serait pourtant réduire ce drôle de film à un simple produit marketing. Sans évoquer les qualités intrinsèques du long-métrage, on peut pourtant s’interroger dans un premier temps sur un point important : pourquoi, de toutes les possibilités artistiques possibles et imaginables, avoir choisi ce THE END pour être le pionnier du Direct-to-VOD. Puisque c’est bel et bien un choix : les producteurs l’assument et le répètent, et puis il est évident qu’aucun exploitant Art & Essai ne cracherait sur le nouveau Nicloux. Pourquoi après tout ? Ce qui peut faire douter de la viabilité de ce choix, c’est que de tous les récentes réalisations de Nicloux, THE END est sans aucun doute possible la plus expérimentale, la plus sensitive, la plus brutale. D’un côté, on peut comprendre les libertés laissées possibles par cette sortie intimiste, de l’autre on se dit aussi que l’expérience aurait été tout autre dans une salle de cinéma.

Photo du film THE END
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THE END est en effet une expérience, et il est difficile d’être objectif sur une expérience. Certains tomberont en admiration devant ce délire métaphysique situé quelque part entre Van Sant, Tarkovski et Weerasethakul, d’autres seront pris de malaise devant cette débauche d’effets ringards et usés. Il faut dire que THE END ne fait pas dans la dentelle : la bande sonore, composée par Gaspar Noé (oui, ce Gaspar Noé) pour l’occasion, est une succession de sons et de bruits plus abstraits les uns que les autres. La démarche de Nicloux semble d’ailleurs relativement similaire à celle du réalisateur de Love : si leurs styles sont différents, il s’agit d’avantage de créer une atmosphère, une émotion, plutôt qu’une histoire.

« Le charme est là. Manque probablement l’ambition. »

Errance cryptique abstraite, philosophique et sensorielle à l’écriture minimaliste, THE END aurait pu miser énormément sur sa mise en scène. Malheureusement, faute peut-être de préparation, Nicloux livre le minimum syndical : peu d’idées, pas de génie, malgré la relative maîtrise technique de l’ensemble – cela pour souligner encore une fois les ambitions très sèches du long-métrage, qui ne s’essaie même pas à l’esthétique ou à une certaine sémantique du cadre, se cantonnant à une austérité visuelle et scénaristique totale. Depardieu, au milieu de tout cela, n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent – grognements et jurons, c’est à peu près tout.
Film fondamentalement bancal, THE END, s’il était sorti en salles, aurait fait parler de lui. Il y a tout, du parti pris créatif radical aux décisions risqués – on ne peut pas le nier : le charme est là. Manque probablement l’ambition, tant on sent que tout ceci a été produit et réalisé à la va-vite histoire de faire marcher MyTF1. On aurait aimé que Nicloux se penche davantage sur cet objet singulier, même si on est en droit de douter de sa sincérité. Dans tous les cas, on l’aura vite oublié.

KamaradeFifien

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

[divider]INFORMATIONS[/divider]

[column size=one_half position=first ]Affiche du film THE END[/column][column size=one_half position=last ]

Réalisation : Guillaume Nicloux
Scénario : Guillaume Nicloux
Acteurs principaux : Gérard Depardieu, Audrey Bonnet, Swann Arlaud
Pays d’origine : France
Sortie : 8 avril 2016 en e-Cinéma
Durée : 1h25min
Distributeur : Sylvie Pialat en e-Cinéma
Synopsis : Un homme part chasser dans une forêt qu’il croyait connaître. Mais son chien s’enfuit puis son fusil disparaît. Alors qu’il se perd, une atmosphère hostile et étrange s’installe…

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