Sixième long métrage de Anne le Ny, LE TORRENT est, sur bien des aspects, une petite goutte d’eau inoffensive. Le thriller, attendu, se révèle être décevant et sans surprise.
Après avoir appris que sa femme Juliette le trompe, Alexandre, son mari, se dispute violemment avec elle. Cette dernière décide de quitter la maison, mais fera une chute mortelle sur le bord d’une route. Le lendemain, son corps est emporté par des pluies torrentielles. Alexandre, qui a assisté à la scène, décide de ne rien dire, quitte à mentir sur la mort de sa femme pour ne pas avoir d’ennui. Il persuade sa fille, Lison, de l’aider à dissimuler la vérité. Une enquête est en cours et les parents de Juliette vont se joindre à Alexandre, Lison et son petit frère Darius pour tenter de comprendre ce qu’il s’est réellement passé.
Un premier plan sur le cours d’une rivière, un violon… Dès le début, on prend conscience de l’aspect « téléfilm » du long métrage que l’on s’apprête à voir.
Si la bande-annonce laissait entrevoir un flou autour du coupable, ce n’est pas le cas du film. Au bout de 15 minutes, les enjeux sont posés. Le reste du film va s’axer sur l’enquête et sur le mensonge d’un homme, prêt à tout pour se sauver lui-même. Un parti pris intéressant qui nous axe sur l’aspect psychologique des personnages, entre l’absence de sincérité et la recherche de vérité. Le problème du film est que tout est prévisible. L’enquête menée par la capitaine Da Silva met en lumière des ficelles que l’on connaît par cœur. Une voiture amochée, une caméra de surveillance qui révèle une anomalie dans le mobile du coupable… Autant de procédés qui se répètent et qui amènent, à chaque fois, au même résultat, l’arrestation du fautif. Rien n’est surprenant. On comprend d’avance quelle sera la finalité des événements. Il n’y a donc aucun enjeu pour le spectateur.
Le film est très inégal dans son interprétation, ce qui fait retomber le potentiel suspens et les rares scènes dramatiques. Si José Garcia excelle dans la comédie, le drame reste un genre où il n’arrive pas à se libérer pleinement. On ressent une certaine retenu de sa part, que ce soit dans la colère ou dans la tristesse. Capucine Valmary (qui ressemble légèrement à Lily Rose Depp) dans le rôle de Lison est aussi inégale dans son jeu. Seul André Dussollier parvient à maintenir le cap. De par sa brillante interprétation, on ressent l’émotion d’un vieil homme qui cherche des réponses et qui essaye, tant bien que mal de trouver des solutions. La tristesse se lit sur son visage, sa présence est rassurante.
Malheureusement, les scènes dramatiques tombent à plat par un jeu d’acteur qui n’est pas à la hauteur. L’émotion qui doit émaner de certaines scènes s’efface pour laisser place à la neutralité la plus totale. La faute à un manque de naturel et une absence d’émotions. On éprouve aucune empathie pour les personnages.
Certains sujets abordés par le film auraient mérité plus de développements : Comment reconstruire une famille brisée par la mort d’un des leurs ? Comment expliquer à un enfant qu’il ne reverra plus sa mère ? Quel est le rôle de chaque membre de la famille face à un drame comme celui-ci ? Des problématiques intéressantes, mais malheureusement, peu ou maladroitement, exploitées.
Malgré un scénario intéressant, LE TORRENT ne parvient pas à convaincre. On est face à un film sans saveur, qui aurait gagné à être un téléfilm plutôt qu’une œuvre cinématographique.
Amaury Dumontet
• Réalisation : Anne Le Ny
• Scénario : Anne Le Ny
• Acteurs principaux : José Garcia, André Dussollier, Capucine Valmary
• Date de sortie : 30 novembre 2022
• Durée : 1h42min