Cet article a pu être réalisé grâce à notre partenaire Ciné+ OCS. Son contenu est indépendant et conçu par la rédaction.
À sa sortie en 1997, COPLAND a connu un bon accueil critique. Malheureusement, ses faibles scores au box-office ont été la cause d’une longue traversée du désert pour Sylvester Stallone… Qui interprète pourtant là l’un des rôles les plus marquants de sa carrière.
Sylvester Stallone n’a pas nécessairement bonne presse aux yeux du grand public. Son erreur aura été de se perdre, une décennie durant, dans des choix de carrière malvenus. De la comédie potache Arrête ou ma mère va tirer aux itérations navrantes de Rambo, la fin des années 80 et le début des nineties ne lui ont effectivement pas toujours réussi. Pourtant, des films comme Cobra ou Les Faucons de la nuit lui confèrent une grande sympathie auprès de certains cinéphiles. Car, s’il est souvent caractérisé uniquement par ses gros bras, l’homme n’est pas dénué de talent. Loin s’en faut.
Un contre-emploi à nuancer
Puisqu’il est besoin de le rappeler, Sylvester Stallone a débuté sa carrière par une double nomination aux Oscars : meilleur acteur et meilleur scénario pour Rocky en 1976. Rocky… Une saga complexe et personnelle, dont il est bel et bien l’auteur. L’œuvre comporte parfois des failles, certes. Mais elle ne se résume pas à la musculature de son héros, comme beaucoup aimeraient le croire. Rocky dit effectivement quelque chose de l’Amérique. Et le portrait n’est pas toujours éminemment sympathique. Stallone recèle donc un attrait et un talent pour la fable sociale qu’on a tristement tendance à oublier.
Et à trop résumer sa carrière à une succession d’actioners interchangeables, COPLAND de James Mangold peut effectivement paraître comme une anomalie dans la filmographie de Sylvester Stallone. Pourtant, dans ce contre-emploi où il joue un sheriff bedonnant, un peu lent et sourd d’une oreille, l’acteur s’illustre dans un registre déjà bien à l’œuvre dans Rocky. Car, au départ, Balboa n’était qu’un outsider un rien simplet, à qui le hasard a offert sa chance. Dans une certaine mesure, le sheriff Freddy Heflin de COPLAND est lui aussi un outsider un rien simplet… Mais lui, a joué de malchance.
Pourquoi l’échec ?
Bien qu’il reçut une critique favorable à sa sortie, le film de James Mangold n’enregistra que de faibles scores au box-office. Si bien que, devenu moins bankable, Sylvester Stallone entama une longue traversée du désert de près de huit ans. Était-ce dû à une lassitude du public ou à un simple rejet de ce personnage moins héroïque ? Peut-être un peu des deux. En 1997, Stallone avait déjà joué les flics, avec plus ou moins de bonheur. Le spectacle ne devait, vraisemblablement, plus faire très envie. Et, d’un autre point de vue, le public amateur d’actioners n’avait peut-être, de son côté, que peu d’appétence pour ce rôle dramatique.
Pourtant, Stallone est superbe dans la peau de ce sheriff. En charge de surveiller une petite ville toute peuplée de flics, il croit sa fonction d’une quelconque importance dans cet endroit par essence calme. Lui qui se rêvait policier, il ne fait que s’écraser devant les hauts-gradés qui l’entourent. COPLAND est un film de désillusions avec un happy end doux-amer. Stallone démontre ici qu’il est capable de davantage. Il prend des risques. Car, tant dans ses échecs que dans ses réussites, l’acteur a toujours osé. Quitte à perdre la partie : « Malgré ses qualités artistiques, l’échec commercial de COPLAND a été, pour moi, le début de la fin », avoua-t-il en 2008.
Grand rôle pour grand nom
La reconnaissance tardive de COPLAND a néanmoins révélé la grandeur de ce film de flics ripoux. Et, outre Stallone et ses 18 kilos pris pour le rôle, on y croise un Ray Liotta camé, alcoolique et bedonnant, un Harvey Keitel petit et hargneux, ainsi qu’un De Niro bureaucrate, une moumoute sur la tête. Il s’agit assurément d’une œuvre de contre-emplois, qui réaffirme le talent des uns et fait émerger celui des autres. Ainsi donc, il place Sylvester Stallone parmi d’illustres noms et, à l’évidence, il s’en sort avec les honneurs. Au point que l’on peut affectivement considérer COPLAND comme l’autre grand rôle de Stallone. Après la saga Rocky… et le premier Rambo. Évidemment.
Lily Nelson