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SANTA & CIE, bonne réalisation, mais mauvais scénario – Critique

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Alain Chabat qui s’essaie au film de Noël ? Prometteur, mais un Noël original qui laisse quelques regrets…

SANTA & CIE est avant tout un film de Noël, familial donc, qui doit faire rêver les plus petits et faire sourire leurs ainés. On vous rassure tout de suite, le film remplit sa mission. On y suit la « parfaite » famille, composée des parents et de leurs deux enfants mixtes. Tout est réuni pour évoquer gentiment les thèmes de noël.

Cependant c’est un film écrit et réalisé par Alain Chabat. On y attend alors un noël singulier de la part d’un maître de l’humour du cinéma français, son univers et son acuité d’auteur nous permettant de prendre autant de plaisir que les enfants devant la magie de noël. On connait d’autant plus sa faculté à mettre sa patte dans un univers connu.

Encore une fois, il reprend tous les codes qui font la magie de noël avec une intelligence très appréciable.  Pas question de tomber dans les clichés connus car l’auteur a mesuré toute la responsabilité de son film vis-à-vis des jeunes générations. D’abord, le Père Noël à un nom : Santa Claus, issu de la culture anglo-saxonne et sa femme Wanda (incarnée par Aurey Tautou), délicate mais ferme, et non pas serviable et lisse comme le veut l’imaginaire commun.  Le traineau est moderne, les rennes s’expriment et ont des besoins naturels, les lutins sont joyeux et pas « bê-bêtes ».

Pour couronner le tout, le père Noël est vert. Oui vert, comme décrit dans les premiers contes de son histoire, et non pas rouge comme se l’est approprié la marque coca-cola pour vendre du sucre aux enfants. Cet acte est bien plus qu’un changement de couleur, c’est une protestation contre les manipulations de la publicité et le film ne manque pas de nous faire remarquer ce choix par les questions récurrentes des enfants « pourquoi tu n’es pas en rouge ? ». Question qui reste sans réponse pour obliger la famille à chercher ensemble l’origine de notre célèbre Père Noël.

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Car le film amène les spectateurs de tous âges à réfléchir sur le sens de la famille ; il rend compte aux enfants la difficulté d’être parents et rappelle à ces derniers la nécessité de ne pas s’oublier. Même le principal intéressé est amené à repenser son rôle. Il est facile de vivre la magie de noël en offrant des cadeaux une fois par an à des enfants paisiblement endormis qui n’attendent que le lendemain. Bien plus facile que d’être parents. Alain Chabat nous incarne ce père noël bercé d’illusions, naïf et déconnecté du monde ; entre autre les réalités de l’argent dont on il se moque par une séquence bien ficelée, où tout à coup notre modèle financier parait si complexe.

L’auteur a mesuré toute la responsabilité de son film vis-à-vis des jeunes générations.

Vous serez heureux de retrouver multitude de jeux de mots et calembours à la Mission Cléopâtre, des scènes et des personnages absurdes qui rappellent l’univers de Les Nuls, d’où une apparition de Jean Pierre Bakri qui est toujours la bienvenue. Si vous êtes des adeptes de Alain Chabat et sa bande, vous verrez sans doute d’autres clins d’œils, à l’image du ventriloque… mais on n’en dira pas plus. Pendant que vous serez occupés à guetter le sous texte, les enfants resteront émerveillés devant la créativité de l’auteur capable de satisfaire leur imaginaire insatiable, à l’image de la longue séquence de fabrication des cadeaux au début du film. Il faut reconnaitre que le film, en ce sens, tire son épingle des autres films de noël et qu’on se congratule de voir en France des comédies familiales bien réfléchies.

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Golshifteh Farahani et Pio Marmai

Alain Chabat en réalisateur c’est aussi une direction d’acteur réussie. Pio Marmai est parfait dans son rôle, tout comme sa femme, l’actrice Golshifteh Farahani relevée dans PATERSON à la filmographie exigeante qui prête aussi son talent, jusqu’au frère interprété par le prometteur Johann Dionnet et l’inévitable Palmashow qui donnent le sourire par leur seule présence. On aime voir ces acteurs interagir et prendre un plaisir non dissimulé à nous conter l’histoire du père noël version 2017.  Il faut attribuer une mention spéciale à la performance du petit Simon Aouizerate âgé de sept ans à l’époque du film, qu’on retrouve deux ans plus tard dans Itinéraire d’une maman braqueuse . Tout simplement bluffant dans ses intentions et ses ruptures, il témoigne d’une intelligence de jeu précoce. Talent à suivre.

Alain Chabat en réalisateur, c’est aussi une direction d’acteur réussie.

Pour réunir ce casting et répondre aux exigences visuelles de son réalisateur, il faut relever la superbe production du film franco-belge où Legend Production, Gaumont, France 2 Cinéma, Chez Wam, Umedia, Nexus Factory, se sont associés pour réunir 24 millions d’euros de budget. Vous apprécierez la qualité des effets spéciaux, du travail de synthèse épatant, en particulier sur les rennes qui prouvent un niveau de détails digne d’une grosse production américaine (en 2017).

Pour réunir ce casting et répondre aux exigences visuelles de son réalisateur, il faut relever la superbe production du film franco-belge.

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Imagination lors de la conception des cadeaux

Toutefois, on devra honnêtement mettre le bémol sur la qualité du script, qu’on aurait aimé aussi exigeante que le reste. La trame ne fait aucunement preuve d’originalité, elle semble plutôt répondre à une notice que l’on connaît par cœur, un mode d’emploi qui nous permet de tout deviner et ne surprend que les enfants. Serions-nous trop exigeant de demander un scénario audacieux ? Pourrions-nous légitimement demander des rebondissements inattendus ? On peut répondre à cela que le film de noël a ses classiques. Mais un film qui se veut malin ne commence-t-il pas par son scénario ?

Les péripéties sont non seulement sans surprise, mais même parfois complètement illogiques et invraisemblables, à se demander si les enfants eux-même oseront se faire prendre. En particulier le climax du film qui, bien qu’humoristique, se moque de toute forme de logique narrative. La magie de noël ne peut pas dissimuler n’importe qu’elle facilité scénaristique.  Ces rebondissements simplistes sont en partie dus à des personnages, qui ne sont pas assez approfondis et qui manquent alors de cohérence dans leurs actions où leurs réflexions. Ils ne sont pas fidèles à eux-même et agissent seulement pour servir les besoins de l’auteur. Ainsi on ne comprend pas bien les motivations de Thomas de s’intéresser à Santa, et on a du mal à croire son frère Jay en proie à un tel niveau de bêtise. A ce niveau, le film manque d’exigence et on en attend plus d’un auteur comme Alain Chabat.

Nous vous conseillons Santa&Cie si vous cherchez à partager un moment en famille à l’approche de noël. Vous n’assisterez pas au plus grand film d’Alain Chabat, mais vous pouvez lui faire totalement confiance pour émerveiller et questionner les enfants en complicité avec les adultes.

Francois Haueter

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