Deux fillettes, deux pays, deux portraits. C’est ce qu’un Festival d’animation d’Annecy placé sous le signe de l’enfance et du courage nous a proposé. Retour sur deux longs métrages en compétition, PARVANA, une enfance en Afghanistan de Nora Twomey et OKKO’S INN de Kitaro Kosaka.
PARVANA, UNE ENFANCE EN AFGHANISTAN
de Nora Twomey
Pas le temps de profiter du beau soleil d’Annecy, les bagages posés et l’accréditation autour du cou, c’est en direction du Pathé que démarre pour nous cette 42e édition avec PARVANA, portrait d’une famille afghane de Kaboul, adapté du roman de Deborah Ellis et co-produit par Angelina Jolie. Parvana a 12 ans et vit au sein d’une famille aimante. Son père aime lui raconter l’histoire et les contes de leur pays qui n’en est pas à sa première oppression ni souffrance. Nous sommes en 2001 et les Talibans sont au pouvoir. Contraint de vendre quelques biens au marché pour survivre, son père se fait arrêter et jeté en prison sans raison par un de ses anciens élèves devenu Taliban. Parvana, sa soeur Soraya et leur mère Fatima se voient alors dans l’impossibilité de sortir seules (et oui chez les Talibans pas d’homme, pas de sortie !). Comment dès lors faire les courses pour se nourrir ? Parvana décide de se travestir en garçon et toute la survie de sa famille repose désormais sur elle.
La voici donc cheveux courts et tenue masculine empruntée à son frère disparu, se mêler aux hommes sur la place du marché, et acheter de quoi survivre. Mais s’il est plus facile d’être un garçon dans un monde de Talibans, les dangers ne demeurent pas moins présents et les mésaventures s’enchainent pour Parvana devenue un double de Souleymane, jeune héros d’un conte que son père lui racontait. La réalisatrice a la bonne idée avec sa co-scénariste de mêler à son récit réaliste, les légendes du pays sous la forme d’un traitement graphique différent, sorte de collage animé, qui s’inscrit parfaitement dans le long métrage et ses couleurs chatoyantes. PARVANA au-delà du récit d’aventures réalistes est aussi un hommage à la richesse de l’histoire de ce pays et à sa culture. Parvana puise sa force dans les contes ancestraux qu’elle raconte à son petit frère et y retrouve les valeurs de bonté, de courage nécessaires à son salut et à sa survie dans un monde où la notion du bien semble avoir été éradiquée.Les mésaventures de Parvana et de sa famille, l’acharnement des hommes sur les femmes, l’injustice criante de leur quotidien font de ce long métrage un film qui peut sembler parfois éprouvant et nous ramener à notre position de spectateur-citoyen impuissant. Comment survivre dans un pays en guerre sous le regard du reste du monde ? Parvana va tout faire pour libérer son père de prison mais leur sort semble scellé à celui du régime en place. Le film raconte d’ailleurs très bien en arrière plan comment ce pays au carrefour de la route de la soie s’est retrouvé plusieurs fois au cours de son histoire la proie de conquérants. Ce n’est pourtant que récemment, en 2001, que les Talibans arrivent au pouvoir et plongent la population dans un climat de terreur.
PARVANA est un récit touchant, intense, habité, animé avec des décors réalistes et oniriques à la fois, qui rend un bel hommage à la diversité et à la richesse de la culture afghane. Le film sortira le 27 juin en salles.
https://www.dailymotion.com/video/x6igwet
OKKO’S INN
de Kitaro Kosaka
On clot cette journée avec une deuxième séance consacrée à une fillette : OKKO’S INN (Okko et les fantômes) de Kitaro Kosaka. Okko a une dizaine d’années et se rend avec ses parents chez sa grand mère qui tient des chambres d’hôte. Sur la route, un terrible accident laisse la fillette orpheline. Okko va devoir s’entourer d’amis imaginaires pour surmonter cette épreuve et seconder sa grand mère dans son hôtel. Ses trois nouveaux amis sont en fait des fantômes d’enfants disparus qu’elle est la seule à voir.Le graphisme de l’affiche tout comme la mention « proche collaborateur de Miyazaki » sont finalement assez trompeurs. On retrouvera dans ce long métrage davantage de points communs avec les dessins animés japonais de notre enfance (enfin la mienne, des années 90) que la poésie d’un Miyazaki ou d’un Isao Takahata. Vous vous rappelez les gros plans de visage qui arrivaient comme une balle de tennis en pleine poire avec un effet ralenti ? On est plus proche de cela que des fantômes du Voyage de Chihiro.
Okko est courageuse, volontaire, imaginative et ses nouveaux amis vont lui permettre de se dépasser. Si l’on retrouve les thématiques chères au cinéma d’animation japonais – le respect des traditions, le courage, le dépassement de soi – on regrettera l’extrême banalité des dialogues, les voix criardes et une intrigue un peu faiblarde autour d’une compétition entre Okko et une autre fille pour savoir laquelle saura le mieux recevoir ses hôtes. Le film réjouira néanmoins les plus petits et leurs amis imaginaires.
Anne Laure Farges
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