Gareth Edwards

[INTERVIEW] Gareth Edwards pour Rogue One

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En cette fin d’année, la sortie de Rogue One, premier spin-off de la saga Star Wars, un an après Le Réveil de la force, est évidement un événement. Une grosse machine qui ne laisse généralement pas beaucoup de liberté à son réalisateur, obligé de respecter un cahier des charges précis. Pour Rogue One, c’est Gareth Edwards qui a été choisi. Remarqué avec son premier film à petit budget, le très sensible Monsters (2010), il s’est ensuite retrouvé propulsé à Hollywood avec Godzilla (2014). Présent à Paris pour la promotion du film (qui sortira sur le sol français deux jours avant les Etats-Unis), Gareth Edwards a répondu aux questions de plusieurs médias du web. Voici un compte-rendu de ce qui a été dit.

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Vous avez tourné votre premier film (Monsters, 2010) avec cinq personnes, et vous voilà avec une immense production. Qu’est-ce que cela change dans votre travail ?

C’est à peu près la même chose d’une certaine manière. Sur une grosse production comme Rogue One ou Godzilla, le réalisateur est très protégé. On n’est pas directement en interaction avec les mille personnes qui travaillent sur le film. Du coup je discutais uniquement avec les acteurs, le directeur de la photographie et l’assistant réalisateur. Ce qui permet de retrouver une ambiance, disons presque intimiste.

photo de Rogue One de Gareth EdwardsVous avez surtout connu un changement en termes de budget.

Oui, j’ai commencé avec un film à très petit budget avant de partir à Hollywood pour Godzilla. Sur les petits films, ont vous demande souvent comment vous avez fait autant, avec aussi peu de moyen. Mais de la même manière je pense qu’on devrait demander comment on arrive à faire des bonnes choses avec AUTANT de moyens. Car un gros budget n’amène pas que de la facilité mais beaucoup de pression. Néanmoins, j’ai essayé de combiner les avantages que peuvent apporter les deux, à savoir de la liberté d’expression à différents niveaux.

Justement comment se traduit cette « liberté » sur un film aussi contrôlé ?

En fait j’avais un livre de règles avec le directeur de la photographie qui devait nous permettre d’avoir plus de liberté. Par exemple, on s’est décidé à ne pas avoir de marque au sol pour les comédiens. On a également fait en sorte d’avoir des décors à 360°, avec des écrans qui diffusaient les images enregistrées, pour permettre à tout le monde de participer en même temps à la création du film. C’est donc sur des détails qu’on a pu travailler comme on le désirait pour offrir du spectacle et de l’émotion, même durant les scènes de bataille.

photo de Rogue One de Gareth EdwardsComment fait-on pour gérer une mythologie aussi riche que celle de Star Wars, tout en y mettant sa personnalité ?

En fait j’ai essayé d’éliminer tous les éléments de science-fiction du scénario pour traiter l’histoire comme un film historique. Cela se retrouve principalement avec l’Etoile noire qui est présentée comme une arme nucléaire. Je me suis alors rappelé de mes années de documentariste à la BBC. J’avais fait un documentaire sur l’inventeur de la bombe atomique et il m’avait exprimé ses regrets de l’avoir inventé. Ce témoignage a donc été pour moi la source même du personnage du père de Jyn, interprété par Mads Mikkelson.

Il est donc à nouveau question d’un lien parent / enfant.

Oui, pour résumer, la rébellion par à la recherche de la fille de Galen Erso, qui est à l’origine de la construction de l’Etoile noire. Il espère qu’elle puisse retrouver son père pour pouvoir détruire cette arme. Dans les Star Wars il est souvent question de rapports entre un parent et son enfant, sous forme de rébellion, de rédemption, de trahison… C’est en reprenant cette colonne vertébrale qu’on a construit notre film dont on connaissait déjà la fin (évoquée dans l’épisode IV). On a donc pris la problématique du film à l’envers, à partir de sa finalité et on a essayé de remonter le cours des choses.

Comment s’est déroulé votre travail avec le directeur de la photographie Greig Fraser, qui a notamment travaillé sur Zero Dark Thirty ?

Greig a un sentiment très organique dans son travail et un sens de la composition extraordinaire. Quand j’ai commencé à travailler sur Rogue One, je disais aux personnes avec qui j’allais collaborer que je ne voulais pas que le film ait un style hollywoodien froid. Je voulais vraiment quelque chose de vivant, du réalisme, presque un semblant de documentaire, ou du moins un sentiment de vérité. Greig m’a dit exactement la même chose. Et il a réussi à combiner un objectif anamorphique 70mm qui avait été utilisé sur Ben Hur, en le montant sur une caméra numérique d’aujourd’hui. C’est ce qui nous a permis de donner au film un look des années 1970 avec ce grain si particulier. Je pense que toute la beauté visuelle du film vient de cette collaboration avec Greig.

photo de Rogue One de Gareth EdwardsVous avez pu introduire de nouveaux éléments à la mythologie Star Wars, comme les Deathtroopers.

Oui, je voulais des Stormtroopers vraiment intimident. Mais je trouvais leur look d’origine pas assez effrayant. Il me fallait quelque chose de plus imposant. Quand on a commencé à changer cela, on m’a expliqué qu’en mettant une armure sur quelqu’un, inévitablement il allait paraître plus rond. Du coup on a conçu les Deathtroopers pour des acteurs grands, de prêt de deux mètres, et assez minces, permettant d’avoir une silhouette différente. Aujourd’hui je vois déjà des Deathtroopers dans les magasins et je les verrai durant toute ma vie. D’ailleurs, si dans quinze ans je vois un enfant dans la rue avec un t-shirt de Deathtroopers, là je pourrais me dire qu’on a réussi. (rire)

photo de Rogue One de Gareth EdwardsLe film comporte un grand nombre de personnages, interprétés par d’excellents acteurs. Comment avez-vous réussi à tous les faire coexister dans le film ?

Avant tout, j’ai voulu faire un film de personnages. Il y en a beaucoup à présenter dans le film et ils sont tous différents, avec un but propre. A chaque fois qu’on estimait qu’un personnage n’était pas assez fort et apparaissait trop en retrait, on décidait de le retravailler pour trouver un équilibre entre tous les protagonistes. Mais en premier lieu je suis parti du personnage de Jin. De là on a estimé qu’il fallait un personnage par lequel on pourrait faire passer la croyance en la force, puisqu’il n’y a pas de Jedi. On est alors remonté à une des influences de George Lucas, La Forteresse cachée de Kurosawa. C’est ce film qui l’a inspiré pour C3PO et R2D2. De cette inspiration on a écrit deux personnages qui vont incarner la croyance et la méfiance en la force. Egalement on désirait avoir un protagoniste propulsé presque malgré lui dans cette aventure. On a alors pensé au personnage de journaliste joué par Dennis Hopper dans Apocalypse Now.

Comment avez-vous géré l’engouement inévitable autour d’un film Star Wars ?

Déjà un film comme Rogue One reste extrêmement secret. Je ne pouvais pas raconter, à la fin de la journée, ce que j’avais fait avec mes amis ou sur facebook. On est donc constamment dans une bulle, enfermé sans réel contact avec l’extérieur. Mais de savoir qu’enfin on va pouvoir le montrer, c’est vraiment quelque chose de dingue. Je ne pense pas que je pourrais à l’avenir réaliser un autre film avec une telle dichotomie.

Propos recueillis par Pierre Siclier

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