Tous les ans, Noël revient avec son lot de cadeaux, de féérie et de long-métrages mythiques. Mais avec les rediffusions de classiques ou les nouveaux téléfilms qui envahissent les chaînes publiques ou les plateformes de streaming, les films de Noël ne constitueraient-ils pas un genre à part ?
Les Chroniques de Noël, Love Actually, La Princesse de Chicago, The Holiday, L’Alchimie de Noël, Last Christmas, Flocons d’amour… Les titres sont peut-être différents mais la recette reste toujours la même et les spectateurs fondent à chaque fois. Les films de Noël sont souvent repérables au premier coup d’œil grâce à l’atmosphère qu’ils évoquent et aux différentes étapes que traversent les personnages.
Régulièrement, le scénario est construit autour d’une histoire d’amour ou de famille dont le point culminant a souvent lieu un soir de fêtes. Habituellement, le récit est ponctué de repas qui concentrent de nombreuses tensions (Un Conte de Noël, Arnaud Desplechin, 2007) ainsi que d’une scène musicale avec une chorale ou un spectacle de fin d’année (Love Actually, Richard Curtis, 2003) qui émeut tout le monde, des plus grands aux plus petits. La fiction multiplie également les moments de convivialité, qu’il s’agisse de batailles de boules de neige (Elf, Jon Favreau, 2003) ou de farine entre les différents protagonistes (The Princess Switch 2, Mike Rohl, 2020). Enfin, lors de la préparation des gâteaux de Noël, l’héroïne se bariole fréquemment le visage de glaçage avant que son soupirant ne lui essuie lentement la joue en la fixant de ses beaux yeux… ou inversement (Christmas Wonderland, Sean Olson, 2018). Mais rien n’est généralement aussi parfait que le moment partagé sous le gui lorsque les amoureux se rendent compte de leur amour : parenthèse cruciale dans le scénario romantique. Le film de Noël semble ainsi être un genre à part qui répond à des codes spécifiques et des schémas prédéterminés.
Pourtant, même si les films de Noël présentent souvent des caractéristiques communes, il n’en est pas moins difficile d’en nier la variété. Tant et si bien qu’il est aujourd’hui nécessaire d’établir de nombreuses sous-catégories avec les films de super-héros (Batman Returns, Tim Burton, 1992), de sport (Rocky IV, Sylvester Stallone, 1985), des comédies (Bad Santa, Terry Zwigoff, 2003), les films d’action (Die Hard, John McTiernan, 1988), les slashers (Silent Night, Steven C. Miller, 2012) ou encore les longs-métrages fantastiques (Les Chroniques de Narnia, Andrew Adamson, 2005) et ceux d’animation (L’Étrange Noël de Monsieur Jack, Henry Selick, 1993)… Ces nombreuses sous-divisions remettent en question la vision classique que l’on peut avoir du film de Noël qui est parfois réduit à des téléfilms ou aux comédies romantiques précédemment évoqués. Dès lors, qu’est-ce qui fait un film de Noël ?
Cela ne peut pas être la date de sortie du long-métrage puisque les Gremlins de Joe Dante est sorti en juin 1984 tout comme Miracle sur la 34e rue de George Seaton qui a débarqué dans les salles au mois de mai 1947. Pourtant, il est difficile de remettre en question la classification de ces films tant ils sont imprégnés de l’esprit des fêtes de fin d’année. Il ne s’agit pas non plus d’une question de temporalité puisque les festivités de Noël en elles-mêmes ne concernent parfois qu’une toute petite ligne narrative du film comme dans Au Service secret de sa majesté de Peter Hunt (1969). Parfois, elles ne sont presque quasiment pas évoquées comme dans Garde à vue de Claude Miller (1981) qui se déroule lors de la Saint-Sylvestre. Le film de Noël peut peut-être se définir à travers son thème principal qui est souvent centré sur la joie, l’amour et la nostalgie. Mais dès lors, comment expliquer Rocky IV (Sylvester Stallone, 1985), Le Lion en hiver (Anthony Harvey, 1968) ou encore le Fils du désert (John Ford, 1948) ?
Les longs-métrages qui nous évoquent le 25 décembre n’ont donc parfois aucun rapport entre eux à tel point que le film de Noël ne serait peut-être qu’une catégorie aux contours flous dont la définition est avant tout personnelle. En effet, beaucoup possèdent une madeleine inexplicable lorsqu’il s’agit de films de fin d’année : de la saga Harry Potter à Space Jam en passant par Mary Poppins, L’Histoire sans fin ou encore Star Wars. Au final, le film de Noël, plus qu’un genre, est avant tout un état d’esprit. Celui du plaisir que l’on éprouve à regarder certains long-métrage entouré de sa famille ou de ses amis.
Sarah Cerange
[button color= »white » size= »normal » alignment= »center » rel= »nofollow » openin= »samewindow » url= »#comments »]Votre avis ?[/button]