Photo du film MISSION IMPOSSIBLE THE FINAL RECKONING
Crédits : Paramount Pictures

MISSION : IMPOSSIBLE – THE FINAL RECKONING, la chute du dieu Tom – Critique

Note des lecteurs2 Notes
2.5

Avant, on trépignait d’impatience en attendant la sortie du prochain Mission Impossible, excités à l’idée de vivre une expérience de cinéma souvent unique, ne sachant pas à quel point les cascades insensées allaient nous retourner la rétine. Et elles étaient tellement réussies quand on en serrait les fesses, collées à nos sièges devant le spectacle qui se déployait sous nos yeux ébahis. Maintenant, c’est parce qu’on craignait que cette saga sombre dans les travers de son époque qu’on y allait avec des doutes. Résultat ? Alors qu’elle parvenait à s’élever à chaque épisode depuis dix-neuf ans et la sortie du 3, elle tombe ici de haut, s’effondrant au niveau du deuxième.

En voilà un film bien bizarre…

Pour la faire courte, on pourrait résumer le film en trois parties : la (trop) longue première, exposition de plus d’une heure ridiculement bavarde dans laquelle on nous rappelle à quel point l’heure est grave ; la deuxième scène du sous-marin est, cette fois, vraiment réussie ; et la troisième, climax baveux aux airs trop sérieux et à peine relevé par « la » séquence de la promo, finalement pas si mémorable que ça. Et toutes avec un point commun : des « personnages » qui nous rappellent constamment qu’il n’y que Ethan Hunt qui peut sauver l’humanité…

Alors que beaucoup avait déjà des doutes devant le précédent épisode, renommé pour essayer de remettre à flot le navire qui commençait à tanguer dangereusement, on sera malheureusement obligé d’admettre que la saga a trouvé une bonne métaphore pour la représenter avec ce sous-marin coincé au fond de l’eau qui menace d’y sombrer à jamais. Car alors qu’on nous répète qu’on est maintenant dans « la réalité de l’Entité » – grand méchant sous forme d’I.A. assez ridicule – on comprend qu’on a malheureusement sombré dans celle de Hunt/Cruise, car presque chaque élément de cet univers encore plus bancal est bricolé ou a été ramené pour – encore et toujours mais à un niveau jamais atteint – rappeler au monde à quel point il est fort, Ethan.

Et attention, c’est un fan qui écrit ça. Quelqu’un qui, malgré les travers les moins reluisants de Cruise, avait toujours apprécié ses indéniables et grandes qualités. A partir du 4 (Ghost Protocol en 2011) qui l’a emmené vers les sommets dans les deux sens du terme, Mission Impossible, c’était le fun, la classe, les gadgets cools, le grand spectacle, l’action monumentale… Et si Ethan Hunt parvient toujours à jouer la sincérité et la modestie, Tom Cruise, lui, s’est tristement fait dévorer par ses démons.

Un bordel sans nom

Car n’est-ce pas triste qu’une saga avec de telles qualités et de tels artisans, en soit tombée au niveau des plus insupportables travers de l’industrie en essayant à tout prix d’installer une prétendue mythologie ? Résultat : de nombreux nouveaux personnages à chaque film (ce flashback féminin dans le 7, vraiment?) alors que les existants ne sont toujours pas bien gérés (pauvres Ilsa, Benji, Grace ou Luther) ; des anciens ramenés pour essayer de faire croire à une histoire pensée en profondeur, des scénarios qui piochent un peu partout sans conviction (pas fameux, l’Entité, comme antagoniste pour conclure tout ça) et pire encore, le domaine pourtant phare de cette saga si prodigieuse là-dedans ; l’action.

Embourbée au milieu d’une histoire de fin du monde invraisemblable (même pour la saga) surexpliquée par une armée d’acteurs pourtant talentueux (Hayley Atwell, Simon Pegg, Nick Offerman, Hannah Waddingham…), le long de scènes dans lesquelles il n’y a plus de vrai travail de construction dramaturgique entre protagonistes écrits et intéressants, il n’y a finalement dans ce film que deux vraies séquences de cascades. Pour le reste, il faut se contenter de scènes correctes mais jamais aussi engageantes qu’avant (voire de pâles copies). Et voire un tel casting XXL n’exister que pour saluer le courage de Hunt ou le regarder avec des yeux embués n’est plus émouvant comme ça a pu l’être, mais ici assez embarrassant.
Et comme malheureusement, la voltige et les bourre-pifs ne relèvent pas le spectacle, c’est vrai qu’il est difficile de rester optimiste…

La cascade, c’est bien, mais parfois on se casse la gueule

Parce que c’est ça, le principal dans M:I, non ? Depuis le début, c’est le dévouement de Cruise et le talent des équipes qui ont offert au cinéma parmi ses plus impressionnantes scènes dans le domaine pour l’époque. Dans un ton léger, Brad Bird régalait par son sens de la mise en scène dans le 4, quand – dans une atmosphère hitchcockienne plus sérieuse et tout à fait élégante – McQuarrie emballait un superbe thriller d’action et d’espionnage pour son arrivée en tant que réalisateur avec le 5.

Sauf que là, le château de cartes s’effondre. Car si la virée d’Ethan dans le Sébastopol rappelle le statut unique de la saga et déploie enfin une vraie atmosphère et une des péripéties à couper le souffle, la cascade de cette fois -le vol en biplan- se place dans le sillon de celle à moto du dernier film et de son effet pétard mouillé. McQuarrie ne sait pas quoi faire de ses avions et ça se sent dans un découpage plutôt lambda, alors que dès l’ouverture du cinquième épisode, il accrochait l’amateur de sensations fortes avec pourtant un seul plan et angle de caméra ! On ne retrouve pas non plus le frisson de la poursuite en hélico avec Henry Cavill dans le 6, et la saga s’achève sur une déception… Ça commençait à sentir aussi mauvais qu’au fond d’un sous-marin reposant en bas de l’océan depuis Dead Reckoning, car malgré les circonstances qui n’ont pas aidé (pandémie, grèves…), les gens ne s’y étaient pas trompés et le film n’avait pas bien marché. On sera donc obligé d’admettre la déception et de conseiller plutôt les épisodes du milieu de la saga, bien plus inspirés à tous les niveaux.

Simon BEAUCHAMPS

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