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Photo du film LA NUÉE
Crédits : The Jokers / Capricci

LA NUÉE, en reconquête du genre – Critique

Sélectionné à Cannes en 2020, maintes fois repoussé… Le drame horrifique de Just Philippot a finalement pu sortir en salles ce mercredi 16 juin. Et dès le premier visionnage, on ne peut nier que LA NUÉE fait figure de jolie réussite pour le cinéma de genre français.

Le genre bénéficie décidément d’un nouveau regain d’intérêt en France. Dans le sillage d’un Xavier Gens ou d’un Alexandre Aja, Julia Ducournau ou Mathieu Turi assurent une relève brillante avec des projets aussi sublimes que radicaux, à l’image de Grave et Méandre. Aussi, le CNC a décidé de rendre possibles un certain nombre de ces projets en débloquant une aide à leur financement. Ainsi, Just Philippot a pu débuter le tournage de son premier film, LA NUÉE. Un long-métrage comme il est trop rare d’en voir en France et comme on aimerait en voir davantage.

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Crédits : The Jokers / Capricci

LA NUÉE use du fantastique et de l’épouvante dans un milieu somme toute ordinaire. Et ce, afin de tisser une métaphore de la société de consommation. Virginie, incarnée par une Suliane Brahim éprouvée et éprouvante, tente désespérément de faire fructifier son élevage de sauterelles. Muée par des idéaux écologiques, elle souhaite développer ce qu’elle estime être la nourriture de demain. Épuisée dès les premières minutes du film, elle ne nous est jamais particulièrement sympathique. Car nous l’observons déjà par le prisme de cette activité professionnelle qui la dévore.

Très rapidement, les factures s’accumulent. Les deux enfants à charge pèsent comme un fardeau. Particulièrement l’adolescente, réputée – et effectivement – difficile. Or, Virginie découvre qu’il existe un moyen de faire pulluler les sauterelles qui peinent à se reproduire… Elles ont le goût du sang. Dès lors, le film déploie une esthétique très crue et établit un rapport viscéral entre la chair et ces insectes. Les sauterelles. Qui grouillent et crissent jusqu’à la fin du film. Les sauterelles. Qui dévorent symboliquement et littéralement Virginie. Scarifiée, en culotte au milieu de sa serre.

Photo du film LA NUÉE
Crédits : The Jokers / Capricci

Car l’intrigue se développe sur fond de drame personnel. Peu à peu, Virginie se fait bouffer par le système. Exit la petite exploitation écolo. Pour sortir la tête de l’eau, elle renonce à ses idéaux et se lance dans la production industrielle. Elle ne vend plus que de la farine animale aux éleveurs. Or, il faut produire. Toujours plus, et sans relâche. Y laisser à chaque fois un peu plus de son sang. Autant de sang que ces agriculteurs qui finissent par se donner la mort, criblés de dettes et vidés de tous leurs espoirs. Just Philippot livre ainsi un message politique fort, servi par une mise en scène brute et sans détours.

En effet, inspiré, le film l’est. Particulièrement dans l’horreur. Rien n’est plus étrange et inquiétant qu’une grosse tête de sauterelle, filmée en gros plan en train de téter une verrue percée. On aurait cependant aimé que LA NUÉE se concentre davantage sur cet arc. Les sous-intrigues familiales font effectivement traîner quelque peu le film en longueur. Aussi, certains plans de la conclusion souffrent d’une sous-exposition notable, rendant son final – grandiose au demeurant – parfois peu lisible. Nonobstant, malgré ces quelques défauts, LA NUÉE apparaît comme un fier représentant du genre français. Et Just Philippot comme un artiste des plus prometteurs, intégré avec les honneurs.

Lily Nelson

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la nuee affiche - LA NUÉE, en reconquête du genre - Critique
Titre original : La Nuée
Réalisation : Just Philippot
Scénario : Jérôme Genevray, Franck Victor
Acteurs principaux : Suliane Brahim, Sofian Khammes, Marie Narbonne
Date de sortie : 16 juin 2021
Durée : 1h41min
3
Remarquable

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