Photo du film SMILE
Crédit : Paramount Pictures

SMILE, sourire à la déprime – Critique

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Métaphore de la dépression, SMILE s’émancipe de la vague des films d’horreur nostalgiques actuelle et parvient ainsi à offrir un spectacle glaçant, pour le moins surprenant.

Dès son entrée en matière, SMILE ne nous épargne pas. Dans l’ambiance pourtant lisse et aseptisée d’un hôpital, on bascule soudain dans le cauchemar. Le son devient strident et les sursauts inéluctables, quand le sang jaillit dans un fracas monstre. Une jeune étudiante vient de s’égorger elle-même sous le regard médusée d’une psychiatre. Alors que le calme semble nous être rendu, lorsque celle-ci passe la porte d’une grande maison luxueuse mais sans charme, le cauchemar recommence. Rose Cotter, la thérapeute, manifeste de toute évidence les mêmes délires hallucinatoires que sa patiente suicidée.

Photo du film SMILE
Crédit : Paramount Pictures

Sorte de malédiction en chaîne transmise d’une victime à une autre, SMILE brasse tout un imaginaire né des films d’horreur, de Ring à It follows, en passant par la série des Destination Finale. Toutefois, à l’inverse d’un grand nombre de productions horrifiques actuelles, il se dispense de citations et d’hommages. Loin de la vague de l’elevated horror, SMILE se distingue comme un film d’horreur à sensations populaire et surprenamment rafraîchissant. L’approche était effectivement quelque peu tombée en désuétude depuis la déferlante Conjuring, largement inspirée des films de possession des années 70.

Expérimentations cruelles

Sur la forme, SMILE ose même quelques expérimentations visuelles. Des plans débullés et des cadres inversés tentent de déstabiliser le spectateur. Or, s’ils confèrent à l’ambiance inquiétante du film, ils manquent néanmoins parfois de sens, bien qu’ils attisent une certaine curiosité par leur rendu atypique. À la manière d’un Sam Raimi à l’époque d’Evil Dead, Parker Finn adapte son court-métrage Laura Hasn’t Slept en long, et en profite pour tenter des choses – toute proportion gardée toutefois, compte-tenu du cadre strict de la production hollywoodienne.

Photo du film SMILE
Crédit : Paramount Pictures

S’il souffre parfois de verser dans de nombreux clichés du genre, jumpscares incessants en tête, SMILE fonctionne tout de même à merveille et offre de véritables moments de frisson, comme on n’en attendait plus. Peu à peu, l’étau se resserre autour du docteur Rose Cotter, et l’issue funeste n’en devient que plus palpable. Comme Nancy dans Les Griffes de la nuit, la malédiction fait imploser le microcosme de la thérapeute, tandis que des fantômes du passé ressurgissent. Or, rien ni personne ne semble pouvoir la sauver. Le film s’avère d’autant plus cruel qu’il se dispense d’un happy end – chose de plus en plus rare pour ce type de production.

Mal du siècle

D’autre part, à trop se concentrer sur des thématiques rétro-nostalgiques, les films d’horreur grand public ont peu à peu délaissé les problématiques sociétales qui faisaient auparavant leur sel. SMILE esquisse un retour à ces préoccupations et centre son propos autour des troubles de la santé mentale. Le démon qui poursuit Rose Cotter sans dire son nom file ainsi une métaphore de la dépression – mal du siècle d’autant plus vivace dans le contexte post-Covid actuel. Le film explore également ses symptômes, comme l’incompréhension des proches qui mène invariablement à l’isolement et l’errance parfois sans fin de la thérapie. Peut-être avec un peu trop d’aplomb, certes, mais dans un crescendo final efficace.

Photo du film SMILE
Crédit : Paramount Pictures

Le sourire prend, lui aussi, tout son sens à la lumière de ce sous-texte. Il constitue un masque derrière lequel la protagoniste tente de dissimuler tout le mal qui la ronge… Jusqu’à ce que le vernis craque. S’il manque parfois de finesse dans son écriture et sa grammaire, SMILE n’en demeure pas moins un divertissement haletant, ponctué d’intelligence. Jolie réussite, il parvient à nous maintenir dans un état nerveux en persécutant la pauvre Rose, qui n’a finalement pas grand-chose d’une héroïne. En effet, le film choisit de mettre en scène des personnages ordinaires dans une métaphore fataliste de l’ordinaire. Et SMILE achève de nous surprendre avec une conclusion plus que pessimiste… bien que prévisible.

Lily Nelson

Note des lecteurs10 Notes
Titre original : Smile
Réalisation : Parker Finn
Scénario : Parker Finn
Acteurs principaux : Sosie Bacon, Jessie T. Usher, Kyle Gallner
Date de sortie : 28 septembre 2022
Durée : 1h55min
3
Flippant

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