TOUS LES DIEUX DU CIEL

Quarxx pour TOUS LES DIEUX DU CIEL – Interview

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Quarxx fait parler de lui partout où il passe. Son court-métrage, UN CIEL BLEU PRESQUE PARFAIT, plongée saillante dans la paranoïa d’un anti-héros muré à l’écart du monde, a connu ovation sur ovation au fil des festivals. Un succès fulgurant qui lui permet aujourd’hui d’adapter le court en long métrage sous le titre TOUS LES DIEUX DU CIEL.

Synopsis : Simon, trentenaire, travaille à l’usine et vit reclus dans une ferme décrépite. C’est un homme solitaire, en charge de sa sœur Estelle, lourdement handicapée à la suite d’un jeu qui a mal tourné dans leur enfance. Malgré ses remords et l’agressivité du monde environnant, Simon garde au plus profond de sa chair le secret espoir de sauver sa sœur en la libérant de la pesanteur terrestre. Et si leur salut venait des cieux?

Comment votre parcours vous a-t-il mené jusqu’au cinéma de genre ?

J’ai bossé dans différentes productions, j’ai fait une quinzaine de courts métrages en parallèle de mon travail d’artiste-peintre. Je ne me suis pas cantonné au domaine de la peinture car cela demande à travailler dans la solitude et à se concentrer sur une image, d’où mon intérêt pour le cinéma qui m’offre davantage de possibilité. Je ne dirais pas que je fais du « cinéma de genre », je trouve cette étiquette un peu galvaudée. Par exemple, TOUS LES DIEUX DU CIEL se passe en pleine journée; pas de nuit dans un film de genre, c’est un peu bizarre si on doit s’en tenir aux codes stricto sensu, non ? Je dirais plutôt que je suis à la croisée des chemins entre le film d’auteur et un mélange des genres.

Comment vous est venue l’idée d’UN CIEL BLEU PRESQUE PARFAIT ?

Je voulais traiter du sujet d’une fratrie discordante, j’ai progressivement élaboré l’idée d’un frère et d’une sœur vivants repliés sur eux-mêmes dans une forme de folie et de paranoïa. L’étincelle qui a déclenché le projet remonte à 2012, je faisais un reportage photo à La Réunion, je photographiais des cadavres pendant des autopsies. C’était la première fois que j’étais confronté à un cadavre, une jeune femme retrouvée morte chez son frère, celui-ci avait déclaré le décès au bout de trois semaines. Ce qui implique qu’il a vécu près du cadavre de sa sœur allongé sur son lit pendant trois semaines. J’ai voulu imaginer comment cette histoire déroutante avait pu avoir lieu, et j’ai donc écrit un destin à cette femme en quelque sorte.

TOUS LES DIEUX DU CIEL

Ce postulat de départ vous permettait d’aborder des thèmes qui vous tiennent à cœur ?

Le sujet fondamental du film est le remord, le remord qui va jusqu’à la folie, qui vous fait perdre votre intégrité mentale, donc votre identité. Le scénario traitre d’aliens, mais sont-ils réels ? Il s’agit avant tout de retranscrire l’état intérieur du personnage principal, les éléments fantastiques de l’intrigue représentent l’échappatoire qu’il s’est inventée pour fuir ses responsabilités.

Le tout dans un cadre rural, isolé du monde donc ?

Je considérais le film comme un drame rural. J’ai mis plus d’un an et demi à trouver cette maison isolée dans la campagne, car je la voyais comme personnage intégrant de l’histoire. Je souhaitais garder ce décor pour TOUS LES DIEUX DU CIEL, mais entre-temps cette maison a été rasée. On a donc reconstruit une partie des intérieurs du court métrage en studio, et on a trouvé une maison qui dégage une ambiance similaire pour contempler les intérieurs et pour les extérieurs.

Le court métrage comme le long est clairement porté par ses deux acteurs principaux.

J’ai tout de suite pensé à Jean-Luc Couchard, le rôle lui permettait un contre-emploi différent de son registre habituel de comédie. Il était très motivé pour jouer le personnage de Simon et montrer l’étendue de son jeu. J’ai mis deux ans pour trouver l’interprète d’Estelle, et j’ai enfin rencontré Mélanie Gaydos qui possède un physique très particulier du à une maladie génétique. Au-delà de la fiction et de l’imaginaire, le cinéma est aussi l’occasion de mettre en lumière des éléments authentiques ; Mélanie apporte ça à l’écran, une réelle force et un pouvoir de fascination.

TOUS LES DIEUX DU CIEL

Vous sortez d’une aventure merveilleuse avec UN CIEL BLEU PRESQUE PARFAIT.

En un an et demi, Le film a été sélectionné dans 85 festivals, on ne s’attendait pas à un accueil aussi enthousiaste. Ça a commencé avec Gérardmer en janvier 2016, et ça s’est terminé la semaine dernière avec le prix du public à L’Etrange Festival. Dès le départ, j’avais la volonté de faire de cette histoire un long métrage mais comme elle était très sombre, elle a rebuté les décideurs et n’a pas trouvé de budget à l’époque. Alors j’ai pris le cœur de l’histoire, l’essence même du récit, et je l’ai réécrite sous forme de court métrage. Je préférais l’idée de cette œuvre courte et condensée plutôt que pas d’œuvre du tout, mais j’avoue que je gardais une frustration. Alors quand les regards se sont braqués sur UN CIEL BLEU PRESQUE PARFAIT, et que différentes productions m’ont demandé quels étaient mes projets à venir, je n’ai eu qu’une idée en tête, faire cette version long métrage que j’avais à l’esprit depuis le début.

Comment avez-vous géré le passage du court métrage au long métrage ?

Je ne voulais pas agir par opportunisme, en me disant « Vas-y, surfe sur la vague lancée par le court-métrage; le public a aimé, ressers-lui la même chose.». Je ne voulais pas simplement étirer le court en long, ça aurait donné une œuvre inutile. J’ai donc travaillé pour construire un scénario de long métrage solide et j’ai trouvé les producteurs à même de comprendre ma démarche artistique en la personne de François Cognard (Tobina Films) et Vincent Brançon (To Be Continued). Je me suis également associé avec ma partenaire de longue date Sandra Ianigro pour créer la société Transgressive Production afin de coproduire le film. Les choses se sont faites assez vite, en moins d’un an. Le tournage commence cette semaine mais dans des conditions particulières. J’ai une équipe géniale, un chef opérateur merveilleux, Antoine Carpentier. Heureusement qu’il y a cette équipe, car nous disposons d’un budget très restreint (environ 500 000 euros) et un planning de tournage très resserré. D’où l’importance du crowdfunding, car chaque euro compte pour polir notre petit diamant noir.

Propos recueillis par Arkham

Article initialement publié le 24 septembre 2017.

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