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[Interview] Clovis Cornillac pour UN PEU, BEAUCOUP, AVEUGLÉMENT

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La critique du film
l’interview de Lilou Fogli

[dropcap size=small]A[/dropcap] l’occasion de la sortie, le 6 mai, de l’excellent UN PEU, BEAUCOUP, AVEUGLÉMENT, nous avons eu la chance de rencontrer Clovis Cornillac en tant que réalisateur, et Lilou Fogli, sa femme, à l’origine du projet. Deux rencontres séparés qui permettent d’en savoir davantage sur la genèse de cette comédie romantique originale et personnelle. (voir l’interview de Lilou Fogli)

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à passer derrière la caméra ?

-Clovis Cornilac : En fait rien ne m’a poussé pour être sincère. Cela fait trente ans que je joue et pendant vingt-cinq ans j’ai dis, à tort, que je ne réaliserai jamais. Il y a cinq ans, ça a commencé à me titiller. Mais je ne pense pas qu’on fasse un film parce qu’on en a envie, plutôt parce qu’on en a besoin. J’ai donc laissé ça un peu de côté jusqu’à ce que ça monte suffisamment.

L’idée proposée par Lilou est finalement arrivée au meilleur moment.

-C.C. : Oui j’ai trouvé son idée intéressante et je lui ai demandé de développer. En lisant la version 1 ça m’a plu, j’avais envi de le faire. Je suis donc rentré dans l’écriture. A partir du moment où j’ai vraiment eu « mon » scénario rien ne pouvait m’arrêter. A part la recherche de financement qui n’est jamais très agréable, mais sinon j’étais vraiment habité.

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On remarque des styles différents tout au long du film. On passe notamment de Tex Avery à un clin d’œil au cinéma muet. Vous aviez envi d’en faire des références ?

-C.C. : En fait pour moi tout ça est cohérent. Un film, c’est comme un être humain. Dans la vie, il y a des moments burlesques, d’autres dramatiques ou chaotiques. Et donc de la même manière tout ça fait partie de la même narration. Etre dans le burlesque ne veut pas dire faire tout un film comme ça. En fait de manière inconsciente j’ai fais ce que j’attend du cinéma.

Avec ce décor de studio très marqué il y a un côté romances hollywoodiennes des années 1950. C’est un cinéma qui vous inspire ?

-C.C. : Avec le cinéma des années 1940-1950, il y a d’abord un cahier des charges très clair. Mais malgré cela ce sont des films qui parviennent à voir plus loin. Ils gardent une dimension spectaculaire, tout en faisant écho à quelque chose de plus profond. C’est le cas autant pour les westerns de John Ford que les comédies de Capra ou de Lubitsch par exemple. Ca va plus loin que le spectacle. C’est ce qui m’a fait aller au cinéma et je pense que c’est vers ça que j’essaie d’aller.

Parlez nous de votre rapport à la musique, notamment avec Serge Lama qui a une importance particulière dans le film.

-C.C. : Serge Lama a une fonction comique dans le film. De passer à Serge Lama avec Je suis malade juste après un orgasme sur Chopin, ça me fait rire. Mais concrètement je pense que la variété nous a tous habité. Moi, en 1977, quand il fait Je suis malade, je suis un punk qui écoute les Clash et les Sex Pistols. Mais ça m’arrivait d’attendre mon père dans la 4L, d’entendre cette chanson et d’avoir un gros chagrin parce que ça me touchait à ce moment là. En cela la musique a cette force je trouve. C’est le vecteur le plus immédiat, qui parle sans demander d’intelligence. Je voulais donc rendre hommage à cette idée avec la variété et avec Serge Lama que j’aime beaucoup. Parce que dans le fond on a tous des trucs pourris dans la tête qu’on ne dirait pas à ses potes.

Du coup comment s’est passée votre collaboration avec Guillaume Rousel qui a signé la musique ?

-C.C. : La rencontre avec Guillaume a été formidable. On a compris tout de suite de quoi on parlait. J’étais content d’avoir quelqu’un qui a travaillé sur des films très épiques et qui n’a pas peur. Du coup il était très réactif et l’échange s’est avéré très nourrissant.

”Réaliser, c’est la plus belle chose, professionnellement, qui me soit arrivée dans la vie”

Vous dénoncez rapidement l’usage du téléphone portable.

-C.C. : Alors évidemment ça n’est pas un film à message. On ne cherche pas à porter un discours. Je voulais juste dire autour d’une blague que c’est quelque chose qui prend une place et qui peut être un peu lourd. Bien sûr c’est chouette, c’est incontournable aujourd’hui, mais il y a peut-être un moyen de l’utiliser à bon escient. De temps en temps ces machines sont intrusives, c’était drôle d’en faire un clin d’œil tout en disant de manière simple, faisons gaffe de pas se perdre.

Vous avez cumulez les emplois sur ce film. Comment gérer la réalisation et votre jeu d’acteur ?

-C.C. : En fait ça n’a pas été très compliqué. On a organisé le tournage pour que je puisse réaliser toute la journée sans avoir à être le partenaire des autres. C’est donc Pierre Cognon, un réalisateur et comédien, qui a fait ma doublure. Je suis resté derrière la caméra mais jamais en face des acteurs, c’est-à-dire derrière le mur. Ils n’ont donc jamais joué avec moi. J’ai pu davantage regarder les acteurs et à la fin on tournait les plans sur moi avec une équipe réduite.

Ce n’est pas compliqué de se diriger soi-même ?

-C.C. : En fait sur beaucoup de films il n’y a pas de direction d’acteur. Donc c’est quelque chose que j’ai vécu plein de fois. Ca n’a jamais suscité la moindre angoisse ou complication.

Vous êtes satisfait de votre première expérience ?

-C.C. : Je savais précisément ce que je voulais. Chaque décors, chaque plan, est pensé et décidé de manière précise. Je voulais filmer en scope, je voulais ce rythme, ce genre de musique. Au final c’est vraiment le cinéma que je voulais faire. Sans être dans l’auto satisfaction, c’est très agréable de pouvoir produire ce qu’on veut à la base. Et finalement je pense que réaliser, c’est la plus belle chose, professionnellement, qui me soit arrivée dans la vie.

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Vous êtes donc prêts à repasser derrière la caméra ?

-C.C. : Ce n’est pas que je suis prêts, c’est que c’est une obsession désormais. Mon rêve absolue c’est d’en faire un deuxième et de continuer. Ca serait un deuil pour moi si je ne pouvais pas en faire d’autres parce que c’est extraordinaire, je suis vraiment tombé amoureux de la réalisation.

Vers quoi voudriez-vous aller par la suite ?

-C.C. : Si je peux faire d’autres films je pense que ça sera toujours avec un support de genre. C’est quelque chose qui me correspond. C’est un moyen de parler de soi tout en cherchant à la base à réunir les gens dans la salle pour une rendez vous. C’est avant tout ça qui me plait.

 

[divider]INFORMATIONS[/divider]

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6 mai 2015 - Un peu, beaucoup, aveuglément.jpg1

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[column size=one_half position=last ]CRITIQUE
Interview de CLOVIS CORNILLAC
Interview de LILOU FOGLI

 
Titre original : Un peu, beaucoup, aveuglement
Réalisation : Clovis Cornillac
Scénario : Lilou Fogli, Clovis Cornillac, Tristan Schulmann et Mathieu Oullion
Acteurs principaux : Clovis Cornillac, Mélanie Bernier, Lilou Fogli, Philippe Duquesne
Pays d’origine : France
Sortie : 6 mai 2015
Durée : 1h42mn
Distributeur : Paramount
Synopsis : Lui est inventeur de casse-têtes. Investi corps et âme dans son travail, il ne peut se concentrer que dans le silence.
Elle est une pianiste accomplie et ne peut vivre sans musique.
Elle doit préparer un concours qui pourrait changer sa vie.
Ils vont devoir cohabiter sans se voir…

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