Enfin disponible en France en haute définition chez Rimini éditions, ÉPOUVANTE SUR NEW YORK de Larry Cohen a conservé tout son charme de série B miraculeuse, tournée en quelques semaines avec des effets spéciaux exceptionnels pour son faible budget.
Moins d’un mois de tournage
L’éditeur Rimini éditions sort pour la première fois en haute définition ÉPOUVANTE SUR NEW YORK (Q) de l’estimé Larry Cohen. Dans cette série B du début des années 80, New York est attaqué par un gigantesque serpent volant à plumes, le Dieu aztèque Quetzalcoatl, réveillé de son sommeil millénaire par plusieurs sacrifices humains perpétrés dans la grosse pomme. Un scénario ambitieux pour un petit budget d’un million de dollars… Pourtant, le projet a été monté en quinze jours et tourné en à peine un mois. Un exploit, signé Larry Cohen, alors en proie à une pulsion revancharde et dans une urgence absolue, en raison de la prévision d’une grève à Hollywood.
Auteur prolifique, Cohen débute sa carrière dans le Western en 1966, en tant que scénariste sur le Retour des sept de Burt Kennedy. Sa carrière se démarque par la suite par une grande versatilité, naviguant du western au polar, jusqu’au film d’horreur et fantastique. Capable de frayer avec des budgets serrés, il trouvera un terrain de jeu propice à déployer sa créativité dans la série B, qui lui offrira certains de ses meilleurs films, comme Le Monstre est vivant (It’s Alive!) en 1974 ou The Stuff en 1984. Tourné vite avec peu de moyens, ÉPOUVANTE SUR NEW YORK en est l’un des exemples les plus manifestes.
La revanche de Cohen
En 1981, Cohen est subitement viré du tournage de J’aurai ta peau, un polar peu marquant avec Alan King. Craignant pour sa carrière, le réalisateur décide de mettre rapidement un nouveau film en chantier, pour prouver qu’il en a encore sous le pied. Le scénario d’ÉPOUVANTE SUR NEW YORK était déjà couché sur le papier. Ne restait plus qu’à passer un coup de fil à l’ami Carradine pour interpréter le rôle de l’inspecteur Shepard et à embaucher quelques seconds rôles et des techniciens, pour lancer la machine. David Carradine partage alors l’affiche avec Michael Moriarty, agrippé par Cohen au hasard d’une rencontre dans un restaurant.
Car là réside tout le génie de Larry Cohen. De la débrouille érigée en art, un flair imparable et une détermination sans nulle autre pareille. Pour tourner son histoire de monstre volant, le réalisateur tourne quelques plans rapides au-dessus de la ville de New-York en hélicoptère et se suspend même illégalement avec ses équipes à 319 mètres du sol, au 80e étage du Chrysler building, sans la moindre mesure de sécurité. Comme l’explique Marc Toullec dans le livret inclus dans le coffret de Rimini, il a ensuite fallu tout le talent de Randy Cook et David Allen aux effets spéciaux pour incruster le serpent volant à plumes dans ces plans en mouvement. Une prouesse technique pour l’époque et le faible budget du film.
Enfin en haute définition
D’autant plus que le monstre est animé en stop motion, image par image. Considérant l’effort colossal que constitue l’animation de la créature, Cohen renonce dans une moindre mesure à son hommage aux creature features des années 30-40, avec clins d’œil appuyés au King-Kong de 1933. ÉPOUVANTE SUR NEW YORK économise donc son monstre et mise davantage sur le personnage de Michael Moriarty, Jimmy Quinn, un voyou à la petite semaine, seul témoin de l’emplacement du nid de la bête. Bien que les intentions du religieux fanatique qui invoque le Dieu aztèque restent floues, ÉPOUVANTE SUR NEW YORK séduit davantage par ses effets que par son scénario. Un film exceptionnel, considérant son budget limité et l’urgence de son tournage.
Malgré son succès et son statut culte aux États-Unis, ÉPOUVANTE SUR NEW YORK ne bénéficie pas de la même renommée en France. Un peu oublié et méconnu du grand public, le film n’a longtemps été visible, dans nos contrées, que sur un support DVD zone 2 sans bonus, édité par Intégral. Il fallait se procurer une édition internationale dézonée pour visionner le film dans une meilleure qualité et espérer voir quelques bonus. Rimini tombe donc à point nommé avec cette réédition HD, accompagnée d’un bonus sur les effets spéciaux du film, d’un livret rédigé par Marc Toullec et d’un commentaire audio de Larry Cohen. On ne l’espérait plus !
Lilyy Nelson
ÉPOUVANTE SUR NEW YORK sort en haute définition, dans un combo Blu-Ray et DVD chez Rimini éditions. Le film est accompagné du bonus ÉPOUVANTE SUR NEW YORK : effets spéciaux et stop motion de Jean Manuel Costa, d’un commentaire audio de Larry Cohen et d’un livret rédigé par Marc Toullec.