VINCENT ELBAZ

Lettre à Vincent Elbaz

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Cher Vincent

J’espère que tu ne me tiendras pas rigueur de ce tutoiement mais tu fais partie de mon paysage cinématographique depuis tant d’années que j’ai l’impression de te connaître suffisamment pour oser cette familiarité. Je t’ai vu dans de nombreux films depuis Le péril jeune de Cédric Klapisch. Mais les trois rôles que tu viens de tenir coup sur coup cette dernière année m’ont bluffé ! Tu es apparu dans des styles de films bien différents : Je compte sur vous , Primaire et Il a déjà tes yeux , et ton interprétation multiple est suffisamment remarquable pour que je prenne la plume et te fasse part de mes réflexions. Et puisque c’était ton anniversaire il y a quelques jours, tu peux considérer ma lettre…comme un cadeau !

Vincent Elbaz

Il me semble que ta palette de jeu s’est élargie et qu’un virage s’amorce enfin. C’est un peu comme si tu te libérais de la pseudo attente du public et que tu choisissais désormais en fonction de tes envies. Certains rôles ont pourtant été marquants : Mathieu dans Les randonneurs de Philippe Harel, Jean dans Ni pour ni contre, bien au contraire de Cédric Klapisch, ou encore Alain dans Tellement proches de Eric Toledano et Olivier Nakache. On t’a vu aussi dans La vérité si je mens, mais ça aurait pu être n’importe qui d’autre… D’ailleurs Gad Elmaleh t’a remplacé dans le rôle de Dov pour le numéro deux… Puis tu es revenu pour le trois.

Dans ce type de rôles dans lequel on t’a souvent retrouvé, j’ai parfois eu l’impression que le rire était un peu forcé et que tu n’y mettais pas totalement du tien, comme si quelque chose t’empêchait de te lâcher. Je comprendrais que tu t’étrangles à présent en lisant ces lignes, car après tout, qui suis-je pour oser t’écrire cela ? Rassures-toi, je ne suis ni amoureuse, ni groupie inconditionnelle ! Mais mon esprit critique a toujours pressenti chez toi la capacité à offrir quelque chose de plus profond et authentique. Et je me désolais de ne pas te voir dans des rôles suffisamment à la hauteur de ton potentiel de jeu. Tu t’en étais pourtant approché dans La parenthèse enchantée en interprétant Vincent (tiens, tiens). On te découvrait dans un autre personnage, mélange harmonieux d’ironie et de mélancolie. Tu as d’ailleurs continué dans Ma Vie en l’air avec le rôle de Yann, plein d’humour et de grâce. Depuis, on t’a recroisé dans Les 5 doigts de la main, L’assaut, Amis Publics ou la série No Limit dans lesquels tu serres les dents et tu fais tes gros yeux et hop, on te croit flic ou mauvais garçon.

Je sais bien que tu dépends du bon vouloir des réalisateurs et directeurs de casting et que ce n’est pas toi qui décides d’interpréter des hommes qui doutent, s’interrogent et parviennent à émouvoir. D’autant que vous êtes nombreux sur ce segment des acteurs populaires avec une notoriété sympathique, à pouvoir y prétendre. À Bordeaux, lors de la conférence de presse de Primaire, tu nous as même dit : « Avec Elbaz, c’est moins cher et c’est pas moins bien, avec Dujardin, c’est plus cher et c’est pas mieux !« .  J’ai trouvé ça drôle,  gonflé, plein d’humilité et de lucidité. C’est pour cette raison, cher Vincent, que te voir enfin dans des rôles qui te permettent de déployer tout ton talent, me remplit de joie. Heureusement que Pascal Elbé a préféré se concentrer sur son travail de réalisateur de Je compte sur vous et t’a offert le rôle de Gilbert, escroc manipulateur bravache jusqu’au-boutiste et accro à l’adrénaline. Ton interprétation sur le fil et ton intensité de jeu étaient très convaincantes et pour une fois, on n’éprouvait pas d’empathie pour ton personnage. J’ai comme l’impression qu’il t’a révélé à toi- même et t’a débloqué, te permettant d’envisager autre chose, proche de la fragilité et de la complexité.

Vincent Elbaz

Dans Primaire, je t’ai trouvé très émouvant dans le rôle de Mathieu, beau-père un peu paumé, et pas seulement quand tu pleures. La réalisatrice Hélène Angel dit que tu as amené au personnage sa part sombre et ses failles, tout en lui donnant humour et charme. Tu as dit avoir laissé faire ton instinct et ta part d’enfance dans ton interprétation du mec qui se débrouille comme il peut mais en a morflé et… Tu as bien fait ! Heureusement là aussi que la réalisatrice, aussi exigeante que patiente, « laisse être les acteurs »!

Enfin, dans Il a déjà tes yeux, tu m’as beaucoup fait rire. Sans peur du ridicule, tu t’es complètement lâché physiquement : grosses lunettes, chicots, eczéma et voix nasillarde, rien ne manque à la panoplie. Ton ami le réalisateur Lucien Jean-Baptiste dit qu’il pressentait chez toi ce grain de folie dingue douce depuis longtemps et qu’il a accepté la plupart des idées que tu as apporté au personnage de Manu.

Je te souhaite donc, cher Vincent, de continuer sur cette voie et de trouver des rôles qui te permettront d’exprimer d’autres parts de toi-même encore inexplorées. Et j’espère que d’ici quelques mois, peut-être grâce à ton personnage dans Daddy Cool de Maxime Govaré, tu n’apparaîtras plus dans Allociné après les Lindon, Cassel, Macaigne et autres Vincent n’a pas d’écailles de Thomas Salvador !

Bien à toi

Sylvie-Noëlle

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