Photo du film BIENVENUE A MARWEN
Crédits : Universal Pictures International France

BIENVENUE À MARWEN, l’imaginaire au service du trauma – Critique

Avec BIENVENUE À MARWEN, Robert Zemeckis, réalisateur de Retour Vers Le Futur et de Forrest Gump, rend hommage à un autre grand rêveur, Mark Hogancamp, un artiste victime d’une agression qui met en scène des poupées. Une jolie petite ode à la différence pour démarrer 2019.

Alors ça y est, Robert Zemeckis se met à jouer à la poupée. Avec BIENVENUE À MARWEN, le papa de Forrest Gump se retranche, surtout, dans ses thèmes qui lui ont souvent tenu bonne compagnie.

Robert Zemeckis, c’est ce goût pour la rêverie, ces aventures que les gosses inventent dans le jardin. Les machines à remonter le temps (Retour Vers Le Futur), les Robinson Crusoé (Seul Au Monde), ou la rencontre avec des toons (Qui Veut La Peau De Roger Rabbit)… Dans son univers, c’est un décrochage du réel dans le réel qui s’opère, déclenchant chez le spectateur un sourire bêta mais une émotion saine. BIENVENUE À MARWEN condense un peu tout ça. L’œuvre est, comme les auto-références qui s’y cachent, une réminiscence de sa créativité. Sans atteindre les sommets d’autrefois, mais avec de bonnes trouvailles sous le soulier. Et toujours, cette habilité technique : mêler les prises de vue réelles aux trucages du cinéma.

Photo du film BIENVENUE À MARWEN
Crédits : Universal Pictures International France

L’antihéros en marge du reste du monde, cette fois-ci, c’est Mark Hogancamp (Steve Carrell). Un homme qui aurait très bien pu sortir de la tête du réalisateur mais qui, ici, existe bel et bien. C’est au détour d’un documentaire que Bob a voulu faire de cette histoire vraie, son prochain film. Les droits dans la poche, à lui, désormais, de pénétrer dans la tête de Mark pour faire vivre à l’écran tout l’imaginaire qui s’y trouve. Pour cela le metteur en scène a eu besoin de la performance capture (technique qui reconstitue visuellement des mouvements d’un acteur pour modéliser un autre personnage avec), qu’il avait lui-même développé pour Le Pole Express. Un procédé qui ajoute ici, au détour de quelques scènes bien fichues, de la magie à cette histoire. Tout commence dans les nuages lorsqu’un parachutiste américain s’écrase dans la forêt et découvre le village de Marwen. Il ne faudra que quelques secondes pour remarquer que c’est, en fait, une poupée style « G.I Joe ». Entouré d’autres poupées, plus féminines et glamour (mais avec de gros calibres entre les mains !), ce soldat américain fout chaque jour une sacrée dérouillée à de vilains nazis en plastique. Voici le monde imaginé par Mark, amnésique à la suite d’une terrible agression qui a failli lui coûter la vie. Robert Zemeckis portraiture un homme touchant, en pleine reconstruction. Et montre la guérison par l’art.

Mark est un réfugié de son monde hors-du-temps. Le village fictif de Marwen est donc sa base de retranchement. Ce soldat américain en silicone, c’est son alter-ego fictif. Moins débonnaire, plus costaux. Nettement moins peureux et solitaire aussi, mais viril et courageux. Adulé par une petite cour de femmes, il aime les souliers, les talons aiguilles, et casser du nazi. Autant de détails qui partent d’un inconscient, d’une conscience elle aussi profondément retranchée… Ses personnages évoluent au gré de son parcours psychologique.

Photo du film BIENVENUE À MARWEN
Crédits : Universal Pictures International France

Dans son monde, surtout, la réalité devient sublime. Il y a ses petites maisons, sa jeep miniature, ses histoires et ses fantasmes. Puis cette peur. Cette peur de franchir l’autre côté de la barrière – celle qui sépare son doux imaginaire du réel hostile – pour affronter son trauma. Avec ces constants allers-retours réalité/fiction, BIENVENUE À MARWEN jongle avec souplesse entre le film psychologique (quand on est dans le réel) et le blockbuster d’action (quand l’imaginaire artistique prend vie). Plus sombre qu’il n’y parait, le film touche aussi les contrées de la bizarrerie avec ce personnage dérangé, mais dans lequel Zemeckis tente, une fois encore, et avec beaucoup de pudeur, de faire sortir toute l’humanité qui s’y cacheMignon, le film BIENVENUE À MARWEN reste une bien belle ode à la différence. Pas la plus forte que le cinéma ait pu pondre bien sûr. Mais qui tient sa singularité par les prouesses techniques qu’elle déploie. Et par le style du réalisateur, imparable pour ce genre d’histoire.

Yohann

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bienvenue a marwen affiche - BIENVENUE À MARWEN, l'imaginaire au service du trauma - Critique
Titre original : Welcome To Marwen
Réalisation : Robert Zemeckis
Scénario : Robert Zemeckis, Caroline Thompson
Acteurs principaux : Steve Carrell, Leslie Mann, Diane Kruger
Date de sortie : 2 janvier 2019
Durée : 1h56min
3.5
Imaginaire

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