Walter Mitty - Sélection de films précieux et très agréables

Sélection de films précieux et très agréables

L’utilité des films dits feel-good, qui “font du bien” donc, n’a probablement jamais été aussi grande. Car en ces temps où on se demande parfois si la fiction et la réalité ne font pas un concours pour nous filer la plus grosse dépression possible, on a parfois de plus en plus envie de se plonger dans un de ces films dont on sait qu’ils nous redonneront l’énergie pour aller s’éclater, concrétiser un projet dingue ou juste gambader dans les champs le sourire aux lèvres.

Et comme il est important de rappeler que le monde contient plus de merveilles que de pandémies, d’inégalités injustes ou de dictateurs tarés, petite sélection de films qui, d’une manière ou d’une autre, donnent la pêche tout simplement (rangez ce pot de glace, ça va bien se passer). Et d’ailleurs, l’auteur de ces lignes se réjouit de pouvoir aussi mettre en avant des films qui transmettent le même genre de sensations que ceux dits “feel good” sans pour autant en être. Et on va voir pourquoi.

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Nous devant LA LA LAND – Ryan Gosling et Emma Stone © Lionsgate

LA LA LAND – Le monde appartient à ceux qui rêvent

Commençons par l’évidence, tant LA LA LAND aura fait parlé de lui. Mais comment résister à cette merveille signée Damien Chazelle (seulement 31 ans à l’époque) qui aura mis, il faut le rappeler, des années à concrétiser ce projet qu’il avait en tête antérieurement à Whiplash. En effet, bien avant de nous asséner une des plus grosses claques cinématographiques récentes là où on ne l’attendait pas, Chazelle voulait déjà faire sa comédie musicale à travers la Cité des Anges. Problème: Hollywood ne compte pas forcément les gens les plus imaginatifs ou courageux. Tout le monde lui refuse, ne croyant pas à un tel projet, ou lui demande des modifications (comme faire jouer à Seb du rock et non plus du jazz). Le réalisateur franco-américain s’en tiendra à ses valeurs et dira non pour aller à la place faire résonner les batteries le temps de pouvoir nous emmener avec lui au pays des rêves comme il le souhaite (à ceux qui n’ont pas encore vu Whiplash d’ailleurs, foncez, c’est hallucinant).

Car LA LA LAND, à part un scénario classique (et classique certes mais néanmoins bien écrit) n’a pas grand chose à se reprocher. Du début à la fin, le metteur en scène et scénariste nous émerveille de sa classe et nous livre un récit aussi entraînant qu’intelligent, émouvant que drôle, en apparence simpliste mais pourtant dense et profond. Car Chazelle, unique auteur du scénario, livre une histoire puissante et mature sur le courage de suivre ses rêves et objectifs, sur l’amour, l’évolution, le pouvoir de la musique ou encore celui des rencontres. Impossible de ne pas admirer la ténacité de Sebastian ou le courage de Mia. Emmené par un des plus beaux couples que le cinéma ait connu de récente mémoire (Gosling et Stone, sublimes), le film qui tient son nom d’une expression américaine signifiant avoir la tête ailleurs, impressionne par la maîtrise affichée absolument partout. Lumière, mise en scène, décors, costumes ou encore bien sûr musique (Justin Hurwitz, que Chazelle connaît depuis ses études, est grandiose), LA LA LAND est tout simplement un joyau de tous les instants, pure création de cinéma par un artiste déjà en pleine possession de ses moyens malgré son jeune âge et qui a réussi, à son tour, à réaliser ses rêves. Un grand film. Une merveille.

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C’est la sensation de liberté qui vous attend devant ce film – Ben Stiller ©20th Century Fox

LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY (The Secret Life of Walter Mitty) – Encore un peu de rêveries

Toujours dans le domaine des rêves, est sorti en 2014 un long-métrage par un réalisateur qu’on attendait pas là. En effet, si l’ami Ben Stiller est principalement connu pour être un des acteurs comiques américains les plus influents de sa génération, le bougre a prouvé avec ce film détenir une vraie sensibilité qu’il décide d’explorer ici avec son adaptation d’une nouvelle de James Thurber. Car LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY, centrée sur le dit Walter, un new-yorkais timide comme pas deux qui vit principalement dans ses rêveries, se révèle être un beau petit film touchant, inspirant et entraînant. En effet, chose rare (et c’est une des principales qualités du métrage), Stiller parvient à envelopper celui-ci d’une sensation de légèreté voire de bienveillance particulièrement agréable. On le sent dès les premiers instants qu’on passe avec ce quarantenaire immédiatement sympathique, le ton sera plutôt léger, entre la comédie, la romance et l’aventure. Car bien entendu, pour un homme qui passe son temps à rêver, l’objectif sera de se mettre à vivre plus dans la réalité. En résulte une histoire touchante donc, profondément agréable et même rassurante, même si malheureusement accueillie plutôt froidement par la critique qui attendait sûrement un film aussi déjanté que Tonnerre sous les tropiques (Tropic Thunder, 2008), la précédente réalisation de Stiller. Car même si on aurait pu avoir une aventure encore plus marquante, on suit avec beaucoup de plaisir Walter s’envoler pour le Groënland, en Islande ou en Afghanistan et on en ressort le sourire aux lèvres et légers, avec une envie de nous mettre à explorer le monde autour de nous. Car alors, on pourra tomber sur plusieurs merveilles, dont un Sean Penn perché sur une montagne qui nous rappelera de sa belle voix qu’il faut prendre le temps d’observer, car “les choses les plus belles n’attirent pas forcément l’attention”. Très joli.

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Taron Egerton et Hugh Jackman ©20th Century Fox

EDDIE THE EAGLE – Tout est possible

Rares sont les films dégageant autant d’énergie positive. C’est d’ailleurs probablement la plus grande et belle qualité de ce biopic aussi classique que très agréable à regarder. Classique, car, il faut bien le dire, il n’y pas grand chose de surprenant dans le film de Dexter Fletcher (mais ça sera son seul défaut). Que ce soit au niveau de la mise en scène, du montage ou encore, surtout, du scénario, jamais le long-métrage ne quitte vraiment la piste pour aller explorer des sentiers inconnus. On se doute de comment ça finira, et le film ne délaisse jamais sa combinaison de biopic classique. Mais ça ne l’empêche pas de mettre en scène des acteurs réjouissants qui incarnent leurs personnages avec énergie. Taron Egerton, après Kingsman, confirme son talent et nous livre un Michael Edwards irrésistible, le genre de héros un peu gauche, immédiatement incroyablement sympathique et qui ne lâche jamais, symbole de courage et de détermination qui nous donne envie de nous inspirer de lui. Hugh Jackman fait le boulot et accompagne le personnage principal avec le talent qu’on lui connaît même si son rôle est plutôt très classique. Tout le reste est solide, donc, et permet au film de se poser en divertissement parfait ainsi qu’en histoire inspirante. Un film assez remarquable pour son impressionnante capacité à réjouir de bout en bout et à transmettre énergie et motivation. Un vrai plaisir.

a la poursuite de demain
Le futur peut être radieux – George Clooney et Thomas Robinson ©Walt Disney Studios

A LA POURSUITE DE DEMAIN (Tomorrowland) – Optimisme perdu

On en a déjà parlé (parce qu’on en parlera jamais assez), mais il est vrai que plus le temps passe, plus le film du génial Brad Bird prend peut-être de l’importance. Vraie démonstration d’intelligence, d’imagination et de prise de risques, A LA POURSUITE DE DEMAIN, au milieu des dizaines de blockbusters infâmes et stupides qui peuplent les salles obscures chaque année, fut malheureusement un échec. 

Et cela en dit long sur l’état de l’industrie aujourd’hui qui préfère se rassurer avec les formules qui marchent plutôt qu’essayer d’explorer l’inconnu. Et Tomorrowland se révèle d’autant plus précieux que, de l’aveu de son réalisateur (qui co-écrit avec le brillant Damon Lindelof, grand auteur derrière Lost ou The Leftovers), le film parle notamment de notre capacité à retrouver notre optimisme. Bird avait déclaré s’être principalement inspiré de l’état d’esprit qui régnait dans son pays dans les années 60, quand tout était possible et qu’on regardait l’avenir avec des étoiles dans les yeux et l’envie d’améliorer le monde, et non avec la peur au ventre et des idées noires. Car il est toujours plus difficile de voir les choses du bon côté, surtout quand les œuvres de science-fiction les plus acclamées se trouvent être des histoires, certes brillantes, mais réellement pessimistes, telles Dune, Blade Runner ou Je suis une légende. La tentative du réalisateur des Indestructibles ou de Mission Impossible 4 se pose donc comme un des blockbusters les plus importants et réussis de sa décennie, et nous aidera peut-être à retrouver notre capacité d’émerveillement et à nous battre pour un monde meilleur.

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Une belle brochette – Edouard Baer, Gérard Depardieu, Idéfix, Claude Rich et Jamel Debbouze ©Pathé Distribution

ASTERIX ET OBELIX: MISSION CLÉOPÂTRE – De là, à de là 

Un ancien poème égyptien disait: “Chabat, Chabat, Chabat, réalisateur impétueux et tumultueux, tu es comme notre reine, la source de la vie !”

Nouvelle évidence, ici, car qui ne connaît pas cette grande comédie d’aventure sortie au début du siècle et qui continue d’épater encore aujourd’hui ? Bien aidé par le travail déjà impressionnant effectué par Goscinny et Uderzo, Chabat et ses équipes composent une merveille d’univers réjouissant, drôle et absurde, ou James Brown peut retentir en plein désert à côté des pyramides (les trucs pointus, là), entre deux apparitions de magneaux ou de pirates philosophes pour ce qui restera une des meilleurs comédies d’aventure française de tous les temps. A l’image de ce que tentera de faire son comparse Alexandre Astier des années plus tard avec Kaamelott : Premier Volet (même s’il a en partie échoué à donner du souffle à son film), Chabat nous rappelle que la comédie française peut toujours accoucher de bijou de récit d’aventure avec de l’ampleur. 

Car, on le sait, rares sont les films, en France, et surtout les comédies, à en avoir autant. Chabat ira tourner sur place, au Maroc et à Malte, au milieu de la chaleur et des tempêtes de sable, pour nous servir le meilleur film possible au terme d’un tournage harassant (péripéties relatées dans le délicieux making-of Le Comankonafé). Car entre le casting parfait, les répliques parfois hallucinantes d’inventivité ou encore les décors grandioses (sans parler de la superbe musique de Philippe Chany), le grand Alain a tout simplement peut-être réalisé, à côté des Dîner de Cons, La Grande Vadrouille ou autre Tontons Flingueurs, une des meilleures comédies françaises de l’histoire du cinéma. Enfin, rendons hommage à Claude Berri, producteur pas trouillard pour un sou (c’est le cas de le dire d’ailleurs, vu les coûts nécessaires), qui fut à l’origine de l’impulsion du projet, et sans qui il ne se serait peut-être jamais fait. Bref, un film qui ne cessera jamais de nous faire rire de là à de là, même si on ne sait toujours pas si c’est une bonne ou une mauvaise situation, scribe. Allez, cours Amstérisme. 

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Le jazz est toujours aussi beau et cinégénique, et le film magnifique sur beaucoup de points – Joe ©Walt Disney Pictures

SOUL – Dis moi où est ton âme

Pixar n’a jamais usurpé sa réputation de studio capable autant de divertir les petits que de faire réfléchir les plus grands. Et inversement. Et avec SOUL, le studio à la lampe a peut-être livré une de ses plus belles créations. Se déroulant à New-York, enfin en partie, on y suit Joe Gardner, prof de jazz qui rêve de jouer sur scène avec les plus grands. Mais il va faire une chute qui va tranquillement commencer à emmener son âme vers la mort. Sauf que Joe ne veut bien sûr pas mourir. Sauf qu’il va devoir surtout apprendre à vivre, et que le bonheur n’est pas ce à quoi il s’attendait… 

Avec SOUL, Pixar nous livre une démonstration à tous les niveaux ainsi qu’un message pourtant à priori relativement évident: le bonheur apparaît quand on comprend qu’il faut profiter de la vie en regardant celle-ci se déployer autour de nous. Notamment co-réalisé par Pete Docter, déjà à l’œuvre sur Là-Haut ou Vice-Versa, SOUL est une aventure là aussi émouvante et inspirante. A l’image de La La Land d’ailleurs, le jazz et les rêves y tiennent une place importante et on pourrait même voir Joe comme une version de ce que Seb aurait pu devenir. Le film explore deux univers différents (La Terre avec New-York et une sorte d’au-delà avec Le Grand Avant et Le Grand Après) où Joe va pouvoir façonner son âme, emmenant avec lui autant les enfants fascinés que les adultes qui pourraient bien vivre une ou deux crises existentielles pendant et après le visionnage. C’est beau, c’est intelligent, c’est rythmé, bref, c’est assez impeccable (et puis de toute façon il y a du jazz donc c’est classe). SOUL est là aussi une merveille importante à connaître, le genre d’œuvres à même de nous faire réfléchir sur nous-mêmes. D’autant plus que le film n’est malheureusement pas sorti au cinéma, donc histoire de combler ce manque, il est possible de se faire une cure de Soul à raison d’un ou deux visionnages par an.

PS: Pour vous faire une idée de comment les cerveaux à l’œuvre réfléchissent, prennent les décisions et surtout se remettent en question, car le boulot est monstre, on vous conseille le passionnant Creativity,Inc., rédigé par le président de Walt Disney Animation Ed Catmull qui nous emmène avec lui à l’intérieur du studio dans un ouvrage absolument passionnant.

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Le film le moins connu de Sam Mendes en est un joli à découvrir – Maya Rudolph et John Krasinski ©Focus Features

AWAY WE GO – Road trip et humeurs variées

Un couple de trentenaire, un peu paumé et dans l’attente d’un bébé, se met en route à la recherche d’un endroit où faire leur vie… Voici le point de départ de ce qui est sans doute le film le moins connu de son auteur, à savoir ni plus ni moins que Sam Mendes. Car juste avant d’éclabousser la saga James Bond et le monde entier de son élégance avec l’excellent Skyfall en 2012, Mendes livrait trois ans plus tôt un film émouvant, subtil et tendre entre Little Miss Sunshine et la trilogie Before

John Krasinski et Maya Rudolph forment un couple attachant que l’on suit avec plaisir le long de leur road-trip qui les mettra sur la route de personnages marquants voire assez barrés. Oscillant entre le rire, les émotions, le sérieux et la légèreté comme le cinéma indépendant américain sait si bien le faire, AWAY WE GO démontre les qualités et la sensibilité de son réalisateur, capable de changer de genre entre chaque projet et toujours proposer une aventure aussi entrainante qu’humaine. Car c’est bien la principale réussite de cette aventure, son aspect humain. Mendes est un réalisateur particulièrement doué pour mettre en avant les subtilités de la condition humaine, et toujours avec un réel talent de metteur en scène (cf le moment où apparaît le titre au tout début). Une belle réussite et un film qui mériterait d’être un peu plus connu. 

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Tom Cruise regarde vers le ciel, là où il emmène le cinéma de divertissement et le spectateur avec. ©Paramount Pictures

TOP GUN : MAVERICK – Courage et spectacle

Un film très récent (et même encore au cinéma), car il confirme la qualité principale de son artisan, une qualité particulièrement réjouissante ainsi qu’importante pour le cinéma d’aujourd’hui. Car si on met toujours en valeur l’égo aussi complexe que probablement trop important du bonhomme, on oublie peut-être de rappeler l’essentiel: la qualité du spectacle proposé sous nos yeux quand Tom Cruise se retrousse les manches, et notamment quand il met les pieds dans les sagas qui ont fait de lui une star internationale. 

Suite d’un film devenu culte pour lequel on peut avoir une certaine affection mais dont on retiendra autre chose que ses grandes qualités cinématographiques, TOP GUN : MAVERICK est une vraie surprise inattendue. Entre deux Mission Impossible hallucinants, Cruise s’associe à Joseph Kosinski (Tron, Oblivion, Line of Fire) pour se remettre derrière le manche et poursuivre son exploration de la façon de faire du cinéma d’action. Car c’est un des résultats du travail acharné de l’acteur de plus de soixante ans, et principalement sur les Mission Impossible et ce film-là donc: un sentiment réjouissant de grand spectacle incroyablement maîtrisé mais aussi intelligent. Et touchant. Car si ici, rien n’est, au niveau de la dramaturgie, très complexe ou surprenant, Cruise et ses équipes livrent un film, bien sûr très impressionnant (les acteurs étaient vraiment dans les avions pilotés par des militaires), mais aussi étonnamment émouvant. Qui aurait cru se trouver devant une histoire plus touchante que ce à quoi on pouvait s’attendre, dans laquelle on verrait l’acteur et son personnage douter comme jamais (cf la superbe scène avec Val Kilmer) ? Cruise se met toujours en avant, mais il parvient à faire preuve de suffisamment de retenue et de sobriété. Son Ethan Hunt émeut de plus en plus au fur et à mesure que les rides apparaissent inévitablement sur son visage, mais c’est peut-être son Pete Mitchell qui bouleverse le plus. Il hésite, doute, et pleure parfois, notamment dans la scène déjà mentionnée, et se révèle surprenamment et véritablement touchant. En résulte donc un film qui fait du bien, lumineux et entraînant, mais aussi donc assez fin et émouvant. Le bruits des moteurs n’en devient que plus marquant, et TOP GUN : MAVERICK s’impose comme un des meilleurs blockbusters récents, emmené par son savoir-faire à l’ancienne, précieux et réjouissant. Un beau film.

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Une comédie culte, qu’est-ce que vous voulez de plus ? Un personnage qui redonne des couleurs au monde ? Vous l’avez – Peter Sellers et Claudine Longet ©United Artists

THE PARTY – Soirée inoubliable

Comme le décrit François Theurel (Le Fossoyeur de Films) dans sa vidéo intitulée Le Gag Ultime et consacré aux ZAZ, il existe en comédie plusieurs types d’univers dans lesquels les personnages évoluent. Mettant en parallèle celui de l’immense The Office qui présente un univers réaliste, les frères Zucker et Jim Abrahams développent plutôt une “fantaisie feel good” avec une sorte de monde parallèle dans lequel tout est absurde. C’est un peu le cas avec THE PARTY, comédie culte américaine réalisée par Blake Edwards en 1968, dans laquelle le réalisateur va faire entrer un acteur maladroit comme pas possible au sein d’une soirée chic organisée par le producteur d’un film que le dit acteur vient de correctement endommager en détruisant un décor sans le vouloir (le gars a posé son pied sur un détonateur en voulant refaire ses lacets).  

A cheval entre Mr Bean et Gaston Lagaffe, Hrundi V.Bakshi (ne tremblez pas, le nom fait peur mais le gars est adorable), incarné avec malice et plaisir par Peter Sellers, illumine une soirée plutôt guindée de son immense maladresse mais pas que. Car, au fil de l’heure et demie que dure le film, il se dégage, autour d’un tel personnage, une bonne humeur presque irréelle. On sait ce qu’il va se passer: le bougre va débarquer dans un environnement qui n’est pas trop le sien (mais en même temps, il y a peu d’environnements qui ont l’air d’être le sien) et mettre un bazar sans nom. Mais ce qui est agréable avec ce genre de types impayables, c’est qu’ils dégagent une légèreté tellement puissante et sincère, voire juste naturelle et inchangeable, que le monde autour d’eux devient de plus en plus enfantin, marrant, loufoque. Comme si ces gens libéraient du positif autour d’eux pour magnifier le monde et le rendre meilleur. Une bonne heure et demie de trouvailles de conneries durant laquelle tout le monde passe finalement un bon moment (sauf certains, et surtout celui qui va devoir nettoyer la maison). Et puis, comme le font brillamment les ZAZ donc (et contrairement à ce que font beaucoup de comédies aujourd’hui, cf l’excellente vidéo de la chaîne Every Frame a Painting consacrée au talent d’Edgar Wright), la mise en scène et le montage sont au service du gag, avec intelligence. Une belle comédie et un bon film.

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Quand Marvel faisait des bons films – Chris Hemsworth, Scarlett Johansson, Jeremy Renner, Mark Ruffalo, Chris Evans et Robert Downey Jr. ©Walt Disney Studios Distribution

AVENGERS (The Avengers) – Ensemble

Que tout le monde enfile son costume, on va terminer par les super-héros. Mais pas n’importe lesquels. Consacrons les dernières lignes de ce fabuleux article à une équipe toute aussi fabuleuse de la pop culture: les Avengers. Car si Marvel est aujourd’hui pointé du doigt pour sa façon de faire du cinéma justement car ce n’est malheureusement pas son but premier, les premières années du désormais inévitable Marvel Cinematic Universe ont donné quelques très solides blockbusters, à l’image du premier Iron Man ou, donc, de la première fournée d’Avengers. 

En 2012, sous la houlette de l’inspiré Joss Whedon (un homme à l’image d’ailleurs bien ternie depuis, mais c’est un autre sujet), le studio livra un immense succès. Et cette fois pas seulement en termes de billets verts. Car The Avengers est un grand divertissement comme on en fait pas tant que ça (et peut-être de moins en moins), doté d’un charme irrésistible, d’un sens du spectacle impressionnant ou encore d’une énergie remarquable et d’un grand talent pour iconiser ses personnages, tous irrésistibles (même le délicieusement insupportable Loki, devenu un des meilleurs personnages de tout l’univers Marvel avec sa série). Même si Whedon orchestre tout ça de manière trop “télévisuelle” pour certains, l’ensemble est maîtrisé de bout en bout et constitue un divertissement précieux surtout au vu d’une écriture de qualité, qui est bien trop souvent un problème pour beaucoup trop de blockbusters aujourd’hui (la merveilleuse chaîne Lessons from the Screenplay vous en parle ici), un des premiers du MCU et finalement un des derniers avec un tel charme. A l’image du sous-estimé premier Captain America (The First Avenger), des Gardiens de la Galaxie, et même dans une moindre mesure un peu Ant-Man, AVENGERS est particulièrement réjouissant et son visionnage donne le sourire. On peut aussi y voir la démonstration de l’importance de l’esprit d’équipe à travers le parcours de ces êtres si différents qui, une fois alliés, vont constituer un groupe irrésistible, le film nous rappelant que la solution vient souvent de la coopération et de la confiance mutuelle (et d’une bonne dose de bourre-pifs, aussi). Probablement un des meilleurs blockbusters de la décennie. 

Simon BEAUCHAMPS

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