Cinq après Le Crime de l’Orient Express, Kenneth Branagh remet le couvert. Le cinéaste britannique tente d’approcher au plus près l’exotisme, en réadaptant l’aventure la plus célèbre du détective Poirot. Un naufrage superficiel dans les morbides fonds du Nil.
Mort sur le Nil (1937) est l’un des romans policier les plus connus au monde. Au cours d’une luxueuse croisière sur le célèbre fleuve africain, ce qui devait être une lune de miel idyllique se conclut par la mort brutale de la jeune mariée. Ce crime sonne la fin des vacances pour le détective moustachu. À bord en tant que passager, il se voit confier l’enquête par le capitaine du bateau. Et dans cette sombre affaire d’amour obsessionnel aux conséquences meurtrières, ce ne sont pas les suspects qui manquent. Déjà adapté au cinéma en 1978 par John Guillermin – avec notamment David Niven, Maggie Smith et Jane Birkin au casting – et à la télévision à deux reprises, c’est à nouveau au tour de Kenneth Branagh d’enfiler le costume d’enquêteur et de réalisateur. Une adaptation sans saveur, qui souffre davantage des défauts jalonnant Le Crime de l’Orient Express (2017).
Souvenez-vous de l’avalanche du premier volet « Agatha Christie x Branagh« . Des décors défilant derrières les vitres gelées ou encore de la partie d’escalade sur les échafaudages enneigés. Autant d’effets numériques qui donnait au film une sensation de supercherie. MORT SUR LE NIL en est malheureusement le calamiteux successeur. Tout est faux dans cette nouvelle adaptation. Les pyramides majestueuses, les reptiles menaçants, le bateau qui mène une longue vie tranquille sur le Nil, tout est faux. Ce ne sont pas les quelques prises de vues réelles de l’Egypte entreposées vulgairement dans le montage qui vous feront changer d’avis. A aucun moment, le spectateur semble avoir embarqué au sein d’une croisière, encore moins dans un palais exotique entourés de palmier et verdure luxuriante. À l’heure où les VFX de Dune (2021) donnent la chair de poule, le désastre visuel de MORT SUR LE NIL est à souligner. Bienvenue dans Mort aux Studios Longcross. Une recette invariable chez Branagh, déjà coupable éternel pour cette ouverture désastreuse en pleine Belgique de 14/18. Une opening scene digne d’un court-métrage amateur.
Tourné avant l’ère des accusations cannibalistes contre Armie Hammer, MORT SUR LE NIL possède comme son prédécesseur, un casting haut en couleurs. Gal Gadot, Tom Bateman, Annette Bening, Emma Mackey, Rose Leslie, Letitia Wright et Ali Fazal notamment. Malheureusement, celui-ci n’arrive pas à apporter un véritable goût au film du britannique. Paradoxe étrange puisque chez Agatha Christie, le principal intérêt réside dans les personnages et leurs subtilités. Ici, Kenneth Branagh s’axe davantage sur la luxure et la superficialité, manquant à son devoir de metteur en scène. Cumulant les plans grue aux fonds verts, les champs/contrechamps multiples sur chaque acteur. N’en ressort à la fin, qu’une étrange murder party sans véritable enquête. Une résolution d’affaire déposée sur un plateau à la fin du film pour pouvoir cocher les cases du genre policier. Il se pourrait qu’Hercule Poirot ai encore du travail, la malédiction des adaptations de Branagh ne semble pas déterminée à s’arrêter de si tôt. Espérons que Belfast (2022) nous fasse changer d’avis sur ce réalisateur à l’accent surjoué.
Robin
• Réalisation : Kenneth Branagh
• Scénario : Michael Green, Agatha Christie
• Casting : Kenneth Branagh, Gal Gadot, Emma Mackey, Armie Hammer
• Date de sortie (France) : 09 février 2021
• Durée : 2h07min
• Genre : Policier, Thriller
• Nationalité : Américain