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VISITORS – Saison 1 : c’est l’Amérique, mais en France (et c’est réussi) – Critique

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Dans la liste des œuvres qui rappellent depuis un moment la qualité de la fiction en France, VISITORS vient de se faire une jolie place. Le bon Simon Astier, fan de pop culture, débarque avec une belle création qui pouvait laisser craindre de ne la voir que piocher ici et là dans les contrées américaines sans forcément tracer sa propre voie, mais offre au final à la France (et à Warner TV) une belle petite série de derrière les fagots, au doux parfum d’évènements étranges dans une modeste bourgade…

On ne sait pas vraiment où on est. Ni quand. France ? États-Unis ? Années 90 ? De nos jours ? On est à la fois dans la science-fiction et la comédie, mais aussi dans le fantastique, l’aventure, un peu aussi l’épouvante… On explore un peu tout à la fois sans contours bien définis et c’est très bien comme ça. VISITORS, naviguant un peu à droite et à gauche, séduit car Simon Astier, frère de, n’a pas eu peur de viser assez haut. Oscillant habilement entre les tons et les genres, le showrunner et acteur créé tout un univers avec un plaisir certain et une réelle ambition. Atmosphère, décors, direction artistique, effets visuels, musique, détails… l’artiste fait montre d’un vrai travail assez remarquable pour soigner son monde et rien n’est laissé au hasard, ce qui fait particulièrement plaisir pour une œuvre française (ce qu’on espère ne plus avoir besoin de rappeler un jour). Désireux de nous faire vivre une bonne histoire sans jamais copier celles qui l’ont inspirées, Astier emballe un divertissement réussi qui satisfait de bout en bout, capable de surprendre un peu plus à chaque fois. Et si forcément tout le monde souligne les références aux fantastique et à la science-fiction, principalement des années 80 et 90, le réalisateur n’est pas là pour copier bêtement. Il déclare en réalité par exemple, pour son environnement, s’inspirer à la base de Rambo

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Il se passe un truc là, non ? © Warner TV

Humour, mystères et bestioles gluantes

L’atmosphère et le rythme sont parmi les plus grandes réussites de la série, Astier voyageant à chaque fois avec autant de maitrise entre l’humour et le sérieux, le frisson et l’action, au milieu d’une ambiance assez prenante. On retrouve à la fois un peu de l’atmosphère à la Twin Peaks, du mystère à la X-Files, du frisson à la Stranger Things ou bien sûr des éléments tirés du cinéma de Steven Spielberg. Plus surprenamment, il y a même à certains moments des soupçons d’Halloween évoqués par la bande originale, qui nous donneraient presque l’impression qu’on s’apprête à voir débarquer Michael Myers et sa tenue de garagiste. Mais Astier parvient à développer sa propre patte et propose donc une série française qui ne démord pas.

Comme le dirait Alexandre Astier, le tempo est essentiel et à ce niveau-là, son demi-frère n’est pas un manche. Que ce soit en terme de direction d’acteurs ou surtout de montage, Simon Astier s’est toujours montré à l’aise pour créer du rire. Il confirme ici, que ce soit par le tempo comique souvent très juste (il dit d’ailleurs que la comédie ne doit jamais supplanter l’histoire et que « le comique se joue dans les détails plutôt que dans une dynamique de gags« ), l’émotion montrant une belle finesse ou encore le frisson (à l’image de quelques jump scares bien réussis ou de la fusillade en fin d’épisode quatre). Au fur et à mesure que la série avance, les ambitions, qualités et tentatives du créateur grandissent et ce, à tous les niveaux (scénario, mise en scène, montage…). Bénéficiant d’acteurs tous inspirés, venant notamment d’Internet, la série remplit très bien sa part de divertissement, achevant d’assurer qu’elle est capable de nous procurer des sensations jusque-là plus souvent présentes chez nos amis outre-Atlantique.

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Des personnages qui regardent vers le ciel avec un air étonné, ça fait toujours son effet © Warner TV

Grésillements

Néanmoins, il faut bien dire que le format 26 minutes est aussi vicieux qu’une bestiole qui vous confondrait avec son goûter et essaierait de vous manger. Comme pour la très sympathique Parallèles, autre création récente française de qualité, huit épisodes de même pas trente minutes condamne à rester en surface (la série Disney +, elle, n’en compte même que six). Notamment concernant l’histoire et les personnages. Surtout quand l’histoire est ambitieuse et que les personnages sont nombreux (tous interprétés ici par une galerie d’acteurs et d’actrices tout à fait à leur place). Ce format spécifique ne donne en effet jamais suffisamment le temps de le prendre justement, même si le rythme de la série est bien géré. Parallèles ou même la très récente Outer Range parlent notamment de voyage dans le temps et l’une – pour des raisons de temps surtout – et l’autre – parce qu’elle s’éparpille et rate certaines choses – ne satisfont pas complètement, Parallèles étant sympathique mais jamais marquante et Outer Range (malgré des épisodes bien plus longs) prometteuse mais assez bordélique…

C’est un peu le cas pour VISITORS qui, encore une fois, a quand même pas mal de personnages à développer et un ton qui semble parfois hésiter. Richard, protagoniste incarné par Astier, est par exemple attachant mais jamais vraiment mémorable et il est difficile de toujours viser juste quand on veut mélanger le sérieux et le profond avec le léger et le drôle (des thématiques telles que le divorce côtoient des situations plus légères de séries B). Car un ton léger ou une durée plutôt courte n’ont jamais empêché les meilleures séries de rajouter de la densité et de tout maîtriser (telle The Office par exemple, successions de conneries incroyables en apparence et pourtant bien plus malgré les épisodes très courts). Mais on est un peu dans le domaine du chipotement (qui est un mot qui n’existe probablement pas), car l’ensemble est joliment réussi. Et cette première fournée dans la petite ville de Pointe-Claire, notamment au vu de la fin, semblent indiquer que tout n’était qu’un échauffement pour une probable suite encore plus prometteuse. La France est-elle encore un peu frileuse à l’idée de se frotter à plus grand ? Peut-être. Mais ces réussites (auxquelles on peut aussi ajouter OVNI(s) par exemple), devraient conforter notre beau pays dans l’idée que lui aussi peut aller tâter du surnaturel ou de la bestiole venue d’un autre monde avec classe. Simon Astier, lui, semble en tout cas en avoir les moyens. Et l’envie. Allez la France.

Simon Beauchamps

Note des lecteurs2 Notes
Titre original : Visitors
Créateur.rice.s : Simon Astier
Acteurs : Simon Astier, Tiphaine Daviot, Florence Loiret-Caille
Date de sortie : Mai 2022
Durée des épisodes : 26 minutes
3
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Note finale

  1. Clairement, c’est lamentable.
    Il faudrait interdire à ce bon Simon Astier d’approcher un plateau de tournage, voire même d’approcher une feuille blanche !
    C’est tout simplement bidon même si il y a quelques rares secondes où l’on sourit, dans l’ensemble, ça ne vaut rien.
    Vraiment, ignoble.