Image du film Pseudonym
© Destiny Films

[CRITIQUE] PSEUDONYM

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Scénario
5
Mise en scène
4.5
Casting
7
Thriller
4
Drame
3
Note des lecteurs0 Note
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4.7
Note du rédacteur

Pour son premier long-métrage, Thierry Sebban, aperçu notamment dans la série Pigalle, la nuit, s’est attaqué à un gros morceau. Son point de départ, l’affaire Halimi qui avait défrayé la chronique il y a de ça 10 ans. Père, le comédien s’inquiétait au même moment des dangers du web. Il a alors cherché à combiner les deux, se demandant si Internet ne pouvait pas être un vecteur des pires horreurs de ce monde. Ainsi est né PSEUDONYM, l’histoire d’Alex, un père divorcé, cadre qui s’ennuie et qui se retrouve à « dîner » en ligne avec une inconnue. Bien sûr, tout ne va pas se passer comme prévu et Alex va devenir la victime d’une chasse à l’homme macabre. La proie d’un psychopathe qui se paye un tueur à gages pour buter des gens en streaming et au hasard, parce qu’il a de l’argent et qu’il s’emmerde.

Fauché, tourné en douze jours, PSEUDONYM transpire l’urgence. Malheureusement, le film passe à côté de son sujet. Interdit aux moins de 16 ans, PSEUDONYM a le goût et l’odeur d’une bonne série B mais n’assume pas. En voulant convoyer un message un poil moralisateur et parano sur le net, PSEUDONYM passe de l’autre côté et fait dans le donneur de leçon en oubliant de divertir. A l’inverse, en voulant jouer sur la corde du drame, le film se plante, faute d’avoir les moyens de ses ambitions. On se retrouve le cul entre deux chaises. Entre un thriller bancal et prétentieux et un drame mal fichu, car fauché.

Photo du film PSEUDONYM
© Destiny Films

C’est dommage, car le film n’est pas mauvais au fond et fourmille de bonnes idées mal exploitées. On pense par exemple aux écrans de téléphone ou d’ordinateur, récurrents, dans le long-métrage. Amenés maladroitement, leur effet tombe souvent à plat et on ne peut s’empêcher de penser à Open Windows, thriller raté qui exploitait le concept de l’action filmée à travers des écrans. Si le film s’avérait mal ficelé, il avait le mérite de pousser son concept jusqu’au bout, avec un certain brio.

[toggler title= »Open Windows ou le concept-movie raté » ] Open Windows avait tout pour plaire sur le papier. Elijah Wood et Sasha Grey dans un thriller 2.0 à la sauce Fenêtre (d’ordinateur) sur cour. Une histoire de voyeurisme et de chantage à la sextape, en gros, qui tourne mal. L’intérêt du film était surtout technique, faisant se dérouler l’action sur un unique écran d’ordinateur au grès d’ouvertures de flux vidéo. Malin.

Formellement, le film fonctionne à fond et l’action vue à travers un ordi est lisible en tout point. Malheureusement, le long-métrage n’arrive pas à sortir de son concept et se ramasse violemment dans son intrigue qui, passé le deuxième tiers (et alors que tout allait bien, vraiment), part dans l’absurde et le grandiloquent avec des retournements de situations grotesques , sans qu’on sache trop pourquoi. Ce qui aurait pu n’être qu’une série B au concept maîtrisé se transforme en violent nanar frustrant. Une déception comme on en fait rarement. [/toggler]

De la même manière, la violence, dans PSEUDONYM, est étrangement traitée. La scène de torture, point d’orgue du film, donne presque dans le torture-porn à la Hostel, sans avoir l’air d’y toucher. Résultat, cette absence de parti pris radical laisse une drôle de sensation. En donnant dans le gore, mais pas trop, Thierry Sebban (ici acteur principal, réalisateur, scénariste et monteur) joue l’équilibriste et on finit par se demander si cette scène était vraiment utile. Si un hors champ à la Tarantino dans Reservoir Dogs ne suffisait pas… Dans Hostel, Eli Roth avait le mérite d’être jusqu’au-boutiste, la force de son film résidant dans sa deuxième partie, radicale, sans concession et dure. Sa critique d’un capitalisme prêt à tout, même à payer pour tuer, à la recherche d’un peu d’adrénaline, avait alors dix fois plus d’impact. Eli Roth en avait montré (presque) frontalement toutes les horreurs, sans prendre de gants (ou si peu). 

« PSEUDONYM est une série B qui ne s’assume pas. »

La comparaison est intéressante, car les trames des deux films sont relativement similaires. Sans spoiler, dans Hostel, une bande de jeunes en voyage  se fait draguer dans une auberge de jeunesse d’Europe de l’Est. Ils sont en fait victimes de rabatteuses qui conduisent à leur enlèvement. Ils découvrent alors que de riches personnes sont prêtes à payer très cher pour tuer ou torturer des gens. Dans PSEUDONYM, Alex se fait draguer par une rabatteuse, Nina. Il sera alors poursuivi par un tueur à gages embauché par un mec riche, prêt à payer très cher pour qu’on tue ou torture des gens par webcam interposée. Dans le premier, les sévices sont montrés sans pincette, au risque d’aller très très loin. De quoi marquer les esprits durablement quitte à être insupportable par le moment. C’est un parti pris qui fonctionne, car assumé. (Et encore, Hostel reste très timide dans le genre)
Dans le second, on en voit tellement peu, que le public sensible en aura déjà trop, de toute façon, tandis qu’un public averti se demandera si ça valait vraiment le coup de lancer les hostilités si c’est pour stopper net. Mal dosée, la violence montrée ne sert à rien, elle ne remplit aucun objectif si ce n’est celui de choquer (à peine) pour le plaisir de choquer. À ce niveau, suggérer aurait largement suffi pour faire passer le message.

Photo du film PSEUDONYM
© Destiny Films

La bonne idée de Thierry Sebban, à l’inverse d’Hostel en revanche, est de s’attarder sur le sort de la rabatteuse. Si on est en droit de questionner l’utilité de plans un peu gratuits et insistants sur la plastique nue de Perrine Tourneux à un moment du film, force est d’admettre que la gestion des conséquences de ses actes par la jeune femme est subtilement traitée. Assez justement, on parvient à saisir toute l’ambiguïté de ce personnage, victime collatérale de cette sordide histoire, mais néanmoins complice.

Porté par une distribution de haute tenue (Igor Skreblin et Simon Abkarian assez savoureux en méchants de luxe ), PSEUDONYM n’est pas un navet, loin de là. Visuellement, si on note quelques cadrages surprenants (pas dans le bon sens) et deux trois plans un peu étranges, le résultat n’est pas indigne, surtout pour un long tourné aussi vite avec un budget riquiqui.  Mais, en naviguant entre deux eaux, Thierry Sebban donne la sensation de se perdre parfois. Il perd alors le spectateur et au fond, on ne sait pas ce qu’on a vu. Un film de genre sympathique qui s’autocensure, plombé par un message un peu lourdingue ou un drame raté qui veut prévenir des dangers du web en sombrant dans le gore inutilement. Dans un cas comme dans l’autre, on ne déteste pas, mais on n’aime pas non plus.

Etioun

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

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Affiche du film PSEUDONYM

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Titre original : Pseudonym
Réalisation : Thierry Sebban
Scénario : Thierry Sebban
Acteurs principaux : Thierry Sebban, Perrine Tourneux, Igor Skreblin, Simon Abkarian
Pays d’origine : France
Sortie : 9 mars 2016 (interdit aux moins de 16 ans)
Durée : 1h14
Distributeur : Destiny Films
Synopsis : Alex est un père divorcé, un cadre stressé. Ce soir, il a un rendez-vous avec une jeune inconnue… sur Internet. Mais cette rencontre va le plonger dans une spirale infernale et bouleverser à jamais le cours de sa vie. Une chasse à l’homme se met en place jusqu’à ce qu’il soit pris au piège. Cette nuit, c’est lui la proie…

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Rédacteur depuis le 16.05.2015

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Scénario
Mise en scène
Casting
Thriller
Drame
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