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Courtesy of Sundance Institute.

[CRITIQUE] BLINDSPOTTING

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Pour son premier film présenté au Festival de Sundance dans la catégorie US Dramatic Competition , BLINDSPOTTING, Carlos López Estrada offre une réflexion profonde sur les violences policières  emballée dans une mise en scène funky audacieuse.

Peut-on parler de sujets graves en les enrobant dans une mise en scène joyeusement flashy et musicalement branchée ? Oui, on peut ! Le réalisateur Carlos López Estrada l’a prouvé avec son premier film BLINDSPOTTING, projeté en ouverture du Festival de Sundance dans la catégorie US DRAMATIC.

D’emblée le réalisateur donne au film un ton audacieux, original et engagé, tout à fait dans l’esprit Sundance. Mais ce sont surtout Rafael Casal et Daveed Diggs, les deux coscénaristes, acteurs du film et producteurs, qui sont à l’origine du projet. BLINDSPOTTING, c’est le bébé tourné en 22 jours, mais porté pendant 10 ans, par ces deux artistes de freestyle rappeurs slameurs peu connus en France. Potes d’enfance comme leurs deux héros, ils ont grandi à Oakland, dont ils disaient hier après la projection du film que la ville est le personnage principal du film.

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Courtesy of Sundance Institute

Car ce qui est intéressant et assez novateur dans BLINDSPOTTING, c’est la profondeur des sujets abordés, avec (et malgré) une mise en scène très joyeuse et colorée. Le film fait en ce sens penser à la comédie satirique Dear White People de Justin Simien, qui avait d’ailleurs obtenu un prix à Sundance en 2014 ou à la série britannique décalée Chewing Gum de Michaela Coel. C’est drôle, c’est frais avec de très chouettes effets de transposition du personnage de Collin d’une scène à l’autre.

Les deux scénaristes portent un regard sur leur ville est aussi bien économique que social. Car la gentrification de Oakland est au cœur du film. L’évocation de la transformation des quartiers qui ne logeaient que des gens de couleur, en faveur de quartiers plus aisés avec des personnes blanches est très bien mise en évidence grâce aux aller retours de Miles et Collin. Ils travaillent pour une entreprise de déménagement et vident parfois des maisons historiques qui vont être détruites pour être remplacées par de belles maisons.

« BLINDSPOTTING est un petit bijou d’inventivité rafraîchissant et bluffant, qui dénonce habilement les violences commises par des policiers blancs envers les noirs et la peur et la tension dans laquelle les gens vivent. »

Le titre du film provient d’ailleurs du terme Blindspot, qui signifie angle mort, très bien trouvé puisque d’un point de vue symbolique, les deux hommes vont aussi être obligés d’aller voir au-delà de leur propre angle mort. En quelques jours, ils vont transformer leur propre regard sur eux-mêmes, sur leur identité, sur leur amitié multiculturelle, mais aussi sur la violence policière qui règne dans la ville envers les gens de couleur.

Collin a été condamné pour un acte de violence et est en fin de période de probation. Le film se situe sur ces trois derniers jours, au cours desquels il essaie de se tenir à carreau malgré les tentations immatures de Miles. Il a mûri pendant son séjour en prison et se retrouve en décalage avec Miles. Les deux personnages sont très attachants et leur relation amicale sera mise à mal. Témoin du meurtre d’un jeune homme de couleur par un policier blanc, la conscience de Collin le travaille et le bouleverse malgré lui. Ses cauchemars et un début de paranoïa au cœur de ces trois jours si importants vont l’amener à prendre position, peut-être même à lui révéler une conscience politique.

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L’équipe du film BLINSPOTTING à l’issue de la projection

Pourtant, la tournure dramatique que prend le film à plusieurs reprises et les moments d’émotions qui traversent les héros ne remettent jamais en question le parti pris funky du réalisateur, qui assume tout du long le même ton et le rythme soutenu. Et c’est peut-être à ce niveau que l’on ressent un côté un peu too much, qui aurait mérité à certains moments moins de fioritures claquantes. Un peu comme il parvient à le faire formidablement bien avec la scène plus édulcorée et glaçante dans le cimetière, où apparaissent à côté de leurs tombes des dizaines  d’hommes noirs tués.

Même si on peut aussi reprocher au film son côté très américain avec les répliques slamées, BLINDSPOTTING est un petit bijou d’inventivité rafraîchissant et bluffant qui dénonce habilement les violences commises par des policiers blancs envers les noirs -sujet qui renvoie à l’actualité d’il y a quelques années- et la peur et la tension dans laquelle les gens vivent.

Sylvie-Noëlle

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Note des lecteurs2 Notes
• • Titre original : Blindspotting
Réalisation : Carlos Lopez Estrada
Scénario : Rafael Casa, Daveed Diggs
Acteurs principaux : Rafael Casa, Daveed Diggs
Date de sortie : Inconnue
Durée : 1h35 min
4
Bluffant

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