EN MAI FAIS CE QU'IL TE PLAÎT

EN MAI FAIS CE QU’IL TE PLAÎT, comprendre l’exode – Critique

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


EN MAI FAIS CE QU’IL TE PLAÎT a été présenté en première projection publique au Festival International du Film en Médoc qui s’est tenu en Juillet dernier. Le réalisateur Christian Carion, dont on connaît notamment l’Affaire Farewell et Joyeux Noël était présent. Inspiré par l’exode vécu par sa propre famille en Mai 1940,  il voulait rendre hommage, d’une part à ces millions de personnes qui se sont retrouvées sur les routes avec un fort sentiment d’abandon et d’autre part, au peuple allemand première victime du nazisme.

Il revendique le fait d’avoir écrit le scénario comme un western choral, tourné dans de grands espaces mêlant plusieurs petites histoires dans la grande Histoire, accompagnées par la musique du grand Ennio Morricone. Et effectivement, certaines images et longueurs du film offrent un véritable écrin à sa musique!

Nous suivrons donc les destinées de plusieurs personnages : Hans (August Diehl), résistant Allemand veuf qui s’enfuit en France avec son jeune fils Max (Joshio Marlon) et vient travailler dans la ferme de Paul (Olivier Gourmet), maire du petit village Le Bucquière près d’Arras. Nous croiserons Mado (Mathilde Seigner), la femme de Paul, Suzanne (Alice Isaaz), le belle institutrice, Albert (Laurent Gerra) et Roger (Jacques Bonnaffé), deux paysans du cru.

Pathé Distribution
Pathé Distribution

Hans, arrêté puis libéré grâce au capitaine Écossais Percy (Matthew Rhys) lors de l’invasion allemande, partira à la recherche de Max, qui a pris la route de l’exode sous l’aile de Suzanne avec les autres villageois.

Grâce aux reconstitutions fidèles à cette période chaotique et floue, nous ressentons la peur des personnages, leurs déceptions, leurs colères, leurs rivalités. Nous imaginons sans peine ce à quoi ont dû faire face ces Français de 1940 : la séparation des familles, les messages laissés sur les murs ou les tableaux de classe, les bombardements, la mort injuste et violente. Les références au traumatisme de la guerre de 14-18, par le biais des cimetières sont également très présentes. L’exode, qu’André Téchiné avait déjà filmé dans Les Égarés et dont l’affiche, comme celle du film de Christian Carion, est elle aussi parsemée de champs de blé traversés par les victimes.

À trop vouloir décrire les événements, le film s’éloigne de l’émotion et s’apparente à un documentaire à vocation pédagogique.

« Dans un film, comme dans une recette de cuisine, le réalisateur mélange des ingrédients mais au final ce sont les spectateurs qui goûtent le film » nous dit Christian Carion. Les intentions et la vocation pédagogique de EN MAI FAIS CE QU’IL TE PLAÎT sont certes très louables. Comment en effet ne pas adhérer à la nécessité de faire connaitre cette période à la jeune génération ? Le problème, c’est qu’on a du mal à trouver du goût à autant d’ingrédients mélangés ensemble et que la recette ne prend pas. On n’entre jamais totalement dans ces histoires multiples et celle si peu crédible des retrouvailles du père et du fils après tant d’aventures rocambolesques, d’invraisemblances et de si grosses ficelles ! Bien sûr c’est du cinéma, mais on se sent floué par le résultat.

Pathé Distribution
Pathé Distribution

Et c’est là tout le paradoxe du film. A trop bien vouloir décrire les événements et rendre hommage aux témoignages qui ont nourri son scénario, le film s’éloigne de la fiction et de l’émotion et s’apparente par certains côtés à un documentaire. Tout montrer peut parfois desservir l’idée originelle, comme lorsque Hans s’assure que le cadavre d’un enfant n’est pas celui de son fils, scène que certains trouveront insoutenable. Son film aurait gagné en intensité s’il avait plus suggéré, comme lorsque Suzanne découvre la famille tuée au bord de la route: dans cette scène, nous ressentons bien plus l’horreur de la situation à travers ses yeux que lorsque la caméra s’attarde, telle un témoin, sur les cadavres.

August Diehl, qu’on avait croisé dans Inglorious Basterd et Olivier Gourmet, qu’on a toutefois préféré dans L’Odeur de la Mandarine sont irréprochables dans leurs rôles. Alice Isaaz, vue récemment dans Un moment d’égarement, est toujours aussi lumineuse avec un regard vecteur de très beaux moments d’émotion. Matthew Rhys, qu’on connait surtout pour son rôle dans la série The Americanset Laurent Gerra surjouent un peu trop les clichés de l’Écossais et du Français.

Sylvie-Noëlle

3
Note du rédacteur

Nos dernières bandes-annonces