Photo du film Vampire humaniste cherche suicidaire consentant
Crédits : Wayna Pitch

VAMPIRE HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT, balade vampirique – Critique

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Avec son premier long-métrage, VAMPIRE HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT, la réalisatrice québécoise Ariane Louis-Seize nous plonge dans un univers singulier, oscillant entre le fantastique et le drame intime. Porté par une lumière tamisée et une mise en scène délicate, le film explore des thématiques aussi intemporelles qu’universelles avec une sensibilité rare et une esthétique soignée.

Un univers à la croisée des genres

Dès les premières scènes, le film instaure une ambiance visuellement marquée, rappelant une version canadienne et minimaliste de La Famille Addams. Les décors kitsch et usés, où chaque détail semble chargé d’histoire, se mêlent à une lumière tamisée, presque feutrée, qui installe une atmosphère à la fois familière et légèrement déstabilisante.
Ce cadre sert une galerie de personnages excentriques et attachants, dont la caractérisation repose davantage sur des gestes et des situations rocambolesques que sur un véritable comique de situation. Si l’humour reste discret, il est toujours teinté de bienveillance, particulièrement dans les interactions familiales empreintes d’amour et de complicité.

Un teen movie qui évite la mièvrerie de son genre

Au cœur du récit, la réalisatrice réussit à détourner les conventions du teen movie pour livrer une histoire empreinte de sincérité et d’humanité. Les personnages offrent une palette d’émotions variée et crédible, en particulier la relation entre les deux protagonistes (incarné par Sara Montpetit et Arnaud Vachon). Ces deux personnages, dépressifs, vont peu à peu se révéler l’un à l’autre, troquant leur regard sombre sur le monde pour une vision teintée de romantisme.
Le film joue habilement avec les codes du genre sans tomber dans les facilités narratives. VAMPIRE HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT aborde des thématiques classiques de la comédie romantique adolescente, mais les revisite à travers une identité qui lui est propre. Cette approche permet de redécouvrir un genre souvent limité dans ses capacités à surprendre, offrant ainsi une perspective rafraîchissante.
L’aspect comique majeur du film réside dans les relations au sein de cette famille addamesque, où l’esthétique sombre et gothique et la pâleur de leurs visages, s’allie à une pureté émotionnelle rare, exprimée à travers l’affection profonde qu’ils se portent.

Un premier long-métrage maîtrisé

Pour un premier long métrage, VAMPIRE HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT se distingue par sa maturité esthétique et narrative. La photographie, particulièrement marquante, offre des plans méticuleusement composés, certains d’une beauté telle qu’ils semblent suspendus hors du temps – comme cette scène musicale devant les néons d’enseignes commerciales. La lumière, bien qu’enveloppée de noirceur, met paradoxalement en valeur la pureté des relations et des personnages.
Le montage, quant à lui, sublime les retournements de situation et les jeux de narration, avec des scènes qui marquent par leur inventivité et leur sens du rythme. Bien que la conclusion puisse paraître simple et conventionnelle, elle n’altère en rien ce sentiment typique de la fin d’un teen movie : une nostalgie réconfortante, magnifiée par l’identité visuelle du film que l’on vient de découvrir.

Le fil conducteur jazzy : un score au service du récit

La bande-son de VAMPIRE HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT joue un rôle essentiel dans la construction de l’atmosphère du film. Dès le début, la musique classique, notamment Vivaldi interprété au piano, que la protagoniste joue face à une foule, met en exergue cet aspect de quelque chose de connu (comédie romantique, teen movie), accompagnée d’une palette de couleurs rouges et noires, en parfaite adéquation avec le thème du film. Cette mélodie classique s’associe ensuite à une musique jazzy douce et introspective, en harmonie avec l’état d’esprit de la protagoniste. La musique devient alors un reflet de son âme, un élément réconfortant qui accompagne son parcours. Le jazz, dans sa forme la plus apaisante, semble être son leitmotiv tout au long du film, renforçant cette idée qu’elle est la mélodie centrale du récit. Cependant, lorsque les moments de tension surviennent, le rythme s’intensifie, donnant à la musique une énergie nouvelle, presque en contradiction avec la quiétude initiale. Parfois, la bande-son se fait éthérée, amplifiant les instants de contemplation ou de solitude. Bien que l’on puisse regretter un certain manque de thèmes identifiables, la musique parvient néanmoins à s’adapter à chaque moment du film, épousant parfaitement l’atmosphère imposée par les images.

Ariane Louis-Seize signe une balade vampirique singulière et émouvante, où l’étrangeté se mêle à la chaleur humaine. Loin des caricatures du genre, le film fait preuve d’une sensibilité rare, portée par une mise en scène élégante et des interprétations justes. Un premier long-métrage prometteur, qui laisse entrevoir un avenir brillant pour sa réalisatrice.

Nathan DALLEAU

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