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NOBODY et l'existence par la violence - Critique - Le Blog Du Cinéma

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nobody 2 - NOBODY et l'existence par la violence - Critique
Crédits : Universal Studios

NOBODY et l’existence par la violence – Critique

En reprenant la recette vitaminée et déjà sur-exploitée de TAKEN, Ilya Naishuller ne propose pas un film très original mais offre un regard inattendu sur la masculinité dans les films d’action sur-violents omniprésents depuis quelques années.

En regardant NOBODY, le spectateur s’attendait sûrement à beaucoup de choses mais certainement pas y voir des questionnements sur la masculinité au XXIe siècle. Dans ce film d’Ilya Naishuller, on suit Hutch (Bob Odenkirk), un homme en pleine crise de la cinquantaine qui vit sa vie avec lassitude et ennui. Dans sa petite banlieue, les journées se suivent et se ressemblent jusqu’à ce qu’il soit obligé de s’évader de son quotidien pour se venger d’une affaire personnelle. Sauf que Hutch n’est pas un homme comme les autres, c’est un ancien tueur professionnel à la retraite qui excelle dans l’art de la violence.

Depuis Liam Neeson dans Taken en 2008, de nombreux acteurs se sont succédés dans ce genre cinématographique assez particulier : Kevin Costner, Sean Penn, Pierce Brosnan ou encore Keanu Reeves. Aussi, NOBODY ne présente aucune originalité au niveau du scénario avec son héros constamment fatigué et de mauvaise humeur. L’humour n’y est pas fin mais tout spectateur ne pourra qu’avoir le sourire aux lèvres en voyant apparaître Christopher Lloyd (Retour vers le futur) à l’écran. Pour ce film d’action, Ilya Naishuller s’est aussi accompagné de Derek Kolstad au scénario (John Wick) et de David Leitch à la production (John Wick, Atomic Blonde). Cette équipe pré-detestinée réussit ainsi à produire quelques scènes d’action intéressantes qui frôlent presque l’atmosphère d’Edgar Wright (Baby Driver) quand Pat Benatar se déchaîne soudainement en fond sonore. Mais NOBODY se distingue surtout par son portrait d’un homme aux réactions excessivement violentes. Avec Hutch, Ilya Naishuller rappelle que la violence est en chaque être humain, prête à être libérée à chaque instant comme Damián Szifron l’avait formidablement montré dans Les Nouveaux Sauvages en 2014. À la différence qu’ici, NOBODY est un film sur un homme qui finit par espérer avoir une excuse pour devenir violent.

nobody 1 - NOBODY et l'existence par la violence - Critique
Crédits : Universal Studios

Ainsi, le cliché d’un homme discret qui se révèle être un tueur professionnel quand il embrasse sa personnalité violente qu’il tentait de dissimuler n’est pas des plus original. Mais Hutch est ici le loup qui tente de se faire passer pour un agneau innocent quand tous les autres hommes souhaitent au contraire se faire passer pour des loups. Dès le premier incident, plusieurs personnages le jugent et le méprisent car il a refusé de se défendre face à des cambrioleurs. Alors que Hutch tente de se détacher de cette atmosphère aussi virile que toxique, son voisin lui confie en mimant des gestes violents qu’il aurait aimé que les cambrioleurs choisissent sa maison pour qu’il ait l’occasion de s’exercer. À travers cette violence omniprésente, le réalisateur souligne que tous ces hommes pensent être des tueurs dans leur tête alors que seul celui qu’ils jugent comme un moins que rien en est vraiment un.

Dans une interview sur ce film, l’actrice Connie Neilsen, qui interprète la femme de Hutch, a notamment déclaré : “C’est une vision tellement intéressante du problème de la masculinité toxique. Cela dit à la plupart des hommes que s’ils ne répondent pas aux agressions de la société, ils ne sont personne.” Dès le départ, NOBODY pose donc un fait : l’homme n’existe qu’à travers la violence qu’il exprime. Mais là où une certaine sympathie pouvait émerger pour John Wick (Keanu Reeves), le personnage de Hutch est beaucoup moins complaisant. Ce dernier a conscience d’être un homme violent et cherche une excuse pour agir de la sorte. Il ne s’agit au final que d’un ancien tueur professionnel qui saisit des opportunités de frapper des gens. Chaque geste et chaque coup est ainsi filmé pour montrer le caractère désordonné de cette violence.

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Crédits : Universal Studios

Mais Bob Odenkirk interprète-t-il réellement un homme en colère à la recherche d’une excuse pour tuer quelqu’un ? N’incarne t-il pas plutôt un personnage qui regrette de ne plus pouvoir faire la seule chose pour laquelle il était compétent ? Quand Hutch fait sa séance de sport matinale en regardant le visage de sa femme sur des affiches publicitaires, est-ce qu’il se sent menacé par le succès professionnel de sa compagne ou est-ce qu’il se désole de ne pas pouvoir réussir professionnellement lui non plus ?

Hutch a pleinement conscience que sa violence n’est pas acceptable et c’est d’ailleurs pour cela qu’il ne répond pas aux brimades suivant le cambriolage. Pour autant, il a été formé à tuer comme dans une hyperbole de la violence déjà présente en chacun. S’agit-il donc d’un film sur la masculinité toxique des hommes qui ont été éduqués à être violent pour exister ou s’agit-il d’un film sur un homme qui embrasse à contre-coeur sa violence car il sait que ce n’est pas bien mais qu’il s’agit de la seule chose qu’il sait faire ? Vous avez trois heures, ou du moins 92 minutes.

Sarah Cerange

Note des lecteurs3 Notes
nobody 0 - NOBODY et l'existence par la violence - Critique
Titre original : Nobody
Réalisation : Ilya Naishuller
Acteurs : Bob Odenkirk, Connie Nielsen, RZA, Christopher Lloyd
Date de sortie : 2 juin 2021
Durée : 92 minutes
2.5
Malheureusement violent

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