Attendue comme le Messie par les fans, la série STAR WARS : OBI-WAN KENOBI est enfin disponible sur Disney+. Si le plaisir de retrouver Ewan McGregor sous les traits du célèbre Jedi est bien réel, les trois premiers épisodes ne justifient jamais l’utilité de ce nouveau récit. Bilan à mi-parcours.
Dix années se sont écoulés suite à la chute de la République et la victoire de l’Empire. Ancien Jedi de renom, désormais ermite caché sur Tatooine, Obi-wan Kenobi s’acquitte de sa mission : surveiller Luke Skywalker, promis à un avenir légendaire. Voici à peu près tout ce que nous savions à propos de cette période sombre de la chronologie Star Wars, située entre La Revanche des Sith et Un Nouvel Espoir. Longtemps fantasmée par ses fans, la nouvelle série Disney avait la lourde tâche de recréer une authentique mythologie autour d’un héros dont le potentiel fictionnel avait déjà été poncé jusqu’à la moelle. Il ressort sans surprise des trois premiers épisodes un patchwork ésotérique et vain, absolument dispensable.
La première séquence laissait pourtant entrevoir une lueur d’espoir. Alors que l’ordre 66 a été lancé par le dictateur Palpatine, des Jedi s’enfuient d’un temple dans un plan séquence à l’image de nos attentes formées par nos plongées dans l’univers Star Wars : la résurgence d’une flamme épique au cœur de sibyllines réflexions métaphysiques, la lutte perpétuelle entre ombre et lumière autour de la Force, au détour de nombreuses planètes ou autres créatures. Malheureusement, aucun de ces précieux ingrédients ne parvient à alimenter un scénario bien pauvre. Pas une fois ne jaillit de ces trois premiers épisodes la puissance ou même l’essence de ce qui rendait plaisante la seconde trilogie, dans laquelle McGregor excellait.
Le temps a passé, et si l’acteur anglais excellait en cabotin blagueur, casse-cou ressortant vainqueur de tous les dangers, il n’est ici plus que l’ombre de lui-même. Certes, son personnage a connu pertes et désillusions. En proie aux tourments, il est légitime d’insister sur la psyché singulière de ce héros disloqué. Toutefois, Kenobi est davantage spectateur qu’actant lors des trois épisodes où il subit plus qu’il n’entreprend. Surtout, la lutte ambiguë qu’il entreprend avec son ancien apprenti passé du côté obscur devient la pierre angulaire du récit, là où on aurait préféré découvrir de nouvelles expérimentations de la Force (le dialogue avec Qui-Gon, pilier narratif de la trilogie, se résume ici en trois répliques énoncées en voix-off). Ainsi, nombre de rebondissements déterminants sont annihilés et relégués en périphérie de la promesse d’un nouvel affrontement épique entre Anakin et Obi-wan.
Lorsque celui-ci voit finalement le jour, on en vient à regretter les deux combats filmés par George Lucas, dans les épisodes trois et quatre de la saga. Animé par une musique terne, reflet d’un manque considérable de moyens et d’ambitions, un Vador muet et viscéral y distribue des coups dénués de conviction, avant de se voir arrêté par des braises. Un comble pour celui qui est reconnu comme l’un des plus grands antagonistes de l’histoire de la fiction.
Au vu du résultat désastreux sur toute la ligne de ces trois premiers opus, on se dit que Disney a définitivement eu tort de céder aux sirènes du fan-service. La figure éponyme peut s’estimer insultée par la façon dont cette série tente de lui rendre hommage. Quelques références directes à la prélogie laissent toutefois présager de potentiels flux narratifs plus exaltants que de longues promenades dans le désert. Le reste n’est qu’ un tourbillon difforme et anecdotique, éteignant tout soupçon de souffle épique. Définitivement, la force n’est plus avec Obi-Wan Kenobi.
Emeric
• Créateur.rice.s : Deborah Chow Réalisatrice : Deborah Chow
• Acteurs : Ewan McGregor, Moses Ingram, Viven Lyra Blair, Sung Kang
• Date de sortie : Mai 2022
• Durée des épisodes : 42 minutes