Photo du film EVIL DEAD RISE
Crédits : Warner Bros. Entertainment Inc.

EVIL DEAD RISE, la tronçonneuse en berne – Critique

Deadites take Hollywood? On aurait bien aimé. Malheureusement, du nouveau décor apposé à la franchise, EVIL DEAD RISE ne fait rien et s’embourbe dans un scénario trop complexe pour ses ambitions, au point d’en oublier de s’imposer comme un nouvel épisode de la saga Evil Dead.

Photo du film EVIL DEAD RISE
Crédits : Warner Bros. Entertainment Inc.

She-Ash

La saga Evil Dead s’était achevée comme un crève-cœur avec l’épisode final de la série Ash VS Evil Dead en 2018. Produit et créé par Sam Raimi, avec Bruce Campbell dans son éternel rôle-titre de Ash Williams, le show télé avait tant conquis les fans, qu’on en avait presque oublié le remake de Fede Alvarez, sorti en 2013. Pourtant, à la revoyure, ce dernier métrage n’avait rien de honteux – à ceci près qu’il privilégiait les aspects horrifiques de son matériau d’origine, mais en négligeait la teneur comique… Pourtant partie intégrante du charme de la franchise. Il se défendait néanmoins par une mise en scène assez réussie et une résolution surprenante, bien que peu subtile. Nonobstant, qui attend d’Evil Dead la moindre subtilité ? Personne.

Personne. Or, EVIL DEAD RISE fait étrangement le choix de s’attacher à un scénario pompeux sur la féminité, la maternité et même, l’avortement. Malheureusement, le talent d’écriture ne suit pas et le propos s’engage dès lors sur une pente savonneuse, dont on ignore l’intention première. Espérons que l’interprétation pro-life soit un malentendu… Car, en soi, si elles se révèlent assez mal exécutées, certaines idées trouvent tout de même une résonance chez le spectateur et mériteraient d’être davantage creusées. Comme dans le remake, c’est une femme qui, à nouveau, endosse la (robe-)chemise d’Ash. Comme Ash, elle pourrait vriller, se taper la tête contre les murs, devenir excessivement badass… Malheureusement, elle ne l’est que dans un final rushé où elle se saisit d’une tronçonneuse pour remplir le cahier des charges imposé.

Photo du film EVIL DEAD RISE
Crédits : Warner Bros. Entertainment Inc.

Trop et pas assez

La comparaison est douloureuse. Certes. Malheureusement, EVIL DEAD RISE se raccroche à une franchise et, en ce sens, crée forcément des attentes. Il pourrait être le sympathique film d’horreur d’un jeune réalisateur prometteur. Et effectivement, il en détient – par certains aspects – tout le potentiel. Sur le plan visuel, le film se défend, et même plutôt bien. S’il fait un usage beaucoup trop intense de la shaky cam et de la double bonnette, nul doute que ces procédés sont parfaitement maîtrisés. De même que la direction artistique parvient à transposer l’univers crasseux et moite de la cabane au fond des bois à l’intérieur d’un immeuble vétuste de Los Angeles.

À ce propos, les premiers visuels d’EVIL DEAD RISE nous avaient laissé croire à une possible invasion des deadites (humains possédés propres à la saga) dans la Cité des anges. Ou, du moins, à un usage particulier de l’architecture des buildings américains, comme avaient pu s’y hasarder Démons 2 de Lamberto Bava en 1986, voire même Poltergeist 3 de Gary Sherman en 1988. Un concept intéressant sur le papier, trop peu exploité dans le résultat final. Car le film nous renvoie encore une fois à un hui clos, où les monstres restent poliment à la porte de l’appartement durant une grande partie du récit. L’occasion d’user de plans en fish-eye par le judas, offrant une vue particulière et bienvenue sur une mère en prise avec l’entité démoniaque.

Photo du film EVIL DEAD RISE
Crédits : Warner Bros. Entertainment Inc.

Trop fade pour sa franchise

Car EVIL DEAD RISE prend place au sein d’une famille monoparentale, où une mère et ses trois enfants sont rejoints par leur tante, alors enceinte de quelques semaines. Un bon point pour le film, car les liens familiaux ont toujours tenu une place particulière dans la saga, bien que peu explorés. Ash perd notamment sa sœur dans le premier et le deuxième volet de la trilogie originale, puis entretient une relation conflictuelle avec son père dans la série, où il fait lui-même l’expérience de la paternité. Un thème en suspens depuis de nombreuses années, qu’il était intéressant d’approfondir. Toutefois, s’il était anecdotique précédemment, c’était bien pour laisser davantage d’espace à la dimension horrifique de la franchise.

Et c’est là que le bât blesse. Les films et la série Evil Dead se distinguent par des effets gores grandiloquents où Ash voit le sang gicler sur tout son visage lorsqu’il se scie lui-même la main à la tronçonneuse. Où un enfant est empalé dans un geste froid et cruel contre un trophée de chasse au mur. Du grandiose, du spectaculaire. De la douleur. EVIL DEAD RISE n’en est malheureusement qu’un pâle reflet. Si, par instants, il tente de torturer ses victimes avec des ustensiles décimés ça et là dans l’appartement, la caméra préfère détourner le regard, nous laissant constamment sur notre faim. La rasade sanglante finale ne rattrape décidément pas l’ensemble, qui se perd même dans un flot de références, alors qu’Evil Dead n’a jamais été une saga méta. Dispensable donc si vous espériez retrouver l’âme des précédents.

Lilyy Nelson

Paul : Un ton encore plus sérieux que le remake d’Alvarez de 2013, une réalisation inspirée, un niveau de gore rarement atteint, EVIL DEAD RISE est un film d’horreur plutôt efficace. En tant que remake, le film de Lee Cronin n’apporte par contre pas grand chose à la saga, se perdant dans ses références et son manque d'écriture.
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evil dead rise affiche - EVIL DEAD RISE, la tronçonneuse en berne - Critique
Titre original : EVIL DEAD RISE
Réalisation : Lee Cronin
Scénario : Lee Cronin
Acteurs principaux : Lily Sullivan, Alyssa Sutherland, Morgan Davies
Date de sortie : 19 avril 2023
Durée : 1h37min
2
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