Remake de la comédie culte d’Ivan Reitman, S.O.S. FANTÔMES est un exemple parfait de cette catégorie de remakes exprimant un respect pour leurs aînés, et souhaitant s’imposer comme de dignes héritiers. Les ambitions du projet sont évidentes, il ne s’agit pas de reprendre un script dans ses grandes lignes et d’en apporter une toute autre vision, ni même d’utiliser les bases d’un univers afin de l’élargir et d’enrichir ainsi sa mythologie. Non, Paul Feig a rempli un cahier des charges différent, lui demandant de simplement raconter à nouveau la formation d’une équipe de chasseurs de fantômes, de construire son film avec la même trajectoire et le même rythme que l’original de 1984, avec pour principal mot d’ordre, la trouvaille de nouveaux gags et de nouvelles répliques percutantes. On peut regretter dans un premier temps, ce choix de simple réactualisation et le trouver paresseux, peu ambitieux ou mercantile ; quoiqu’il en soit, s’il faut juger les aventures de cette nouvelle équipe S.O.S fantômes, c’est sur le programme qu’elle propose.
Comparé à la multitude de blockbusters surenchérissant les enjeux dramatiques et les destructions dantesques, le film de Feig a toutes les chances de passer pour une demie-portion, un simple amuse-gueule entre deux géants du box-office, alors qu’il s’inscrit pourtant dans une franchise renommée et autrefois fructueuse. Mais ce statut de divertissement de deuxième ordre tourne assez vite à l’avantage du film, qui gagne ainsi notre sympathie en affichant un ton feel-good nous permettant d’oublier les déceptions successives causées par les récents blockbusters et leur barnum promotionnel. Dans l’appellation comédie fantastique, ce qui motive Paul Feig semble être clairement le mot comédie ; dès lors, il s’agit d’apprécier le film pour sa capacité à nous faire rire, voire simplement sourire en nous emportant dans son rythme pêchu et son enthousiasme face aux événements que vivent les protagonistes.
Le réalisateur/scénariste et ses quatre atouts comiques emportent notre adhésion grâce à la recette classique des comédies américaines portées par les talents du Saturday Night Live, à savoir un cocktail de plusieurs types d’humour, du comique de situation à l’absurde en passant quelques audaces potaches, chacun placé stratégiquement de scènes en scènes pour éviter qu’aucun de ces ressorts ne s’essouffle. Bien entendu, selon ses goûts et ses références culturelles, chaque spectateur est davantage sensible à un type d’humour qu’aux autres ; mais force est de constater que Ghostbusters réussit à trouver un équilibre dans l’emploi de ses forces humoristiques et que l’union des quatre chasseuses de fantômes donne une véritable impression d’énergie collective. La maladroite Kristen Wiig, la tempétueuse Melissa McCarthy, l’exubérante Leslie Jones et la coolissime Kate McKinnon trouvent chacune leur place à l’écran, et imposent chacune leur humour et leur aspérités attachantes. Même l’imbécile heureux Chris Hemsworth a droit à des instants complices avec le public, nous apportant la preuve que Paul Feig respecte chacun membre de l’équipe, permet à chaque clown de son cirque tonitruant d’apparaître avec toute la folie qu’il souhaite, tout en restant maître de son numéro, sans devenir le souffre-douleur ou le faire-valoir d’un autre.
« Voilà une vision réjouissante de l’expression des personnalités dans un projet commun. »
Mais si l’aspect comédie est habilement mis en avant, c’est hélas au détriment de la dimension fantastique qu’implique la licence ; non pas que les apparitions spectrales aient été oubliées lors de l’écriture, mais leur représentation à l’écran manque clairement de charme et d’étrangeté. À l’installation d’une mythologie dans le film d’origine, portée par une direction artistique baroque et des créatures troublantes tel l’androgyne Gozer, Paul Feig a préféré un bestiaire aux couleurs flashy, échappé d’un épisode de Scooby-Doo ou d’un jeu vidéo pour enfants. Le traitement cartoonesque de ces effets spéciaux trahissent donc la volonté de plaire également à un public plus jeune que les nostalgiques de la première heure ; mais cette imagerie empêche dans le même temps au film de trouver ses figures iconiques, ses empreintes esthétiques. Cet aspect visuel fade est d’autant plus regrettable qu’il aurait pu servir l’utilisation intéressante du décor et de l’ambiance new-yorkaise (l’hôtel art déco, la parade de ballons géants).
Alors certes, Ghostbuster reste un divertissement calibré, et on y retrouve des mécanismes usités, menant l’intrigue jusqu’à ce sempiternel climax où un antagoniste surpuissant déclenche un vortex au milieu de la ville ; mais cette fois bonne pioche, on tombe sur des protagonistes vraiment atypiques et attachants, contrairement à d’autres équipes de l’été (suivez mon regard, messieurs de chez DC Comics). Voilà donc une vision réjouissante de l’expression des personnalités dans un projet commun.
Arkham
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