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Crédits : Warner Bros

DON’T WORRY DARLING, magnifique (et écœurant) tableau cinématographique – Critique

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Une — ou plusieurs — partie(s) de cet article parle de l’intrigue et en dévoile certains aspects. Il est donc vivement conseillé d’avoir vu le film avant de le lire. On vous a prévenu !

Faire autant de pub pour un film moyen, voilà le cahier des charges de l’industrie du cinéma. DON’T WORRY DARLING de Olivia Wilde aurait pu être abouti, mais aurait aussi pu être à mourir d’ennui. Heureusement, il y avait quelques références et Florence Pugh. Et Chris Pine.

Dans sa jolie robe en-dessous des genoux et ses ballerines toutes plates, Alice a préparé le dîner à Jack. Un rôti, de la purée de pomme de terre et quelques tomates farcies. Juste avant, elle a frotté la baignoire, astiqué les vitres et papoté avec ses voisines. Quelques jours plus tard, elle a vu sa voisine se trancher la gorge. Puis elle a été mise sous traitement par son médecin douteux. Non, ce n’est pas un mauvais épisode de Desperate Housewives, c’est DON’T WORRY DARLING, signé Olivia Wilde.

The Truman Show au pays des Merveilles

Puisque de nos jours, plus rien ne semble inspirer les réalisateurs mise à part la nostalgie, Olivia Wilde a usé de sa propre liste de films préférés pour composer la cacophonie de DON’T WORRY DARLING. Derrière une direction artistique somptueuse qui utilise les mêmes codes couleurs que Midsommar, et une BO magnifiquement amenée comme a l’habitude de le faire Jordan Peele, on retrouve un mélange presque vomitif de ce qu’on a fait de mieux en termes de thriller psychologique.

Comme dans The Truman Show, Alice Chambers est coincée dans une pseudo-réalité dont elle ignore complètement l’existence. Elle n’a pas conscience que sa vie parfaitement chorégraphiée n’est qu’une imposture dirigée par un gourou qui a soif de beauté. Mais comme dans Midsommar, le personnage principal n’est pas coincé dans une jolie résidence champêtre et fleurie, mais dans une secte absolument dystopique. Comme dans The Stepford Wives toutes les femmes sont parfaites et tous les hommes sont heureux. En fait, un peu comme à Chris dans Get Out, on a promis à Alice un séjour sympa, dans un endroit où tout le monde est gentil. Puis quand elle comprend les plans des méchants, on cherche étrangement à la neutraliser.

Si dans Le Village, les habitants ont peur de la force maléfique qui sévit au delà de leurs murs, les habitants de Victory sont conditionnés par Frank à avoir peur de la société. Il leur est d’ailleurs interdit de s’aventurer en dehors du périmètre. Mais comme Lucius, Alice va désobéir et impacter l’avenir de la communauté.

Avec un œil tiré par une machine comme dans Orange Mécanique, Alice est en fait piégée dans le pays des merveilles de son petit-ami. Un looser qui n’a pas eu d’autre choix pour soigner sa petite vie minable que de coincer lui et sa moitié dans un univers imaginaire. La seule façon pour Alice de s’en sortir, c’est de coller ses mains sur le miroir du QG. Comme Alice dans Alice au pays des merveilles, Alice a une meilleure amie : Bunny. Elle n’est pas toujours très douce avec elle, mais au final, elle ne veut que son bien. Et elle lui sauve la mise. Comme le lapin et son horloge dans le conte de Lewis Carroll. Pour les non-bilingues, Bunny veut d’ailleurs dire « lapine » en français. Une fois qu’Alice a compris le fonctionnement de la matrice dans laquelle elle se trouve, elle devient aussi maligne que Neo dans Matrix ou Dom Cobb dans Inception pour s’en sortir. Juste avant de passer de l’autre côté du miroir, Alice est pourchassée par des hommes de mains ridiculement inspirés de Squid Game (???).

Si Florence Pugh n’avait pas été là

Olivia Wilde maitrise la beauté, c’est vrai. Il faut saluer l’effort artistique, mais l’écriture ressemble plus à un brouillon qu’on a oublié de mettre au propre. La mise en place de l’intrigue commençait à merveille. Il y avait des détails, de la description, du temps pour se placer dans le décor. Même si, plus personnellement, Alice s’est méfiée du paradis de Frank un peu trop tôt. Alors que le plot twist, lui, est arrivé bien trop tard. Après avoir passé 1h45 à comprendre que le personnage de Chris Pine est un malade qui va torturer Alice pour le restant de ses jours, Truman fait son show. Victory est en fait un monde inventé et parfaitement programmé. Alice est piégée dans une sorte de machine. Il nous reste alors 20 minutes à tout casser pour comprendre comment on en est arrivé là. Après une course poursuite qui ferait pâlir Vin Diesel, Alice finit par s’en sortir. Du moins, on le devine. Une fois qu’elle a touché le miroir, l’écran devient noir. On entend alors un soupir, comme quelqu’un qui se réveille. On suppose qu’elle est sortie de la matrice, et qu’elle a survécu. Et générique de fin. Oui, la fin est bâclée, et c’est particulièrement décevant quand on sait qu’Olivia Wilde aurait pu aller bien plus loin dans sa démarche.

Parce que l’idée est là, elle est bonne, frôlant presque le génie. Bien qu’un peu écœurante, avec toutes ces références de films. Mais elle avait un diamant qu’elle a transformé en gros caillou. Elle a illustré un monde mené par le patriarcat et tellement machiste, dans le but de dénoncer l’inégalité homme-femme, d’une certaine façon. Wilde a voulu produire un film féministe. C’est un oui. Mais c’est non quand on sait que, selon les rumeurs, Harry Styles a été hautement mieux rémunéré que Florence Pugh.

Sauf que sans elle, sans Florence Pugh, DON’T WORRY DARLING aurait perdu sa saveur. Nul besoin de répéter que sa performance est sans égal. Elle joue avec un naturel perturbant, sans jamais se perdre dans la dramaturgie. Contrairement à Harry Styles, qui fait l’affaire comme figurant, mais est tout sauf crédible quand il s’énerve. Surjouer, ce n’est pas jouer. Il fallait prendre exemple sur Chris Pine, aka Frank. Le rôle du gourou de secte lui va à merveille, et parfois, être de marbre vaut mieux que des haussements de sourcils et des mouvements de bouches indescriptibles.

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Crédits : Warner Bros

Cécile Fischer

Note des lecteurs16 Notes
Titre original : Dont' Worry Darling
Réalisation : Olivia Wilde
Scénario : Katie Silberman
Acteurs principaux : Florence Pugh, Harry Styles, Chris Pine
Date de sortie : 21 septembre 2022
Durée : 2h03min
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Rédactrice

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Note finale

  1. « l’écriture ressemble plus à un brouillon qu’on a oublié de mettre au propre  » attend quoi ? Superbe film et le scénario est impeccable.

      1. Bonjour Olivier,
        Depuis le message de Constance, nous avons aposé un bandeau en haut d’article stipulant de possibles spoilers. Vous êtes donc clairement averti !