Une adaptation en version animée de La Famille Addams, en voilà une bonne idée sur papier ! Seulement, dessin animé ne devrait pas être synonyme de consensualité.
Après la série télévisée des années 1960, la série animée de 1973 et les deux films des années 90, que vaut cette nouvelle version animée de La Famille Addams ?
On le sait – ou l’on devrait le savoir – la famille Addams est née dans le New Yorker, dans les années 1930, grâce aux talents de dessinateur de Charles Addams. Ce n’est que par la suite, avec ses diverses adaptations, la plus notable restant sûrement celle de 1991, réalisée par Barry Sonnenfeld, avec les excellents Raul Julia et Angelica Huston, dans les rôles respectifs de Gomez et Morticia. La version de 2019 est réalisée par Conrad Vernon et Greg Tiernan (ayant d’ailleurs déjà collaboré sur le film d’animation controversé Sausage Party).
LA FAMILLE ADDAMS remonte au début de l’histoire d’amour entre Gomez et Morticia, pour directement nous montrer lorsqu’ils emménagent ensemble dans le manoir – les isolant avec plaisir du reste de la ville ; puis, ellipse de 13 ans – nous présenter leurs enfants Mercredi et Pugsley. Ce qui fait le charme si particulier de cette fameuse famille Addams est principalement l’humour noir, l’envie de bousculer les convenances, ainsi qu’un goût prononcé pour les monstres, la morbidité, le fantasque. Du moins, ce côté humour noir transgressif ne tiendra que le temps d’une introduction.
Au cours du film, l’on apprend que Mercredi s’ennuie fermement chez elle et contient un désir d’évasion, désir qu’elle assouvit grâce à Parker, fille d’une présentatrice de télé-réalité, décoratrice d’intérieur, dont le but est de faire ressembler toutes les maisons qu’elle rénove. Cette présentatrice, Margaux Nidler, devient l’antagoniste du film lorsqu’après avoir visité la maison des Addams, qui lui refusent tout changement de décor, elle décide de monter tous les habitants de la ville contre la famille.
Un des soucis principaux réside dans le trop-plein d’intrigues. Celle concernant Margaux Nidler, l’émancipation de Vendredi découvrant la scolarité avec sa nouvelle amie, l’évocation d’un rituel de passage à l’âge adulte pour Pugsley. Sans compter que ces intrigues ne finissent jamais de façon convaincante, l’on reste sur sa fin. Jamais l’on ne craint le personnage de Nidler, seul réel élément perturbateur de l’histoire.
L’animation semblait dans l’idée bien s’associer au thème de la Famille Addams, avec une esthétique stylisée et gothique, non sans rappeler Les Noces Funèbres (2005) de Tim Burton et Mike Johnson ou Coraline (2009) de Henry Selick. Malheureusement, le character design rend les personnages très raides, comme des poupées dont on tirerait les ficelles en arrière plan, ce qui les rend quasiment inconsistants.
Puisque l’on évoque l’inconsistance, revenons à l’humour du film. Ce qui d’emblée, dès les premières adaptations faisait le charme de cette famille, était le sarcasme, l’humour noir. Or, ici, il n’en reste plus grand chose. Le message final du film se résumant à celui transmis par une majorité des films hollywoodiens tel que « prônons la différence » brise l’effet transgressif, cynique et en réalité jouissif qu’apportaient les précédentes versions.
Au final, LA FAMILLE ADDAMS – ayant tout de même comme possibilité de plaire aux enfants en bas âge, quoiqu’il serait plaisant de la part des parents de leur faire découvrir les autres adaptations – sans être dérangeant, reste très oubliable.
Talia
[button color= »white » size= »normal » alignment= »center » rel= »nofollow » openin= »samewindow » url= »#comments »]Votre avis ?[/button]
• Réalisation : Conrad Vernon, Greg Tiernan
• Scénario : Matt Lieberman
• Acteurs principaux : Kev Adams, Mélanie Bernier, Alessandra Sublet
• Date de sortie : 4 décembre 2019
• Durée : 1h27min