[dropcap size=small]N[/dropcap]e pas tomber dans la pâle copie. Voilà, à mon sens, le difficile principal exercice d’une suite. Ne pas singer l’original. Alors ne vous inquiétez pas, aucune mise en scène théâtrale pour la critique de cette deuxième saison de la série Orphan Black. Éviter les références lourdes dissimulées sous une fausse légèreté prétentieuse s’enorgueillissant d’être maligne peut être aussi une bonne idée. Evidemment avec ma première phrase je pars donc sur les chapeaux de roues : #Clônes #JeuxDeMotsPourris #BonneAmbiance. Youhou, qu’est-ce qu’on se marre.
Nous sommes donc hilares et sur le point de débuter cette chronique. Cependant, ne pas mettre en scène explicitement les différents aspects de ma personnalité ne veut pas dire que les nombreux colocataires de mon esprit ont disparus. Non, loin de là malheureusement. Disons simplement que l’on va essayer d’organiser un peu cette hystérie et recentrer le propos à la différence de la critique d’ORPHAN BLACK – Saison 1. Le tout en faisant bien entendu cohabiter les différentes idées.
La première constatation bondissante aux orbites est l’aspect plus calme, reposé et centré dont jouit cette deuxième saison. Moins tape à l’oeil et misant moins sur l’action clipesque, la série gagne en épaisseur et en narration. L’intensité est donc désormais beaucoup plus due aux rebondissements liés à l’intrigue qu’à l’action pure et dure surfant sur le cliffhanger. L’histoire se développe gentiment, patiemment et créée un réseau d’intrigue complexe, multiple et ordonné.
Cela rejoint alors une de mes premières critiques que j’avais pu adresser à la première saison : survoler l’aspect scientifique. Et par aspect scientifique, j’entends un aspect scientifique global. Aussi bien purement technique que déontologique et moral par extension. Cette fois-ci, la saison, en relayant donc l’action, s’intéresse de plus près à l’aspect intellectuel. Notamment l’aspect éthique. On est face alors à plusieurs enjeux qui posent de réelles questions. Le plus de cette saison est un élargissement même au domaine de la religion. Ainsi, l’intrication entre humanité, conception et religion, qui a toujours fait débat, est au coeur des épisodes qui se succèdent.
Cependant, la série n’a tout de même pas radicalement changé de style. Je veux ici rassurer les fans. La série ne baigne en effet pas non plus dans la plus pure épistémologie. On retrouve toujours les différents éléments qui font le charme de cette série plus que sympathique à suivre : une série agréable, rythmée, sans prise de tête.
Au premier rang, on retrouve le plaisir de voir la belle Tatiana Maslany s’amuser autant qu’avant à se déguiser. Même, on retrouve surtout la joie de se laisser sidérer par le talent avec lequel elle arrive à nous faire illusion que ce n’est vraiment pas la même actrice sous les masques. Son talent est toujours aussi flagrant et son jeu encore plus fin qu’avant. Toujours aussi bluffante en geek, en femme au foyer…
Et, évidemment, de cet artifice était né un ressort comique. Notamment avec sa partition de « desperate housewife » que l’on retrouve encore au cours de cette saison. La série sait en effet alterner avec toujours autant de talent les sujets lourds avec les moments légers. Mention spéciale (encore et toujours) au fragment de la femme mariée et ses péripéties banlieusardes de lotissement.
”En somme, cette saison deux prolonge, modifie et reste en accord. Une totale schizophrénique contradiction mais qui va finalement de pair avec le thème de la série.”
Élément moteur mais pourtant secondaire, Félix, demi-frère gay est toujours là et est toujours aussi irrésistible. Toujours aussi drôle, désinvolte et acteur important, sa présence est encore essentielle en plus d’être à la fois atypique mais dans le thème si hétéroclite de la série. Élargissons alors à tous les seconds rôles de cette saison qui sont tous dans le ton et participent à une palette de caractère toujours plus intense et intéressante.
Mais les seconds rôles sont aussi un point négatif. Bémol quant à leur nombre, cela participe quelque fois à un imbroglio total. Ajoutez en plus des rebondissements à ne plus finir sur leur réelle identité, et vous avez tout de même parfois l’impression de nager dans une soupe mal accordée. Plus globalement, le gros point négatif est cette impression de confusion générale. Toutes les intentions scénaristiques sont bonnes, mais finalement, pas assez bien exploitées ou affinées.
En somme, cette saison deux prolonge, modifie et reste en accord. Une totale schizophrénique contradiction mais qui va finalement de pair avec le thème de la série.
[divider]CASTING[/divider]
• Saisons : 2• Nombre d’épisodes : 10
• Format : 42 minutes
• Date de 1ère diffusion US : 19 Avril 2014 (SPACE/BBC AMERICA)
• Création : Graeme Manson, John Fawcett
• Avec Tatiana Maslany, Jordan Gavaris
• Synopsis : Sarah, une marginale orpheline éduquée dans la rue, revient à Toronto après avoir disparu pendant 10 mois. A la gare, elle est témoin du suicide d’une femme qui lui ressemble beaucoup, et décide de prendre son identité. Elle va alors se frotter à un univers mystérieux, et se rendre compte que les deux femmes sont toutes deux des clones, qu’il en existe d’autres, et qu’un assassin essaie de les tuer, une à une, pendant qu’une organisation essaie de surveiller ces clones, mais pour en faire quoi ?
[divider]BANDE-ANNONCE[/divider]