Robert Zemeckis revient derrière la caméra pour un film en prises de vues réelles : c’est déjà un évènement en soi.
En effet, 13 ans après Seul au Monde et après des expériences en animation plus ou moins réussies, le réalisateur de Forrest Gump, de Contact mais également de Retour Vers Le Futur, revient avec un drame rappelant l’histoire vraie d’un pilote canadien qui malgré un atterrissage héroïque en 2001 sauvant des centaines de passagers avait été traîné dans la boue médiatiquement pour son passé trouble lié à la drogue ou encore un crash bien plus meurtrier en Alaska un an auparavant.
Avec Flight, le réalisateur nous propose un film de haut vol (pardonnez le jeu de mots facile) mais souffrant parfois d’écueils un peu gênants empêchant ce long-métrage d’être un réel chef d’œuvre. Dès la première demi-heure, tout le talent possible dans la réalisation d’une séquence de crash d’avion est de mise. A absolument déconseiller aux phobiques du transport aérien, cette partie du film est absolument magistrale ! En effet, la tension monte crescendo et on partage totalement le malaise de l’équipage de cet avion au destin à la fois funeste et miraculeux. Traduisant à la fois l’héroïsme des pilotes et hôtesses comme leur globale impuissance, c’est sans nul doute le meilleur moment du film en terme d’émotions.
Flight ne plaira pas aux aviophobes, c’est évident. En revanche, les amateurs de films dramatiques aux qualités certaines seront aux anges malgré quelques loupés en terme de rythme et de penchants théologiques.
C’est sans doute ce coup d’éclat cinématographique dont souffrira la suite du film qui finira par faire subir la mise en place du réel drame raconté comme des séquences un peu trop longues et lentes. En réalité, la descente aux enfers de ce pilote passant d’une existence rock n’roll remplie de sexe, d’alcool et de coke (la très bonne bande son y est tout à fait adaptée d’ailleurs) à une solitude et une mise au pilori pour les mêmes ingrédients, est extrêmement bien portée par un Denzel Washington en très grande forme, offrant une palette d’émotions et de jeu assez étonnante. C’est plus le décalage entre l’action de la séquence de crash et le calme plus introspectif du reste du film qui donne l’impression de longueur, car Flight reste prenant du début à la fin et désamorçant souvent les moments trop lourds émotionnellement par des passages plus humoristiques souvent liés aux apparitions remarquables de John Goodman.
Exceptionnel en dealer totalement barré, l’acteur fait à nouveau preuve de ses qualités majeures dans le genre de la comédie en étant une soupape de sécurité bienvenue tout au long du film. Plus discutable en revanche est l’autre issue de secours que propose le long-métrage à certains de ses protagonistes avec un discours religieux parfois beaucoup trop présent. L’analogie avec la nécessité de rédemption du personnage principal est évident mais souvent appuyé avec un trait beaucoup trop grossier. Un mot enfin sur Kelly Reilly, la Mme Watson du dernier Sherlock Holmes avec Robert Downey Jr : elle apporte une touche de douceur dans ce film finalement assez dur et est un contrepoids attendrissant au penchant autodestructeur du pilote Whip Whitaker, sans pour autant voir le film sombrer dans un mielleux inapproprié.
Flight ne plaira pas aux aviophobes, c’est évident. En revanche, les amateurs de films dramatiques aux qualités certaines seront aux anges malgré quelques loupés en terme de rythme et de penchants théologiques.
Éric