FATIMA

FATIMA, regard bienveillant de femmes courageuses – Critique

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


Le réalisateur Philippe Faucon aime faire « des films qui montrent la forêt qui pousse, et pas seulement un arbre qui tombe », et FATIMA est un pur exemple d’une réalité observée avec optimisme.

Le film a été présenté dans la sélection La Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2015 et en avant- première au Festival International du Film en Médoc. Il nous fait partager la vie de Fatima et de ses deux filles Nesrine, jeune bachelière qui se lance dans des études de médecine, et Souad, 15 ans, collégienne insolente. Fatima est femme de ménage dans différents endroits, s’épuise à la tâche du matin au soir pour offrir à ses filles les meilleures conditions leur permettant de faire des études, fidèle à son credo « si tu réussis, tu seras libre ».

Fatima reconnait sans amertume que si elle avait pu continuer ses études, elle serait peut-être devenue ministre, mais la vie en a décidé autrement et elle vit sa vie par procuration à travers celle de ses filles. Fatima est seule, le père est parti et s’est construit une autre vie avec une autre épouse, mais il est encore présent dans la vie de ses filles, et respectueux de la façon dont leur mère les élève.

Fatima est l’une de ces femmes courageuses et humbles, qui ont quitté l’Algérie pour vivre une vie meilleure, et qui se retrouvent en France, à faire des boulots minables, à prendre des cours de français pour se repérer dans les méandres de l’Administration, à faire semblant de ne pas être vexée quand une de ses patronnes tente de la piéger, à continuer à se voiler parce ce qu’on lui a appris qu’il fallait « se couvrir et contrôler chaque geste et chaque parole ».

Photo du film FATIMA
Pyramide

Elle s’adresse en arabe à ses filles, qui lui répondent en français. Pour autant, elle ne fait pas de prosélytisme, l’aspect religieux est très peu évoqué, mis à part l’excuse du Ramadan que Souad évoquera pour sécher les cours. On le regrette un peu, étant donné le contexte actuel, même si l’on comprend que le message du film ne porte pas sur ce sujet.

Si Fatima ne se plaint jamais et accepte sa condition, elle met beaucoup d’espoir en ses filles, et ressent beaucoup de fierté à la réussite de Nesrine, la plus douce et compréhensive. Consciente des efforts de sa mère, elle l’aide comme elle peut et la respecte. Car il est beaucoup question de respect et d’amour dans ce film touchant et pudique.
Souad, quant à elle, regarde sa mère avec d’autres yeux, ceux de la honte face à ce qu’elle ressent comme un manque d’efforts d’intégration et à ce qu’elle lui renvoie: « un torchon, qui ne parle même pas français ».

Le film aborde également la vie dans les HLM des banlieues, les rapports difficiles entre femmes musulmanes, les jalousies et les rumeurs qui alimentent les conversations, à l’écart desquelles Fatima se tient. Le réalisateur nous montre les rapports entre garçons et filles, ces dernières étant obligées d’avoir une posture plutôt masculine et agressive auprès des garçons, qui sont ici un peu trop naïvement envisagés comme tous gentils.

De même, il n’est pas certain que toutes les mères assistent avec autant de bienveillance, telles Fatima, mère avant d’être une femme à l’éveil amoureux de leur fille aînée.

Un regard bienveillant à la vie de labeur en France de ces femmes courageuses.

Fatima a pourtant un secret : elle s’épanche par écrit tous les soirs dans un cahier, dans lequel elle confie ses émotions, ses pensées, ses doutes mais surtout ses peurs. Un cahier qu’un accident dans son parcours lui permettra de lire à d’autres, qui la convaincront de le publier, et lui apportera reconnaissance et « fierté d’être une Fatima ». Car la vie de Fatima est inspirée d’une histoire vraie, celle de l’écrivain Fatima Elayoubi, qui a également collaboré au scénario, et de son livre « Prières à la lune ».

Mention spéciale pour les trois actrices : Soria Zeroual, qui incarne avec beaucoup de naturel Fatima, n’est pas actrice professionnelle, mais réellement femme de ménage d’origine marocaine, choisie lors d’un casting dit sauvage, de même que Kenza Noah Aïche, qui incarne avec énergie la jeune adolescente rebelle Souad.
C’est très à la mode de faire tourner des acteurs non professionnels, cela crée plus de naturel ou de vérité, nous disent les réalisateurs, tels Stéphane Brizé dans La Loi du Marché ou Emmanuelle Bercot dans La tête haute…. mais les acteurs professionnels ne doivent pas tous être d’accord.
Quant à Zita Henrot, qui fut remarquée dans Eden et Radiostars, offre à Nesrine une belle partition d’émotions.

Sylvie-Noëlle

Note des lecteurs6 Notes
4
Note du rédacteur

Nos dernières bandes-annonces

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
0
Un avis sur cet article ?x