LE LOUP DE WALL STREET

LE LOUP DE WALL STREET, enthousiasmant – Critique

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Le monde de la finance et le cinéma entretiennent une relation intime. L’un et l’autre s’inspirent. Le premier souffle des scénarios au second qui, lui, crée les figures fantasmagoriques des jeunes courtiers (outre qu’ils ne vivent pas sur le même plan de réalité, Fabrice Tourre et Gordon Gekko ne paraissent-ils pas être parents ?).

Dans l’histoire de cinéma, on trouve donc de nombreux exemples tentant de percer le secret de ce monde si opaque pour le quidam : les Wall street d’Oliver Stone bien sûr, l’excellent Margin call de J.C. Chandor, Ma part du gâteau de Cédric Klapisch et pour les plus cinéphiles d’entre nous, le génial Un fauteuil pour deux de John Landis. Sauf qu’ici, Martin Scorsese officie.

Bien que LE LOUP DE WALL STREET soit le projet de Leonardo DiCaprio (achat des droits du livre, producteur, acteur principal …), le cinéaste américain parvient à apporter sa singularité. Quelle est-elle d’ailleurs ? Sa mise en scène (ex : au cours d’un plan-séquence, la caméra passe d’un bureau de verre à l’autre, du FBI aux courtiers, le tout guidé par le protagoniste en monologue regard-caméra), son utilisation de la musique, sa direction d’acteurs, ses dialogues à la tension sinusoïdale, … On lui reproche souvent son manque de recul, notamment sur ses films consacrés à la mafia, une fascination qui frise l’aveuglement moral. Scorsese est surtout un passionné de cinéma. Ses films, comme ceux de Spielberg par exemple, respirent l’extase de leur faiseur. Cette trempe de réalisateurs insuffle une telle énergie dans leurs films qu’ils valent tous le coup d’œil.

Un film enthousiasmant fait par un réalisateur enthousiaste.

Depuis la crise, le cinéma tentait sérieusement et lourdement d’apporter des éléments de réponse ou d’analyse. L’une des meilleures réalisations, Margin Call, s’occupait de la haute finance, celle qui donne le la non seulement de Wall street mais aussi, par voie conséquence, de l’économie mondiale. Cette finance-là regroupait des individus brillants, des génies non dépourvus d’un certain surmoi citoyen. Ici, dans le Loup, on suit un crétin qui ne fera que renforcer sa crétinerie au fil du film. Les courtiers y sont des jeunes « qui en veulent », plutôt moins brillants que la moyenne, simplement des contorsionnistes de l’éthique. Au départ, Jordan Belfort, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est pas antipathique, ambitieux et naïf, il mettra rapidement le doigt dans une machine à abêtir. La narration et la mise en scène montre systématiquement l’animalisation de ce milieu social. Bon nombre de scènes aspirent à devenir cultes (c’est également une limite de la réalisation de Scorsese), parmi lesquelles celles où Jordan harangue sa meute, où il galvanise des troupe(aux)s beuglant aux visages faits de rage, d’orgueil et de bêtise. Les personnages sont certes peints à gros traits mais le film a une grande force visuelle.

LE LOUP DE WALL STREET est un film enthousiasmant fait par un réalisateur enthousiaste. Avec sa réalisation barbe à papa, Jordan Belfort nous fascine autant qu’il nous rebute. Scorsese aurait pu faire plus court mais heureusement le cinéma est toujours fait de ces réalisateurs extatiques. Le film est plein de défauts mais il nous aura stimulé et diverti sans jamais se prendre trop au sérieux. On retiendra le moment où le jeune loup est devenu chef de meute au cours d’une scène anthologique avec Matthew McConaughey.

Maxime

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Rédacteur depuis le 22.04.2011

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