Photo du film BARBIE
Crédits : Warner Bros. Entertainment Inc.

BARBIE girl… in a Barbie world ? – Critique

Ça y est : le film le plus attendu de l’année est enfin sorti sur les écrans. Oppenheimer ? Que nenni ! Plutôt le BARBIE de Greta Gerwig. Alors, le résultat est-il à la hauteur du buzz mondial ? La réponse se veut enthousiaste.

Le bal magique des studios

BARBIE relève d’un projet initié il y a maintenant près de quinze ans par le fabricant de jouets Mattel. En 2009, la marque signe un deal avec Universal pour porter sur grand écran les aventures de sa poupée iconique. Cette fois-ci, en live action, contrairement à la flopée de DTV d’animation initiée avec Barbie dans Casse-noisette en 2001. DTV, de qualité certes variable, mais néanmoins suffisamment rentables pour amorcer un projet plus ambitieux. Malheureusement, l’affaire reste classée sans suite, puisqu’Universal laisse bêtement le dossier prendre la poussière. En 2013, les droits échouent à Sony Pictures et la scénariste-star Diablo Cody se voit désignée au scénario après une longue période d’hésitation de la part du studio.

Photo du film BARBIE
Crédits : Warner Bros. Entertainment Inc.

Cody pour BARBIE s’avère effectivement loin d’être un mauvais choix. De Juno à Jennifer’s Body, en passant par la série United States of Tara, l’autrice a peu à peu fait des problématiques féminines son fond de commerce. Malheureusement, le succès de La Grande aventure Lego en 2014 va à la fois accélérer et ralentir le projet. Accélérer, car l’industrie perçoit l’engouement du public pour les adaptations de lignes de jouets cultes – citons également Transformers. Et ralentir, car Diablo Cody verra son écriture contrainte par certains impératifs : coller à la fois à la formule gagnante, tout en évitant de la plagier. On commence alors à évoquer Amy Schumer ou Anne Hathaway au casting, dans un pitch éloigné de l’univers rose bonbon d’origine.

Barbie et les princes du marketing

Perdu dans ces considérations, Sony laisse expirer les droits. C’est là que le projet échoue enfin à Warner Bros. Dès lors, Greta Gerwig et Noah Baumbach sont désignés au scénario – un choix dans la lignée de celui de Diablo Cody. En 2019, Margot Robbie est castée dans le rôle de Barbie, rapidement rejointe par Ryan Gosling dans celui de Ken. Dès lors, Internet s’enthousiasme, l’épidémie de Covid ralentit la production, mais quatre ans plus tard, la Barbie-mania n’a pas tarit. Elle s’est même vue amplifiée par une promo monstrueuse. Il faut dire que Barbie reste l’une des licences les plus emblématiques de toute l’industrie du jouet. Poupée la plus vendue au monde, vectrice de fantasmes et d’une vision stéréotypée de la féminité, ce simple objet transcende son statut même de jouet pour enfants.

Photo du film BARBIE
Crédits : Warner Bros. Entertainment Inc.

BARBIE le film a bien compris cet état de fait et a sciemment choisi d’en jouer. Il s’agissait d’ailleurs de la meilleure direction à prendre. Le scénario prend donc le parti d’ériger la poupée blonde en égérie féministe de la grande distribution. Et force est de constater que malgré ses ambitions mercantiles, il parvient remarquablement à nous surprendre. En effet, le film questionne intelligemment les travers de la marque. Malheureusement, il tente aussi de nous vendre Barbie land comme une dimension parallèle et idyllique où la gente féminine détient le pouvoir. Or, on ne peut s’empêcher de penser que Barbie Land reste cloisonné au rêve et à l’utopie – les dirigeants de Mattel s’acharnant effectivement à empêcher tout versement de ce monde vers notre réalité (sic). Néanmoins, sommes-nous réellement surpris d’un tel cynisme ?

Barbie cellulite VS Ken rides d’expression

Après tout, critiquer BARBIE pour ses aspects commerciaux reviendrait à pisser purement et simplement contre le vent. Évidemment que la machine est bien huilée et armée pour générer du profit. Il n’empêche que si l’on peut parfois se montrer frustré face au manque de profondeur de l’ensemble, le film véhicule tout de même les bons messages. Bien sûr, on aurait aimé que la Barbie noire présidente ait un plus grand rôle. Tout comme la Barbie en chaise roulante. Ou la Barbie transsexuelle. Cependant, elles sont là. Elles existent. Et ça ne pose pas question. Et Barbie a de la cellulite. Et Ken a des rides. Et l’enjeu principal ne repose pas sur une romance forcée. Le tout, dans une production hollywoodienne à 145 millions de dollars. Enfin. Il était temps. Considérer BARBIE comme un pamphlet féministe révolutionnaire serait une erreur. Néanmoins, il a le mérite de normaliser certaines valeurs à grande échelle et d’avoir conscience des résistances qui lui sont opposées.

Photo du film BARBIE
Crédits : Warner Bros. Entertainment Inc.

À propos de ces résistances, Ryan Gosling survole l’ensemble de la distribution avec un rôle quasiment auto-parodique, où l’entièreté de ses talents est exploitée à bon escient. Au centre du récit, Margot Robbie campe une Barbie fabuleuse, qui ignore tout de sa valeur et de son intelligence… À l’image de la génération de trentenaires à qui s’adresse le film. Cette génération qui a grandi avec Barbie sirène magique dans les bras, à l’heure même où le mouvement Riot grrrl commençait à émerger lentement de l’underground. BARBIE lui est sensiblement dédié. Avec son univers de plastique rose bonbon et ses poupées de rêve qui peuplaient les chambres d’enfant, le film de Greta Gerwig joue avec ravissement sur notre fibre nostalgique. Et force est de constater que quiconque a désiré et possédé une poupée Barbie un jour ne peut y être insensible.

Lilyy Nelson

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Titre original : Barbie
Réalisation : Greta Gerwig
Scénario : Greta Gerwig, Noah Baumbach
Acteurs principaux : Ryan Gosling, Margot Robbie, America Ferrera, Ariana Greenblatt, Simu Liu
Date de sortie : 19 juillet 2023
Durée : 1h55min
3.5
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Clémentine Richard
Clémentine Richard
Invité.e
3 août 2023 18 h 34 min

Lorsque les premières promos de Barbie ont commencé à enflammer la toile, je dois avouer que je n’étais pas très enthousiaste, malgré le fait que cette poupée faisait partie de mon enfance. Je m’attendais à quelque chose de beaucoup plus cliché, mais j’ai été agréablement surprise du résultat final. J’ai également adoré voir America Ferrera !

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