Le festival de Sundance 2016 s’est clôturé avec la remise des premiers prix décernés respectivement à Between Sea and Land, THE BIRTH OF A NATION, First Girl I Loved, Jim : The James Foley Story, Sand Storm, Sonita et Weiner.
THE BIRTH OF A NATION de Nate Parker s’est vu honoré du Grand prix du Jury et du prix du public, avec une jolie standing ovation.
Le film se déroule dans le Sud des Etats-Unis, avant la guerre de Sécession, et raconte l’histoire de Nat Turner, un esclave lettré, prédicateur, qui d’instrument de prêche de son maître, va devenir le meneur d’une révolte d’esclave. Le rôle de Nat Turner est campé par Nate Parker lui-même qui cumule donc l’écriture, la réalisation, et le premier rôle de ce film biographique.
Cerise sur le gateau, Nate parker avait financé le film sur ses propres deniers (Même si le basketteur Tony Parker a également participé au financement). Un travail de longue haleine bien récompensé puisqu’il a vendu le film à la Fox pour la modique bagatelle de 17,5 millions de dollars. Une vente rondement menée qui n’est pas sans rappeler les propos de Steven Spielberg et Georges Lucas sur la fin des blockbusters et le succès des petites productions. Si le projet a occupé 7 ans de la vie de son créateur, THE BIRTH OF A NATION aura nécessité seulement 27 jours de tournages pour un budget global inférieur à 10 millions de dollars; c’est à ce jour le plus gros deal de l’histoire du festival.
Nate Parker est pourtant un acteur discret, pas de ceux qui occupent régulièrement le devant de la scène. Plus habitué aux seconds rôles, efficaces toutefois, comme dans The Great Debater, il affirme sa polyvalence et son engagement avec son œuvre.
En triomphant à Sundance, l’acteur-réalisateur propose à l’Amérique de revisiter sa propre histoire. Le nom du film, THE BIRTH OF A NATION n’est d’ailleurs pas anodin; il fait écho au film éponyme de D.W. Griffith, sorti en 1915 controversé pour son discours raciste et son apologie du Klu-Klux Klan. 100 ans après, Nate Parker y oppose sa vision. A l’issue de la projection il déclare :
« Hollywood a été fondé ainsi, il n’y a rien de surprenant à ce que le poison soit dans le fruit. Griffith nous a entraîné sur la mauvaise voie. En tant qu’artiste et en tant qu’homme noir, je voulais me réapproprier ce titre, de manière à ce que, lorsqu’on entend Naissance d’une nation, on ne pense plus à la vieille propagande, mais plutôt à la résistance, l’autodétermination, la naissance d’une nouvelle nation, une nation décidée à se pencher sur ses blessures, à les guérir pour aller de l’avant »
La nomination de ce film intervient dans un contexte de polémique sur les dérives discriminatoires hollywoodiennes. En particuliers les « oscars-so-white » ainsi désignés par de nombreuses personnalités ayant appelé au boycott de la cérémonie, à l’instar de Jada Pinkett Smith où encore Spike Lee. Les déclarations avaient fusé et cela peut se comprendre tant il y avait matière à nominer pour cette saison. On pense par exemple à Samuel L. Jackson pour sa prestation magistrale dans Les Huit Salopards .
On ne parlera pas non plus de la polémique sur Idris El Bond qui pourrait faire l’objet d’un tout autre article. (Mais donnez ce bloody rôle à Idris Elba !)
Pour ce qui est de THE BIRTH OF A NATION, l’acclamation de ce film au festival de Sundance nargue non seulement les oscars, mais c’est aussi un formidable témoignage de la puissance du cinéma indépendant et engagé. Nate Parker qui se définit comme activiste, avait d’ailleurs déclaré s’être attribué ce rôle taillé sur mesure devant le manque de proposition pertinentes et le racisme latent d’Hollywood. L’accueil plus qu’enthousiaste du film laisse présager un succès auprès du grand public.
En tout cas la critique lui prédit un joli parcours… Jusqu’au prochains oscars ?
Yoan
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• Scénario : Nate Parker
• Réalisation : Nate Parker
• Acteurs principaux : Nate Parker, Armie Hammer, Penelope Ann Miller
• Pays d’origine : U.S.A.
• Sortie : Prochainement
• Durée : –
• Synopsis : Le film se déroule dans le Sud des Etats-Unis, avant la guerre de Sécession, et raconte l’histoire de Nat Turner, un esclave lettré, prédicateur, qui d’instrument de prêche de son maître, va devenir le meneur d’une révolte d’esclave.
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