Dans la chaleur étouffante de l’été est sorti pile pour la Fête du Cinéma, INSIDIOUS : THE RED DOOR. Et si le film de Patrick Wilson ne révolutionne pas franchement la saga initiée par James Wan, ce nouvel Insidious a au moins le mérite d’offrir un divertissement sympathique dans la fraîcheur de la climatisation.
Come-back
En 2010, Insidious, premier du nom, fut une belle surprise à sa sortie en salle. Brouillon ingénieux du futur Conjuring, James Wan y déclame déjà son amour pour le film de possession des années 70 et tire habilement son épingle du jeu avec une esthétique, certes conventionnelle, mais une réelle envie de dépoussiérer le genre en contournant la plupart de ses procédés traditionnels. La suite, apparue sur les écrans en 2013, se révéla en revanche passable et sans grand intérêt. D’où peut-être le choix de donner une nouvelle orientation à la franchise avec les épisodes 3 et 4, centrés autour du personnage d’Élise, la médium des premiers volets.
Insidious : Chapitre 3 et Insidious : la dernière clé ont ainsi fait muer la franchise en séries B de luxe amusantes, peu brillantes, mais en aucun cas désagréables. Or, ce cinquième et dernier volet, INSIDIOUS : THE RED DOOR, semble vouloir s’en détacher et renouer avec les origines de la saga. On y retrouve notamment Patrick Wilson, le père de famille de la duologie originelle, qui passe cette fois-ci également derrière la caméra. De retour eux aussi, Rose Byrne réendosse le rôle de la mère et Ty Simpkins, celui du fils. De son côté, James Wan est désormais crédité à la production, à nouveau sous la bannière de Blumhouse.
Fun bien que peu subtil
On le sait, le retour des anciens n’est pas nécessairement gage de qualité au cinéma. Et INSIDIOUS : THE RED DOOR ne procure effectivement pas la même satisfaction que son illustre premier volet. D’autant que son scénario brasse de bien trop vastes thématiques pour pouvoir toutes les explorer convenablement. Il n’empêche que s’il manque de rythme dans son premier quart, INSIDIOUS : THE RED DOOR se tient tout de même d’un bout à l’autre et recèle quelques instants de sursauts et d’angoisse plutôt louables. Notamment grâce à un sound design et une gestion de la lumière efficaces. En effet, malgré quelques jumpscares insistants, le film tente quelques sorties de route plutôt étonnantes pour ce type de productions.
On retiendra une scène à l’intérieur d’une machine à IRM particulièrement déstabilisante, ainsi qu’une jolie mise en image du rêve se confondant avec la réalité. Malheureusement, calibré à n’en point douter pour un public adolescent, INSIDIOUS : THE RED DOOR manque cruellement de morts à l’écran et la subtilité lui fait souvent défaut. Rattaché à la mythologie du premier volet, il tente de s’y accrocher de toutes ses forces et nous refait le coup de la silhouette floue en arrière-plan un trop grand nombre de fois. Des défauts néanmoins acceptables, dans un produit conçu pour convaincre un jeune public de s’attarder sur une franchise déjà ancienne…
Un rafraîchissement d’été
Au crédit du film, certains aspects de la médiumnité peu évoqués jusque là dans la saga font leur apparition et permettent ainsi de varier les enjeux. Artiste, le jeune Dalton est visiblement capable de communiquer avec le lointain par le biais du dessin – une capacité à rapprocher de l’écriture automatique, qui crée ici davantage d’interactions avec le monde occulte. Et si l’on pouvait reprocher au film la simplicité de son scénario, où père et fils ont été hypnotisés pour oublier tous les événements des premiers volets, ce postulat oriente néanmoins le propos vers une réflexion sur le rapport père-fils – encore une fois peu subtile, mais pas entièrement dénuée d’intérêt.
Force est de constater que INSIDIOUS : THE RED DOOR tente des choses et ne s’en sort pas si mal. Habitués du tour de manège, on l’aura vite oublié dans quelques jours, mais les plus jeunes y trouveront certainement davantage leur compte. Parfait pour une sortie ciné dans la climatisation par 30 degrés en extérieur, ce nouvel opus d’Insidious ne révolutionne certes pas son genre, mais il a le mérite d’offrir un spectacle divertissant, avec un fond suffisamment aimable pour que l’on s’attache à ses personnages. Au point que l’on se laisserait presque aller à l’envie de voir une suite. Or, Blumhouse l’envisage comme un chapitre final. Et peut-être n’est-ce pas si mal…
Lilyy Nelson
• Réalisation : Patrick Wilson
• Scénario : Scott Teems
• Acteurs principaux : Patrick Wilson, Rose Byrne, Ty Simpkins
• Date de sortie : 5 juillet 2023
• Durée : 1h48min