Photo du film HIGHLANDER
Crédit : 20th Century Fox

Pourquoi HIGHLANDER est-il devenu culte ? – Analyse

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Kitsch. Ridicule. Vieillot. Christophe Lambert. Avec les années, la réputation d’HIGHLANDER a perdu de sa superbe. Pourtant, le film de Russell Mulcahy n’est pas devenu culte par hasard. Bien au contraire…

Sorti en 1986, HIGHLANDER de Russell Mulcahy n’a connu qu’un succès relatif en salles. Malgré un budget raisonnable d’environ 16 millions de dollars, son exploitation ne le rendit que peu rentable. L’échec commercial fut cependant bien plus cuisant sur le continent américain, où il engendra seulement 2,5 millions de dollars de recette. En France, l’accueil se révèlera plus chaleureux. Certainement en raison de la présence de Christophe Lambert dans le rôle principal. Car, si l’acteur est aujourd’hui raillé pour ses choix de carrière discutables, il était à cette époque un jeune premier encore bankable.

Au total, HIGHLANDER cumulera à peine 6 millions de dollars au box-office mondial. Et ce, malgré toute la bonne volonté des spectateurs français… Qui se pressèrent d’ailleurs nombreux à la première sur les Champs-Élysées. L’événement prit une telle ampleur que, selon le réalisateur, « les gens sont devenus fous ». Un aperçu éloquent de la popularité de Christophe Lambert au milieu des années 80. Malgré cette exception française, l’histoire aurait pu s’arrêter là. Compte-tenu du faible bénéfice engrangé par le film et des retours critiques pour le moins clivants, aucun producteur ne se serait risqué à mettre une suite en chantier.

VHS classic

Pourtant, HIGHLANDER, c’est désormais une saga de 6 films de qualité variable, un comics en quatre volumes, des dizaines de romans adaptés, ainsi que quatre séries, dont deux d’animation. Aussi, un projet de remake, perdu dans un Enfer de développement depuis 2008. Alors, comment expliquer cet univers étendu ? Simplement, par un succès vidéo retentissant. D’abord hit des vidéoclubs, la VHS d’HIGHLANDER s’est également vendue à des millions d’exemplaires de par le monde, dès sa sortie en 1987. Et le public ne s’y est pas trompé : le film détient effectivement toutes les qualités inhérentes au divertissement vidéo de l’époque.

Photo du film HIGHLANDER
Crédit : 20th Century Fox

Car, qu’on se le dise, HIGHLANDER, c’est fun. On y voit des combats à l’épée, des décapitations, des nichons, des éclairs, des pneus qui crissent… Tout ce qui, dans les années 80 – et aujourd’hui encore -, composait un combo gagnant. De plus, le film se dote d’un bad guy charismatique en la personne de Kurgan, incarné par Clancy Brown. Sale, répugnant, cruel, il incarne le mal à l’état pur. Dans une vision certes stéréotypée, mais qui n’en demeure pas moins jouissive. Toutefois, résumer HIGHLANDER à sa seule dimension spectaculaire serait réducteur. Puisque le film recèle bien d’autres qualités, qui lui ont permis de se différencier d’autres succès VHS du même acabit.

Il ne peut en rester qu’un

En effet, HIGHLANDER déploie un univers riche et passionnant. Cette histoire d’immortels, voués à se battre à travers les siècles jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un, ne manque pas de potentiel. Bien sûr, le scénario comporte des failles… Si des immortels naissent à chaque génération, le duel final n’est-il pas sans cesse repoussé ? Que provoque l’énergie visiblement libérée par l’adversaire une fois décapité ? Quel prix remporte le dernier survivant ? Sur ces points, l’œuvre originale reste floue, et même cruellement floue. Il n’en faut cependant pas plus pour attiser la curiosité du spectateur et lui donner irrésistiblement envie d’en voir plus.

Photo du film HIGHLANDER
Crédit : 20th Century Fox

HIGHLANDER se distingue également par une esthétique remarquable. Le film rattrape de grossières erreurs de montage, ainsi que des transitions relativement hasardeuses, par un sens léché du cadrage et une photo joliment travaillée, que la récente restauration 4k permet de mieux apprécier. Réalisateur phare de l’ère du clip vidéo, Russell Mulcahy tire son épingle du jeu grâce à une touche arty déjà expérimentée sur Razorback. Par ailleurs, si les effets visuels accusent le poids des années, certains ne manquent pas de créativité. À l’image de ces voitures vrombissantes, comme animées par la puissance du duel à l’épée, dans le parking de la scène d’introduction.

A kind of magic

Et pourtant, considérant les aléas du tournage, la partie était loin d’être gagnée. Russell Mulchay dut en effet composer avec un Sean Connery démissionnaire et ivre à longueur de journée. De même que Christophe Lambert rencontrait des difficultés, en raison de sa faible maîtrise de la langue anglaise. La production fut d’ailleurs contrainte de faire appel à un coach spécialisé. Pour couronner le tout, Clancy Brown souffrait d’allergies sévères au maquillage. Intimidé par Sean Connery, il peina également à conclure leur scène d’affrontement en Écosse.

Photo du film HIGHLANDER
Crédit : 20th Century Fox

Malgré ces contraintes et ses nombreux défauts, beaucoup ont su déceler en HIGHLANDER ses qualités artistiques, comme son potentiel narratif. Si les suites ne parviendront jamais véritablement à supplanter l’original, la série menée par Adrian Paul dans les années 90 apportera tout de même des réponses satisfaisantes aux questions laissées sans réponse. Du reste, on garde en mémoire un film unique en son genre, porté par la folie créative des eighties… Ainsi qu’une bande originale magnifiée par certains titres mythiques du groupe Queen.

Lily Nelson

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