Photo du film EMBRASSE MOI VAMPIRE
Crédits : Metro Goldwyn Mayer (MGM)

Non, EMBRASSE-MOI VAMPIRE n’a jamais été un nanar – Analyse

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Souvent perçu comme un nanar, EMBRASSE-MOI VAMPIRE se révèle, en réalité, bien éloigné de sa réputation. Surprenant et créatif, il dévoile, au contraire, l’une des meilleures performances de Nicolas Cage avant son déclin.

La méthode Cage

Vivier de memes émanent du jeu pittoresque de Nicolas Cage, EMBRASSE-MOI VAMPIRE est, par trop souvent, encore perçu comme un nanar aux yeux des Internautes avides d’humour potache. Pourtant, si Cage s’est rendu coupable de nombreuses excrétions filmiques afin d’éponger ses dettes, le film de Robert Bierman sorti en 1988 n’en fait certainement pas partie. Il demeure cependant l’un des pivots de la carrière de l’acteur, qui le fera basculer dans une surenchère de rôles d’excentriques hystériques, jusqu’à l’overdose. Au point qu’il peine aujourd’hui, sa faillite personnelle derrière lui, à retrouver une crédibilité au cinéma.

Comédie horrifique des plus hypnotiques, EMBRASSE-MOI VAMPIRE fait état de la déchéance de Peter Loew, riche avocat new-yorkais, persuadé d’avoir été transformé en vampire par l’une de ses nombreuses conquêtes d’un soir. L’occasion pour Cage d’explorer et d’approfondir son jeu caractéristique. Comme le rappelle justement Dis-cor-dia, l’acteur définit son travail, selon ses propres termes, comme du “western kabuki” ou du “nouveau-shamanic”. Soit une technique de jeu moins basée sur l’incarnation du personnage, que sur l’expression, le physique, le visage et le regard de l’acteur.

Descente aux enfers 

À travers son western kabuki, Cage entend laisser transparaître des notions, des concepts ou des idées. Or, s’il n’a pas toujours réussi son coup, on lui concède néanmoins une victoire dans EMBRASSE-MOI VAMPIRE. Bien sûr, le bougre cabotine en diable. Ce qui contribue en grande partie aux aspects comiques du film. Toutefois, quelque chose dans sa posture évoque effectivement Nosferatu, voire même le personnage de Knock, serviteur contri du comte Orlock. Une posture qui renvoie à l’asservissement pathétique de Peter Loew face à Rachel, réceptacle de ses fantasmes, qu’il tient pour responsable de sa transformation.

Rachel, interprétée par Jennifer Beals, incarne, par ailleurs, la seule figure féminine à n’éprouver qu’un intérêt relatif pour cet avocat abusif et imbu de lui-même. Si, par certains aspects, le film affiche une morale simpliste quant au comportement de Loew vis-à-vis des femmes, il n’empêche que la descente aux Enfers de ce salaud patenté demeure jouissive. 

De même, bien qu’il abuse quelque peu de l’exposition des corps féminins, EMBRASSE-MOI VAMPIRE témoigne tout de même, à son corps défendant, de certaines injustices sociales et de violences subies par les femmes à l’aune des années 90. Et ce, malgré quelques maladresses, imputables à son époque. 

Crocs en plastique et canapé-cercueil

Alva, la secrétaire de Peter Loewe, harcelée et abusée par son boss, demeure une illustration louable de ces femmes d’origine étrangère, corvéables à merci, et considérées comme quantité négligeable par leur hiérarchie. Si le trait se révèle – Cage oblige – effectivement forcé, ce portrait de victime type n’était pas nécessairement courant dans la représentation glamour des riches bourgeois new-yorkais de cette décennie. De même, bien qu’on lui reproche une mise en scène et des thématiques calquées sur After Hours de Scorsese, EMBRASSE-MOI VAMPIRE regorge d’idées visuelles, loin d’être honteuses.

Les non-initiés se gausseront volontiers du kitsch de la chauve-souris mécanique de l’une des scènes d’ouverture. Les dents de vampire en plastique de Nicolas Cage n’en demeurent pas moins hilarantes. Tout comme son cercueil de pacotille, constitué d’un canapé retourné et de quelques coussins disposés sur le sol. Pas si stupide qu’il n’y paraît, créatif malgré quelques facilités, EMBRASSE-MOI VAMPIRE se révèle surprenant par bien des aspects, pour peu que l’on apprécie encore le spectacle de Cage en roue libre. Un spectacle qui trouve ici une pertinence, que l’acteur n’a que rarement rencontré au cours de ses années d’errance. Finalement loin du nanar, plutôt un film de genre à part.

Lilyy Nelson

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