Le Paris Manga & Sci-Fi Show s’est déroulé du 5 au 6 octobre 2024 au Parc des Expositions de Villepinte. Ça a été l’occasion pour nous de couvrir quelques événements et expositions cinématographiques dont deux conférences très passionnantes.
Paris Cinéma
Convention dédiée essentiellement à la culture nippone, le Paris Manga reste un salon où le septième art a entièrement sa place. Fidèle à son nom, la science-fiction a été présente par le biais d’un grand village Star Wars. Tenue par des exposants passionnés, cette parcelle comportait nombre de répliques de vêtements et d’objets de la saga. Malgré les déboires récents de la licence, il était agréable de constater l’amour de ces fans qui y mettent littéralement du leur pour transmettre leur passion. Car oui, il en faut du temps pour promouvoir une discipline comme le combat au sabre laser, pour créer des cosplays ou pour reproduire fidèlement des R2D2, et nous les remercions pour cela.
Si la science-fiction est prédominante dans le salon c’est pour son caractère populaire. Néanmoins, ce n’est pas le seul genre présent dans la convention. Proche du village Star Wars, Noctua Corp a amené un peu du Hollywood Museum à Paris. Nous pouvions voguer au milieu d’accessoires divers et variés, allant du MCU à l’univers cinématographique Conjuring. C’était même probablement trop varié, l’ensemble faisant fourre-tout. Il n’empêche que cette exposition formait une jolie bulle et faisait une bonne transition pour celle adjacente.
Forte de son succès, l’exposition Harry Potter par Ludo Collection est revenue pour cette édition du Paris Manga. Après une petite animation fort sympathique, nous pouvions pénétrer dans le monde magique – et surtout cinématographique – de la saga de J.K. Rowling. Malgré l’espace réduit dédié aux sorciers, le stand était bien fourni en termes d’articles des films. Ludo Collection a eu aussi la brillante idée de ne pas apporter les mêmes objets que durant les précédentes éditions. Ainsi, les habitués pouvaient profiter de nouveautés, tandis que les nouveaux visiteurs pouvaient espérer en voir davantage les années suivantes.
Les conférences des hommes de l’ombre
Le Paris Manga peut être vu comme un immense marché, entre expositions et activités. C’est aussi le terrain de conférences tenues par des invités prestigieux. Pour cette édition, nous avons participé à deux d’entre elles.
Bernard Cabay, Alexandre Gillet et Damien Witecka, doubleurs respectifs de Robert Downey Jr., Chris Evans et Tobey Maguire, nous ont fait l’honneur de discuter de leur métier par le prisme de Marvel. À l’instar des super-héros qu’ils doublent, ils disent posséder une double vie : une publique et une secrète grâce au doublage. Malgré tout, ils ont du mal à se voir tels des symboles de la pop culture, leur rôle se limitant à leur voix. Pourtant, ils le sont. Les fans leur ont fait ressentir au fil du temps l’impact de leur travail, un impact allant au-delà de l’image. Ce qu’ils font est fondamental, non seulement pour les spectateurs, mais aussi même pour leur employeur. Bien qu’ils ne sont que des voix, ils participent activement au combat contre les fuites de Disney. Pour Deadpool 3, Alexandre Gillet a été surpris de voir qui il devait interpréter. Bernard Cabay, lui, n’était pas au courant du retour de Robert Downey Jr. Enfin, et l’exemple le plus parlant de cet état de fait, sur le doublage de Spider-Man : No Way Home, Damien Witecka et Donald Reignoux se sont croisés sans connaître la raison, les deux n’étant pas au studio en même temps. C’est un témoignage fort intéressant puisqu’il montre le sérieux de Disney même dans les strates « inférieures » de post-production. Ainsi, la conférence s’est conclue sur un mot sur la culture de la VF en France, même s’il aurait pu être davantage développé. En effet, il est fort dommageable qu’elle n’évoque à aucun moment l’I.A. et la pétition « TouchePasMaVF », la firme aux grandes oreilles étant d’ailleurs accoutumée de son utilisation.
Après les voix, la conférence suivante s’attelait elle aussi à un autre métier de l’ombre. Andy Serkis, fameux interprète de Gollum et de César, a pu discuter de sa carrière, en particulier dans la motion capture. L’acteur est bien évidemment revenu sur ses performances, en disant par exemple que celle dans la trilogie de La Planète des Singes a été la plus dure à cause de l’évolution linguistique et mentale de son personnage. Cependant, Andy Serkis a davantage axé son intervention sur ses envies présentes et futures. Il n’a plus de personnage qu’il aimerait interpréter, mais des histoires à raconter. Il a toujours eu un intérêt pour la réalisation : il a débuté par des courts-métrages et même travaillé dans le jeu vidéo. Pour la trilogie Le Hobbit, il a beaucoup appris aux côtés de Peter Jackson et c’est naturellement qu’il va prochainement réaliser Gollum. D’ailleurs, bien qu’il interprète de nouveau le personnage, il est davantage intéressé par la narration que par le jeu. Ce goût prononcé pour la réalisation est lié à la motion capture. Au Royaume-Unis il est un des pionniers dans le domaine car il a créé la première école dans ce secteur. L’origine de cette création est née après le tournage de King Kong et durant la réalisation du jeu vidéo Heavenly Sword. C’est cette expérience qui lui a fait ouvrir les yeux. La motion capture est essentiel dans le jeu vidéo, et à cette époque les personnages possédaient de plus en plus de texture. Naturellement, ça a été un domaine qu’il a souhaité faire grandir pour de projets futurs. Un de ceux-là est la création d’un jeu interactif auquel il pensera après le tournage de Gollum. Selon lui, dans le futur les spectateurs interagiront avec les films et le jeu interactif est la première étape vers cette révolution. Elle sera possible grâce à la motion capture, chose qu’Andy Serkis continuera à promouvoir notamment dans un certain film d’animation très attendu. Après l’avoir soufflé il y a quelques mois à un fan, l’acteur a affirmé que Tintin 2 se fera, Peter Jackson étant très impliqué dans le dossier.
Flavien CARRÉ