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Avant de réaliser la célèbre série Kingsman, Matthew Vaughn avait déjà trouvé la recette du succès avec LAYER CAKE : un film de gangster mettant en vedette le futur James Bond.
En 2004, Daniel Craig n’avait peut-être pas encore le permis de tuer mais il n’hésitait pas à prendre quelques libertés. Devant la caméra de Matthew Vaughn, l’acteur incarne un trafiquant de drogues qui se prépare à prendre sa retraite. Malheureusement, les criminels de la mafia locale ne partagent pas sa décision et décident de lui confier une dernière mission plutôt risquée.
Sur les ordres du parrain de la drogue Jimmy Price (Kenneth Cranham), Daniel Craig doit donc retrouver la fille junkie d’Eddie Temple (Michael Gambon), un puissant mafieux londonien. En parallèle, il doit également écouler un arrivage d’ecstasy qu’un criminel plutôt douteux vient de rapporter d’Amsterdam. La tâche se révèle être plus difficile que prévu pour le protagoniste, surtout quand il se rend compte que les apparences sont souvent trompeuses…
Adapté du roman de J.J. Connolly, LAYER CAKE est traversé par de multiples thématiques propres au cinéma britannique de gangster. Le pouvoir, la cupidité et l’ascension sociale sur fond de crimes et de trafic de drogues sont des sujets récurrents, notamment pour Guy Ritchie (Arnaques, Crimes et Botanique, 1998 et Snatch, 2000) qui a fait de ce genre cinématographique sa signature. Ainsi, Matthew Vaughn souhaitait initialement confier la réalisation de cette adaptation à son ami Ritchie mais ce dernier a rapidement abandonné le projet pour se concentrer sur d’autres engagements. Cette décision a conduit Matthew Vaughn à prendre position derrière la caméra pour réaliser LAYER CAKE, qui sera son premier long-métrage, avant de s’orienter vers les blockbusters (Stardust, 2007; Kick-Ass, 2010; X-Men Le Commencement, 2011; la trilogie Kingsman).
Concernant l’intrigue, celle-ci est au final assez classique. Drogues, cartels londoniens et blonde sexy,… tous les éléments sont réunis dans LAYER CAKE. Même Tom Hardy, à l’époque au début de sa carrière, y incarne Clarkie, un associé de Daniel Craig. Au final, le film a donc un rythme assez fluide voire agréable même si cela s’explique en grande partie sur le fait que la narration est plutôt prévisible. Pour autant, le long-métrage s’appuie sur la narration pour régulièrement rappeler qu’il ne faut jamais sous-estimer qui que ce soit et toujours soupçonner tout le monde. Et ce, jusqu’à la fin. Ce détail va s’ajouter au charme du film qui repose principalement sur une recette qui expliquera quelques années plus tard le succès de la série Kingsman : la classe et le ridicule. En effet, dès sa première réalisation, le cinéaste prouve qu’il sait maîtriser un humour britannique absurde, même dans les moments qui devraient être les plus dramatiques, pour le meilleur et pour le pire.
Pour son côté classe, LAYER CAKE repose principalement sur les yeux glacials de Daniel Craig dont la vie s’effondre après cette mission inattendue. Coincé dans une guerre des gangs, l’acteur se retrouve à jouer l’apprenti espion armé d’un pistolet silencieux. Bien qu’à l’époque l’interprète passait beaucoup de rencontres presse à démentir la rumeur selon laquelle il allait incarner James Bond, la légende d’IMDb raconte que c’est pourtant bien devant ce film que la productrice Barbara Broccoli a été convaincue par sa performance. Calme, réservé et calculateur, Daniel Craig montrait déjà toutes les qualités qui allaient faire de lui l’un des James Bond les plus aimés du public pour les quinze années à venir.
Néanmoins, l’histoire ne dit pas si ce sont ses ridicules imitations d’espion qui lui ont valu le rôle de 007. Il est cependant certain que LAYER CAKE a joué un rôle déterminant dans la carrière de l’acteur qui restait jusqu’alors cantonné aux apparitions comme dans Lara Croft : Tome Raider (Simon West, 2001) et Road to Perdition (Sam Mendes, 2002). Si Matthew Vaughn n’a pas révolutionné le genre du film de gangster, qui reste le sujet de prédilection de son ami Guy Ritchie, il a néanmoins réussi à trouver son style dès sa première réalisation pour un résultat léger, soigné et assurément britannique.
Sarah Cerange
• Réalisation : Matthew Vaughn
• Acteurs : Daniel Craig, Colm Meaney, Kenneth Cranham, George Harris, Sienna Miller
• Date de sortie : 1 octobre 2004