MONSIEUR SIM

[INTERVIEW] Michel Leclerc et Jean-Pierre Bacri

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Nous avons rencontré à l’occasion d’une présentation de LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM, le réalisateur Michel Leclerc et l’acteur principal Jean-Pierre Bacri.

Les échanges ont été nombreux à propos du personnage principal François Sim. Des échanges chaleureux, et accompagnés de ce brin d’humour qui caractérise les deux artistes !

Photo du film LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM
© Mars Films

Pouvez-vous définir le personnage de François Sim ?

– Michel Leclerc : C’est un dépressif joyeux et l‘ambiguïté du film est de montrer quelqu’un qui ne va pas bien mais qui garde un certain goût pour remonter cette pente, avec des creux assez profonds ; il fait tout pour ne pas s’enfoncer, il gratte aux parois. 
– Jean-Pierre Bacri : Le personnage pratique beaucoup la méthode Coué : en étant positif, il a la possibilité de rester dans le monde. Il n’est pas vraiment lucide sur lui-même, il n’a pas conscience de paraître inopportun, ni d’être un raseur. Il se comporte un peu comme s’il était dans une cour de récréation, il a la candeur d’un enfant qui ne s’embarrasse pas de scrupules, qui n’a ni pudeur, ni inhibitions. 

Pouvez-vous nous dire ce qui vous a attiré dans le personnage de François Sim ?

– Jean-Pierre Bacri : J’ai tendance à refuser beaucoup de films, il paraît que j’ai même refusé des rôles que m’a proposé Michel Leclerc, je ne m’en souviens plus ! Je ne veux absolument pas figurer sur ces listes des mêmes acteurs qu’on retrouve dans tous les films.
J’ai été touché, bouleversé même, par le désarroi de ce personnage qui essaie de survivre. Il a une forme de dépression altruiste. C’est un rôle super stimulant mais difficile à jouer, parce qu’il n’est pas proche de moi, même si j’y ai retrouvé quelque chose que j’avais en moi. 

J’ai aussi aimé l’idée qu’on peut se retrouver à tout âge, qu’à n’importe quel moment de notre vie on peut prendre conscience de quelque chose qui ne nous était pas apparu jusque-là. Avec ou sans psychanalyse, je suis persuadé qu’on peut s’alléger du poids de tout ce qui entrave une vie, ce qu’on porte d’une génération à l’autre : les secrets de famille, nos névroses. J’aime le personnage parce que toute sa vie il a été à côté de son désir, de son plaisir et a été empêché. C’est en cela que c’est un film optimiste.

Photo du film LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM

Diriez-vous qu’il s’agit d’un film sur la solitude dans un monde d’hyper-consommation ?

– Michel Leclerc : C’est effectivement un film sur la solitude malgré tous les appareils de communication à notre disposition pour nouer des contacts. C’est un film qui met en parallèle deux solitudes : celle du navigateur Crowhurst et celle de François Sim. Tous deux vont voyager aussi bien d’un point de vue géographique que temporel – pour François sur les chemins de son passé.
Je voulais parler depuis longtemps de ce rapport aux marques et j’ai essayé de montrer cette uniformisation dans le film, sorte de prison à ciel ouvert, qui renforce l’idée de la solitude. Il y avait un écho aux zones commerciales dans le livre de Jonathan Coe. On n’a pourtant pas été sponsorisé mais une marque de voiture a refusé d’apparaître car elle ne se reconnaissait pas dans notre propos.

C’est difficile de parler à un GPS ?

– Jean-Pierre Bacri : Non ça n’a pas été difficile parce que ça m’a rappelé des dialogues avec certaines actrices qui répondaient dans certains films comme des machines (rires) ! Au départ, cette manière qu’il a de parler à Emmanuelle le GPS est une blague, puis il s’y attache, et il commence à l’aimer. Mais ça fonctionnait bien parce que Michel se mettait à la place du GPS ! 

Photo du film LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM

François Sim évoque à plusieurs reprises Jean Poperen : est-ce parce qu’aucun homme politique socialiste n’a accepté de tourner dans votre film – comme Lionel Jospin dans Le nom des gens ?

– Michel Leclerc : Le livre de Jonathan Coe mettait en évidence un leader Travailliste que tout le monde a oublié, du coup j’ai voulu faire pareil et j’ai eu envie d’évoquer un socialiste que tout le monde ou presque avait oublié. J’ai choisi Jean Poperen. 
– Jean-Pierre Bacri : C’est sûr que pour les jeunes, il ne parlera à personne. Les jeunes ont Kev Adams, nous on a Jean Poperen !

Jonathan Coe a-t-il participé au scénario ?

– Michel Leclerc : Ni de près ou de loin, il nous a fait confiance, à Baya Kasmi et à moi. Il m’a juste demandé de couper une courte scène au montage, ce que j’ai accepté de faire. 

Êtes-vous heureux du résultat de votre composition ?

– Jean-Pierre Bacri : A chaque fois que je me vois dans un film, c’est terrible pour moi et l’expérience aggrave les choses. Je n’aime ni mon image, ni ma voix ! J’ai arrêté de me regarder dans les films après Subway. Je sais bien que je devrais faire l’effort de regarder le film pour voir le travail du réalisateur, mais je reconnais que je n’en tiens pas compte.
– Michel Leclerc : C’est difficile pour Jean-Pierre de faire les avants-première en présence du public, il ne regarde jamais l’écran. 

Quels sont vos projets ?

– Jean-Pierre Bacri : J’écris le scénario d’un film avec Agnès Jaoui, on en est à la première version. Ce sera drôle et grinçant à propos d’un animateur télé et ça s’appellera Place Publique !

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 LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM sortira en salles le 16 décembre. A lire également notre critique du film ici !

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Affiche du film LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM

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Titre original : La vie très privée de Monsieur Sim
Réalisation : Michel Leclerc
Scénario : Michel Leclerc, Baya Kasmi, d’après le roman éponyme de Jonathan Coe
Acteurs principaux : Jean-Pierre Bacri, Mathieu Amalric, Valéria Golino, Isabelle Gélinas, Vimala Pons
Pays d’origine : France
Sortie : 16 décembre 2015
Durée : 1h42min
Distributeur : Mars Films Distribution
Synopsis : Monsieur Sim n’a aucun intérêt. C’est du moins ce qu’il pense de lui-même. Sa femme l’a quitté, son boulot l’a quitté et lorsqu’il part voir son père au fin fond de l’Italie, celui-ci ne prend même pas le temps de déjeuner avec lui. C’est alors qu’il reçoit une proposition inattendue : traverser la France pour vendre des brosses à dents qui vont « révolutionner l’hygiène bucco-dentaire ». Il en profite pour revoir les visages de son enfance, son premier amour, ainsi que sa fille et faire d’étonnantes découvertes qui vont le révéler à lui-même.

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