Adoptant le genre avec sérieux, Missions se révèle être une série d’aventure et de science-fiction efficace, à visée écologique non-négligeable.
Après la guerre (Lazy Company) et le western (Templeton), OCS s’envole cette fois pour l’espace, avec MISSIONS, sa nouvelle série originale produite par Empreinte Digitale (Les Grands). La chaîne passe ainsi au niveau supérieur en allant là où encore personne, ou peu, n’avait osé aller. Tournée entre les studios de La Rochelle et Ouarzazate, MISSIONS embarque durant dix épisodes de vingt-cinq minutes dans une aventure passionnante évoluant du film catastrophe à un mysticisme écologique.
Financée par un milliardaire, une équipe de scientifiques se rend sur Mars. Après un voyage de dix mois, ils découvrent à leur arrivée un rescapé d’une mission précédente. Au réveil de ce dernier, ils comprennent que l’homme est en réalité Vladimir Komarov, un astronaute soviétique mort des décennies auparavant, dans les années 1980.
À l’origine, MISSIONS devait être une série parodique du genre. Assez vite, ses créateurs (Henri Debeurme, Ami Cohen et Julien Lacombe) ont voulu pousser l’audace le plus loin possible en proposant une série d’aventure et de science-fiction. S’inspirant notamment du cinéma de Spielberg ou de la série Lost, toutes proportions gardées. Évidemment, en termes de réalisation, MISSIONS n’atteint pas les grosses productions américaines (voire certaines françaises). Elle n’en reste pas moins visuellement efficace, et même impressionnante au niveau des plans d’ensemble de l’espace. Mais sa force véritable provient de son écriture et de l’évolution de l’intrigue. S’il faut bien un ou deux épisodes pour rentrer dans le vif du sujet, la série embarque par la suite dans une histoire surprenante portée par des inquiétudes écologiques actuelles. Sur la question de l’avenir de l’humanité, le besoin d’aller chercher une nouvelle planète à coloniser à force de détruire à petit feu l’actuelle. Une thématique déjà évoquée dans de nombreuses œuvres littéraires, et de plus en plus au cinéma notamment (Interstellar, Alien). Sauf qu’ici, par un retournement de situation qu’on évitera de spoiler, la série fait preuve d’une vraie originalité en évoquant, entre autres, le mythe de l’Atlantide. Une approche qui permet aux scénaristes d’apporter des justifications aux éléments, a priori, aberrants (comme le fait que Komarov parle un français parfait), et de rester crédible, même dans le fantastique. Une maîtrise des différents genres, qui s’imbriquent à la perfection pour tenir en haleine jusqu’à la fin.
[bctt tweet= »« En dépit de quelques défauts Missions reste très prometteuse. Une pure série SF » » username= »LeBlogDuCinema »]
Il est regrettable, néanmoins, que la direction d’acteurs de Julien Lacombe (réalisateur) laisse souvent à désirer, ne rendant pas forcément hommage aux comédiens, pourtant de qualité – comme Mathias Mlekuz, Jean-Toussaint Bernard, Côme Levin ou encore Adrianna Gradziel. Hélène Viviès, qui interprète la psychiatre Jeanne, sort néanmoins du lot. Dans un style rappelant les dernières héroïnes d’Alien – entre Noomi Rapace et Katherine Waterston -, la comédienne passe d’un personnage en retrait, aux décisions qui laissent à désirer, à un élément central de l’intrigue. À ses côtés, les différents personnages (des archétypes du genre) amènent autant de légèreté que de part dramatique. Jeanne, elle, reste parfaitement au milieu. À l’image de l’une des premières scènes, durant laquelle elle dépeint chaque membre de l’équipage en fonction de leurs problèmes psychologiques, liés à ce long voyage. Un élément qui permettra, là encore, de justifier bon nombre de réactions ironiques face à certains dangers, et de garde la marque de fabrique d’OCS et Empreinte Digitale qui est de rester focalisé sur l’humain et ses attitudes naturelles. Même si durant cette première saison se concentre davantage sur l’histoire globale, laissant relativement peu de place aux personnages qui semblent toujours courir après, MISSIONS reste une des séries les plus prometteuses. Espérons que la saison 2, en cours d’écriture, viendra confirmer.
Pierre Siclier
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• Créateurs : Henri Debeurme, Julien Lacombe, Ami Cohen
• Acteurs principaux : Hélène Viviès, Clément Aubert, Mathias Mlekuz
• Diffuseur : OCS City
• Format : 10x25min