KIM DAE-HWAN

[INTERVIEW FFCP 2015] KIM DAE-HWAN

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Pour la 10e édition du Festival du film coréen à Paris, c’est le réalisateur Kim Dae-hwan qui est à l’honneur de la section Portrait. Venu présenter son premier long-métrage, END OF WINTER, ainsi que son film précédent, le court-métrage Interview (2011), nous avons ainsi eu l’occasion de le rencontrer. Comme expliqué dans notre critique, END OF WINTER est une oeuvre qui peut être difficile d’accès, mais qui n’en reste pas moins intrigante et porteuse d’un regard sur la société. Kim Dae-hwan a accepté de nous en dire davantage sur la thématique familiale dans la culture coréenne, sur son intérêt personnel et sur sa façon de mettre cela en scène.

 

Dans Interview, votre court-métrage présenté durant le Festival du film coréen à Paris, vous mettiez en scène une relation père et fils. Avec END OF WINTER, on retrouve la thématique familiale. C’est quelque chose qui vous tient à coeur ?

– Kim Dae-hwan : J’ai commencé à faire des films à l’université. A l’époque, la plupart de mes amis voulaient raconter des choses en rapport avec leur vécu, sur des moments forts de leur vie. Moi, ma vie a toujours été assez banale en fait. A part la fois où je me suis cassé le bras en jouant au football, il n’y a rien eu de bien marquant. (rire) Et finalement ce qui me revenait souvent à l’esprit, c’était ma relation avec mon père. On ne communique pas beaucoup tous les deux, c’est une relation distante et un peu difficile. Mais j’ai remarqué que c’était également le cas pour mes amis avec leur père. Je me suis demandé d’où ça pouvait venir. Je suis parti de cela pour Interview et ensuite j’ai voulu élargir la réflexion à la famille dans son ensemble, ce qui m’a amené à END OF WINTER.

end of winter

Il est donc question du divorce dans votre film. En France, ce n’est pas quelque chose de tabou et c’est même plutôt courant. Est-ce différent en Corée ?

– K.D : Il faut savoir que dans la société coréenne, contrairement à la France, les gens portent beaucoup d’importance au regard extérieur. Pour notre génération, le divorce n’est plus un tabou. Mais celle de nos parents a longtemps vu ça comme un déshonneur familial et une forme de honte. D’ailleurs, il y a actuellement un phénomène de société avec beaucoup de vieux couples qui divorcent après des années de relation. Donc la différence est surtout générationnelle. Et je voulais avant tout montrer ça comme l’élément qui fait exploser le cercle familial, mais pas en faire spécialement quelque chose de négatif.

Pourtant les enfants ne réagissent pas à l’annonce et restent passifs.

– K.D : Les trois jours qui vont suivre cette annonce du divorce, les personnages vont se découvrir d’une certaine manière. C’est en cela qu’il y a une explosion. Mais par rapport au divorce, on peut dire qu’ils s’y attendaient. Pour eux, la question était juste de savoir quand cela arriverait.

Oui d’ailleurs la seule personne qui réagit, c’est la belle-fille, celle qui est étrangère à la famille.

– K.D : Tout à fait. Par contre elle a surtout un intérêt derrière. Elle voudrait que les parents restent ensemble car il est question d’héritage derrière. C’est pour cela qu’elle semble être la seule à réagir.

Au fur et à mesure les personnages évoluent. Et la mère, qui apparaît détestable dans l’ensemble du film, finit par dévoiler une certaine humanité. On se met à la prendre en pitié. C’était important pour vous de ne pas en faire un personnage uniquement monstrueux et d’arrondir les angles ?

– K.D : En fait dans les films il y a souvent un héros bien établi et des antagonistes. Moi je ne voulais pas faire une telle séparation, en mettant mes personnages dans la case « gentil » ou bien « méchant ». Et puis je pense qu’inconsciemment j’ai voulu retranscrire une part de ma famille. Ma mère, a eu une vie très difficile dans sa jeunesse mais a su s’en sortir. Aujourd’hui, c’est une femme avec un fort ego, fière de ce qu’elle est devenue malgré les difficultés. Son caractère est le fruit de tout son vécu. Ce genre de mère c’est une figure assez banalisée en Corée. Je voulais montrer ces mères coréennes qui ont un côté très stricte et dur, mais avec derrière un côté humain. Tout simplement parce qu’elles ont souffert.

Du coup y a-t-il une part autobiographique dans votre film ?

– K.D : Je pense qu’il y a des épisodes de ma vie qui m’ont servi pour le film, mais à part ça pas vraiment. Mes parents ne sont pas divorcés et tout se passe bien pour eux. (rire)

”Pour notre génération, le divorce n’est plus un tabou. Mais celle de nos parents a longtemps vu ça comme un déshonneur familial et une forme de honte.”

Parlez nous de la symbolique de la neige dans le film, qui retarde le départ des protagonistes et vient étouffer le spectateur.

– K.D : La ville où a été tourné le film se situe dans la région de Cheorwon. Un endroit où il fait très froid en hiver et neige énormément. Ça se situe vraiment à la frontière entre la Corée du Sud et la Corée du Nord. Donc il y a une forte présence militaire aux alentours. Ça crée une atmosphère tendue qui est palpable dans le village. D’autre part, quand il neige, cela recouvre absolument tout. Ça ressemble assez à cette famille qui a des soucis enfouis, qu’on ne peut deviner à cause de la neige. Donc pour moi c’est vraiment une connotation de recouvrement avant d’être l’élément qui empêche de partir.

Avez-vous connu des difficultés durant le tournage en raison de cette présence militaire ?

– K.D : Non pas du tout. Vous savez, ce n’est pas parce qu’on est près de la Corée du Nord qu’il est difficile de tourner un film. Au contraire ce fut davantage intéressant pour moi car, avec toute cette neige, les soldats passaient régulièrement. Dans mon scénario il devait y avoir une séquence avec des soldats justement qui auraient permis de montrer cette présence autour du village. Finalement je me suis retrouvé avec beaucoup d’images, filmées par hasard lorsque des soldats passaient devant la caméra. J’avais déjà tellement d’éléments, avec des soldats totalement naturels du coup, que j’ai retiré cette scène du scénario.

Parlez-nous du format court et du format long, que vous découvrez avec votre premier long-métrage, et de l’évolution que cela implique pour votre travail.

– K.D : Lorsque je faisais des courts-métrages je voulais mettre beaucoup de style, montrer des choses atypiques, avoir des personnages excentriques, et finalement en faire un peu trop. J’ai su plus tard que c’était idiot. Je me suis donc remis en question et j’ai réfléchi à ce qu’était vraiment la réalisation d’un film. Je me suis focalisé sur le mouvement des comédiens, sur comment mettre en scène les choses devant la caméra. C’est ce qui m’a amené à vouloir faire un film assez simple, sans fioriture.

Qu’est-ce que cela représente pour vous de pouvoir présenter votre film à l’étranger ?

– K.D : Mes films ont déjà été présenté dans quelques festivals en Asie, en Europe, en Australie (etc.). C’est toujours un grand plaisir. Mais ici, de le présenter à Paris, c’est d’autant plus un honneur car pour moi le public français a un œil très aiguisé sur la culture. Je suis très heureux qu’il puisse voir mon film.

Le cinéma coréen apparaît très diversifié, mais avec une sorte de thématique commune ; le regard critique sur la société. Quel est votre avis sur la question ?

– K.D : En fait je pense que c’est quelque chose qu’on voit souvent dans le cinéma en général, pas forcément coréen. Tout dépend du point de vue du réalisateur. Car les réalisateurs ne se disent pas forcément « tiens je vais faire un film avec un message sur la société ». Par contre, lorsqu’on crée un personnage, on se pose des questions et on doit lui construire un background. Celui-ci vient de la société, c’est elle qui le rend comme il est. On doit donc évoquer son passé et alors forcément parler du système et de la société qui l’ont créée. C’est peut-être dans ce sens qu’on retrouve cette thématique dans le cinéma coréen.

Enfin, quels sont vos projets pour la suite ?

– K.D : J’ai encore envie de faire des films sur la thématique familiale, qui traiteraient des saisons, de l’espace et donc de la famille.

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Propos recueillis par Pierre Siclier

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[divider]FESTIVAL DU FILM CORÉEN A PARIS 2015[/divider]

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– Sommaire de la 10e édition

– Infos pratiques

Cérémonie de clôture

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Le Festival du Film Coréen à Paris, 10 ans de passion

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[toggler title= »CRITIQUES » ]

A MIDSUMMER’S FANTASIA, de Jang Kun-jae
– ALICE IN EARNESTLAND, de Gooc-jin Ahn
ASSASSINATION, de Dong-hoon Choi
END OF WINTER, de Kim Dae-hwan
ISLAND, de Park Jin-seong
SPELLBOUND, de Hwang In-ho
VETERAN, de Ryoo Seung-wan

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Interview de Jang Kun-jae, réalisateur d’A MIDSUMMER’S FANTASIA

Interview de Kim Dae-hwan, réalisateur d’END OF WINTER

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