Cela ne fait que six mois que la célèbre série adaptée des romans de George R. R. Martin s’est terminée et pourtant chaque plateforme de streaming a déjà misé sur de nouveaux contenus ambitieux afin de récupérer les fans de Game of Thrones devenus orphelins…
His Dark Materials (BBC One/HBO)
Adaptée de la trilogie de Philip Pullman, la nouvelle série de la BBC permet enfin de rendre hommage à la qualité des romans de l’auteur britannique. Après une première adaptation ratée avec Nicole Kidman en 2007, les aventures de la jeune Lyra Belacqua prennent enfin vie à l’écran avec un casting porté par James McAvoy, Ruth Wilson et Dafnee Keen. En plus de la qualité de ses acteurs, la série éblouit visuellement les spectateurs dès les premières minutes. On y suit les aventures de la jeune Lyra Belacqua et de son dæmon (un animal qui est la manifestation de son âme) à la recherche de la vérité concernant la Poussière mais également de son meilleur ami Roger qui a été kidnappé. À ce périple s’ajoutent des aventuriers, des gitans, des ours en armures ainsi que des sorcières époustouflantes. Il est donc évident dès le début du premier épisode que Jack Thorne a non seulement offert à sa série un budget important concernant les effets spéciaux mais également des paysages épiques, une musique envoûtante et des personnages particulièrement bien construits. Ainsi, s’il n’est pas nécessaire pour le public d’avoir lu les livres pour apprécier l’histoire, certains spectateurs avertis apprécieront quelques détails croustillants qui anticipent le déroulement de l’intrigue pour le plus grand plaisir des plus informés. Le traitement des romans par les scénaristes permet en effet de dépasser une classification superficielle des livres en littérature jeunesse au profit d’une atmosphère de plus en plus complexe à l’instar de celle suivant l’évolution des aventures d‘Harry Potter. Cette nouvelle pépite semble ainsi posséder toutes les qualités pour s’imposer en tant que référence culturelle au même titre qu’Harry Potter, Narnia ou Les Seigneurs des Anneaux. Néanmoins, seule ombre au tableau, si HIS DARK MATERIALS offre une aventure épique digne des grandes épopées à la Game of Thrones, les accros au sang et au ébats sexuels en tout genre peuvent d’ores et déjà changer de programme télévisé. Ainsi, si les fans de Philip Pullman qui était désespérés depuis la première adaptation de 2007 trouveront leur bonheur, certains admirateurs de Game of Thrones risquent d’être un peu déçus par le manque de débauche et de cruauté de la série.
Potentiel : 7/10
The Witcher (Netflix)
Pour les amateurs de fantasy qui ne trouveront pas leur bonheur avec HIS DARK MATERIALS, Netflix a la solution : THE WITCHER. Également adapté d’une série littéraire à gros succès, cet autre candidat au titre de digne héritier de Game of Thrones a été dévoilé le 20 décembre après de longs mois de promotion médiatique. Depuis vendredi, les spectateurs peuvent donc suivre les aventures de Geralt de Riv, un « sorceleur » (Witcher) soit une sorte de mutant méprisé par tous dont le dur métier est d’éliminer les créatures les plus dangereuses avant qu’il ne soit retrouvé par la jeune princesse Ciri dont la vie est en danger. Dans le rôle titre, on retrouve un Henry Cavill sans moustache mais doté d’une voix douloureusement rocailleuse et dont le seul potentiel de sympathie est le cheval prénommé Ablette. Avec des scènes de sexe, des intrigues politiques et beaucoup de sang, THE WITCHER manifeste très clairement son désir de récupérer les fans éplorés de Game of Thrones. Cette volonté est si évidente qu’elle en frôle la grossièreté à tel point que certains journaux listent déjà les points de comparaison entre les deux séries. Ce positionnement de la part de Netflix est d’autant plus considérable que les aventures de Gerald de Riv pourraient bien continuer pendant quelques années (la saison 2 ayant déjà été commandée) alors que la showruneuse Lauren Schmidt évoquait avoir déjà prévu des histoires pour sept saisons. Le souci étant néanmoins que cette série manque cruellement de caractère et d’intérêt comme l’explique parfaitement cet extrait de la critique de Vanity Fair : « Force est de constater que l’on touche plus la série B que le mastodonte auquel on pouvait s’attendre. Il y a, dans The Witcher, des instants surréalistes tant ils paraissent déconnectés du paysage télévisuel actuel. La fin de l’épisode 2, par exemple, dont la chanson d’un barde kitschissime rythme les dernières minutes, a de quoi faire hausser quelques sourcils. On se croirait une décennie en arrière, sur une chaîne mineure. » On ne saurait donc que conseiller aux spectateurs abandonnés et désespérés par la fin de Game of Thrones de passer leur chemin au risque de se perdre dans des intrigues beaucoup trop longues, des dialogues pauvres et des personnages manquant cruellement de caractère.
Potentiel : 4/10
Le Seigneur des Anneaux (Amazon Prime)
De son côté, Amazon Prime continue de dévoiler avec parcimonie des indices sur sa série inspirée de l’univers de J.R.R. Tolkien. Après avoir récemment révélé un premier nom concernant le casting (à savoir, Morfydd Clark dans le rôle de Galadriel), la plateforme s’obstine à faire patienter les fans du Seigneur des anneaux avec des premiers épisodes attendus pour 2021. Si, on sait désormais que ce ne sera finalement pas la jeunesse d’Aragorn qui sera explorée dans la future série mais la période de fabrication des anneaux, on espère néanmoins que d’ici-là Geralt de Riv aura peut-être enfin décroché un sourire afin de réussir à faire encore attendre les fans de fantasy.
Potentiel : ?/10
One Ring to rule them all, One Ring to find them, One Ring to bring them all, and in the darkness bind them, In the Land of Mordor where the Shadows lie. #LOTRonPrime pic.twitter.com/7TuQh7gRPD
— The Lord of the Rings on Prime (@LOTRonPrime) March 7, 2019
See (AppleTV+)
Fidèle à sa stratégie commerciale, AppleTV+ a fait le choix de diffuser une petite quantité de contenus afin d’en optimiser la qualité. Suite à son lancement timide, la nouvelle plateforme n’a pas encore connu le succès qu’elle attendait et ce, malgré des séries originales plutôt prometteuses. Parmi elle, on a remarqué le retour de Jason Momoa sur le petit écran dans See, une dystopie adaptée du livre de Andrzej Sapkowski. Le synopsis était plutôt aguichant d’autant plus que ce nouveau programme a été écrit par Steven Knight (Peaky Blinders) et réalisé par Francis Lawrence (Hunger Games). Avec un budget de 15 millions de dollars par épisode selon le Wall Street Journal, l’histoire suit le parcours d’un chef de clan Baba Voss (Jason Momoa) et de sa famille qui doivent fuir une reine despotique dans un monde où un virus a rendu tout le monde aveugle à l’exception des enfants du héros… Dès les premières images, il est inévitable de faire une comparaison avec Game of Thrones d’autant plus lorsqu’on remarque certains emprunts shakespeariens communs, une violence omniprésente et une perspective apocalyptique. Si See devait permettre à AppleTV+ de se tailler la part du lion dans la conquête du monopole SVOD, le concept n’est finalement pas particulièrement bien exploité et son seul intérêt se réduit à sa direction artistique. Il est néanmoins nécessaire de souligner une amélioration de la série au fur et à mesure des épisodes laissant penser que la saison suivante pourrait relever le niveau à celui de son illustre concurrent.
Potentiel : 5/10
Au moment où le premier épisode de Game of Thrones a été diffusé, l’expression « Peak TV » qui fait référence au nombre démentiel de séries produites actuellement n’était pas encore apparue. Aujourd’hui, alors que la série a touché à sa fin, le monde des séries a été totalement transformé. Finalement, on peut considérer que la véritable puissance de la création d’HBO aura été de redéfinir notre mode de consommation dans la mesure où tout le monde était prêt à bouleverser son emploi du temps pour voir les épisodes au moment de leur diffusion allant jusqu’à poser des jours de congés pour la sortie du season finale.
Dans les années 90, le même mode de fonctionnement existait déjà avec des séries populaires à l’instar de Friends ; or avec la multiplication des plateformes de streaming, on découvre aujourd’hui une forme de télé omniprésente où la qualité des catalogues et le rythme de diffusion font qu’on ne retrouve désormais presque plus de cohésion autour d’un même programme. Ainsi, au-delà de retrouver une nouvelle histoire qui égalerait Game of Thrones du point de vue de la morale, de la cruauté ou du sexe, il s’agirait donc de réussir à découvrir une émission qui réunirait tout le monde, au tour d’un déjeuner ou d’un apéro, afin de partager les derniers rebondissements du programme.
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