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Réflexions cannoises, avant l’heure.

Ca y est, la Sélection Officielle est connue de tous. On ne va pas se mentir, elle donne sacrément envie. Avant de revenir dessus, notons les absents que l’on regrette. A commencé par le nouveau Bertrand Bonello, Nocturama, qui n’a pas été retenu. Lors de la conférence de presse, Thierry Frémaux a laissé planer le doute sur le fait que le comité n’avait peut être pas vu le film, ce qui aurait pu expliquer sa non-présence. Sauf que le réalisateur français, qui était venu en 2014 avec Saint Laurent, a balancé sur Facebook que le film a bien été visionné le comité cannois. C’est donc là qu’on se pose des questions. Pourquoi ne pas le prendre ? 2 solutions probables peuvent répondre à notre interrogation. D’abord, la qualité du film. Il se peut, tout simplement, que le film ne soit pas assez bon pour qu’on le juge apte à intégrer la Sélection Officielle. Après tout, c’est possible. Mais la solution la plus probable pour lever le voile sur ce mystère serait de penser que le film n’a pas été pris à cause de l’actualité. A l’heure où on nous annonce que des mesures spéciales en terme de sécurité seront prises durant toute la période du festival, un film sur des attentats à Paris serait dur à gérer médiatiquement. Le voir présent aurait été un signe fort, un lourd message disant que le cinéma n’a peur de rien. En même temps, il aurait été jugé par rapport à cette actualité et cela aurait peut-être influencé notre façon de le percevoir. La clé de ce mystère réside en fait probablement à mi-chemin entre ces deux réponses. A savoir que le film ne devait pas être assez à la hauteur pour mériter sa place dans une actualité aussi intense. Tout cela n’étant que des suppositions, il conviendra d’ajuster notre jugement le jour où nous aurons le plaisir de découvrir ce nouvel essai de Bertrand Bonello.

Nocturama, de Bertrand Bonello
Nocturama, de Bertrand Bonello

Au rayon des absents, on regrette de ne pas voir le rare James Gray présent, The Lost City of Z n’étant pas prêt. Il en va de même pour le Martin Scorsese, Silence, à propos duquel Thierry Frémaux s’est exprimé affirmant qu’il pensait l’année passée que le film serait prêt pour cette cuvée. L’absence du vétéran Clint Eastwood est à noter, son Sully ne devait vraisemblablement pas être terminé On avait eu vent de quelques rumeurs laissant espérer par on ne sait que miracle qu’un Terrence Malick aurait une chance de débarquer sur la Croisette. Heureusement, on ne comptait pas trop là-dessus, ce qui amoindrit une potentielle déception. Pour compléter la liste : pas de François Ozon (Frantz), pas de Justine Triet (Victoria), pas dAntonin Peretjatko (La Loi de la Jungle), pas de Katell Quillévéré (Réparer les vivants) et pas de Rebecca Zlotowski (Planétarium). Cette courte liste peut contenir des films qui seront au final présents, à la Quinzaine par exemple, dont la programmation sera dévoilée le 19 avril.

Maintenant venons-en à ceux qui seront là, aux petits chanceux. Une sélection éclectique, mélange plutôt bien dosé entre gros auteurs confirmés et plus jeune génération. Mélange également de nationalités où, aux côtés de la France et des USA, on retrouvera la Roumanie (avec 2 films), l’Allemagne qui signe son grand retour en Sélection Officielle, Les Philippines et même le Brésil ! Franchement, comment ne pas être content devant un tel alignement de noms ? Comment ne pas se réjouir de découvrir en l’espace d’une dizaine de jour le nouveau film de Nicolas Winding Refn, de Park Chan-Wook, de Xavier Dolan, de Jim Jarmusch, des frères Dardenne, de Jeff Nichols, de Paul Verhoeven, d’Olivier Assayas, de Bruno Dumont, de Christian Mungiu, d’Alain Guiraudie, de Pedro Almodovar ? Que des gros noms du cinéma mondial. Lors de la conférence de presse, une journaliste demandait à Thierry Frémaux si le festival avait pour but d’être clinquant, d’être people. En voyant ce casting dingue, la réponse est toute trouvée. En Hors-Compétition, le Festival promet que de l’appétissant. Un Allen en ouverture, qui sera suivi par le nouveau Steven Spielberg, Money Monster de Judy Foster, The Nice Guys de Shane Black avec Ryan Gosling et Russel Crowe, puis Goksung de Na Hong-Jin, le réalisateur du remarqué The Chaser. Puisqu’il n’y en a jamais assez et qu’encore plus de célébrités ne feront jamais de mal au festival, nous aurons droit en séance de minuit à un second projet de Jim Jarmusch, qui viendra sur le tapis rouge avec… Iggy Pop.

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The Neon Demon, de Nicolas Winding Refn

On ne peut pas s’empêcher de se dire que certains sont là juste pour participer au déferlement de stars. Par exemple, on pense à Sean Penn et Ken Loach, ou au film de Shane Black ayant pour but d’attirer avant tout son casting 4 étoiles sur le tapis rouge. On ne peut s’empêcher d’y penser parce que chaque année, on se fait la même remarque : certains ne méritent pas d’être là, pourtant leur nom semble suffisant pour justifier leur présence. L’an dernier c’était le cas pour Gus Van Sant, en 2014 c’était le cas pour Michel Hazanavicius, Atom Egoyan et, déjà, Ken Loach. Le festival tient son charme de cette addition, évidement. Bien sûr, on joue les mauvaises langues et on pourrait être surpris par le nouveau Sean Penn, mais on se préféré se mouiller en faisant part de nos doutes pour voir s’ils se confirmeront. Les deux dernières sélections, inégales qualitativement, avaient déjà un sacré lot de noms remarquables. Mais cette année, l’attente est, sur le papier, démultipliée. Reste à voir les films maintenant. Parce que si les noms nous parlent autant, ce n’est pas tant parce qu’ils sont populaires, mais parce qu’ils sont garants de diverses formes de cinéma, toutes avec des spécificités et des charmes différents. Précisons qu’il est possible que le moment venu, on s’enflamme, que nous soyons tranchés et radicaux dans nos avis. C’est simplement l’intensité d’un tel festival qui veut de telles réactions. Au diable GrayBonello et Eastwood, sur le papier, cette sélection pue le cinéma. A elle de nous prouver qu’on avait raison de s’enflammer avant l’heure. A dans un mois, donc.

Maxime Bedini

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