larissachepitko1 e1444821066220 - [LUMIÈRE 2015] LARISSA CHEPITKO

[LUMIÈRE 2015] LARISSA CHEPITKO

Du cinéma Russe, je n’ai vu que le formidable Il est difficile d’être un dieu ; je n’ai jamais réussi à aller au bout d’un Tarkovski ou d’un Requiem pour un Massacre (j’avoue, d’ennui), et je n’ai jamais essayé les autres. C’est peu dire que je ne suis pas familier de ce cinéma. Cette rétrospective consacrée à Larissa Chepitko est pour moi l’occasion de connaître un peu mieux ce cinéma, bien que la cinéaste n’en soit peut-être pas la porte d’entrée la plus accessible.

Je découvre donc Larissa Chepitko avec L’ASCENSION (1977)  et TOI ET MOI (1971), deux films très singuliers, possédant chacun leur propre langage cinématographique.

[toggler title= »L’ASCENSION (1977)  » ]

L’ASCENSION (Ours d’or à Berlin en 1977) raconte le chemin de croix de deux soldats partis à la recherche de ravitaillements dans la Biélorussie de 1942 : gelée, désertique, et occupée par les Allemands.

L’impressionnante introduction nous montre un groupe de russes se faire attaquer par un convoi d’allemands. Leur fuite, dans la neige et sous les balles, est viscérale. Filmée avec dynamique caméra portée, renforçant un certain sentiment de désespoir. On pourrait avec cette scène, se dire que L’ASCENSION sera un film de guerre efficace et cruel sur le courage et le communautarisme. Seulement voilà, il y a cet indice : cette scène est montrée telle un générique de fin, avec les noms de l’équipe technique défilant en surimpression. Le message, en filigrane, est clair : passée cette quasi unique scène d’action, L’ASCENSION nous proposera quelque chose de radicalement différent. Il y a déjà, dans ces cinq premières minutes, une forte proposition de mise en scène passant par un langage cinématographique à deux vitesses qui confrontera par la suite, le concret ( la violence, le froid, la faim ), à l’abstrait ( l’abandon, la solitude, le désespoir ).

Il y a dans le cœur du film, cette sensorialité « russe » ( à laquelle je n’adhère pas totalement ) qui fait passer beaucoup de choses par le pouvoir évocateur de l’image. Larissa Chepitko capte un frappant désespoir dans l’inexpressivité des visages des acteurs, souvent filmés en gros plans. Elle fait durer les temps morts, façonnant l’introspection des personnages et notre immersion dans leur odyssée. Elle capte aussi quelque chose d’indicible, lorsqu’elle montre cette communion entre l’homme et son environnement, qui conditionne les réactions et interactions via un pacte qu’il m’a été, culturellement, difficile de comprendre. Elle fait pour cela, durer les plans sur ces visages burinés aussi expressifs et parlants que les dialogues. La magnifique photo N&B achève le travail expressionniste, en inscrivant, par des oppositions colorimétriques binaires, la petitesse et l’étroitesse de l’homme à l’immensité froide de la Biélorussie. Il y a donc une certaine fascination hypnotique à discerner l’invisible dans les pérégrinations de ces deux hommes et leurs quelques rencontres, celles-ci éclairant sur une facette bien sombre de la personnalité humaine.

« L’ASCENSION : une forte proposition de mise en scène passant par un langage cinématographique à deux vitesses »

Seulement cet abstrait redevient très concret sur la fin du film : le symbolisme religieux ( le chemin de croix, l’ascension ), jusque là relégué au second plan devient beaucoup plus frontal, tandis que les motifs plus communs du cinéma de guerre reviennent avec les allemands et leur cruauté. Le climax final pousse ainsi les thématiques du martyr et de la rédemption à leur paroxysme, donnant au film un léger parfum de prosélytisme. La force émotionnelle de cette dernière demi-heure contraste beaucoup avec la puissance évocatrice du reste du film, ce qui laisse une impression au final, assez mitigée.

[column size=one_half position=first ]Lascension 3 e1444819345924 - [LUMIÈRE 2015] LARISSA CHEPITKO[/column][column size=one_half position=last ]

Titre original : Voskhozhdenie
Réalisation : Larissa Chepitko
Scénario : Larissa Chepitko, Yuri Klepikov, d’après le roman Sotnikov de Vasiliy Bykov
Acteurs principaux : Boris Plotnikov, Vladimir Gostyukhin
Pays d’origine : U.R.S.S.
Sortie: 1977
Ressortie : 14 octobre 2015
Durée : 1h51min
Distributeur : –
Synopsis : Biélorussie, hiver 1942. L’armée allemande progresse sur le front russe. De nombreux villages sont passés sous le joug nazi. Un détachement de partisans de l’Armée rouge fuit, et deux hommes (Boris Plotnikov et Vladimir Gostyukhin) sont envoyés à la recherche de ravitaillement. Un long et périlleux périple dans la steppe commence ; ils seront bientôt faits prisonniers.

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[toggler title= »TOI ET MOI (1971) » ]

L’histoire : Piotr, médecin désabusé, quitte tout pour la Sibérie, laissant derrière lui son ami Sacha… La confrontation de deux hommes aux destins opposés dans le seul film en couleurs de Chepitko.

Je parlais à propos de L’Ascension, de langage cinématographique à deux vitesses, de sensorialité. Il y a un peu de ça dans ce TOI ET MOI, réalisé six ans plus tôt. Il y a vraiment ce sentiment d’être totalement perdu, dès les toutes premières minutes. De n’entendre qu’un « bruit » hypnotique auquel on ne comprend rien. Pas à l’intérieur des scènes elle mêmes, très compréhensibles, mais plutôt à travers les choix narratifs, plus flous. Il m’a ainsi fallu une bonne demi-heure pour comprendre de quoi il s’agissait, pour simplement recomposer la timeline du film, la raison d’être de ces scènes.
C’est peut-être ça, cette fameuse « sensibilité Russe » que je cherche désespérément à comprendre: laisser tout pragmatisme de coté pour s’abandonner à une certaine sensorialité. Quoi qu’il en soit, TOI ET MOI m’a immergé par ce dispositif, volontaire ou non, d’organisation labyrinthique. Heureusement, car sinon j’y aurais probablement été insensible.

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Car TOI ET MOI, loin d’être complexe, est un simple récit d’oppositions évolutives à l’intérieur d’un triangle amoureux. Ainsi, Piotr c’est celui qui rêve d’évasion, et Sacha, celui qui n’ose rien. En montage parallèle, l’ouverture et la fermeture. Dialogue et découverte de l’autre pour Piotr, introspection pour Sacha. Le décor industriel (horrible et magnifique) d’une mine portuaire pour l’un, la ville et ses buildings cloisonnés pour l’autre. Entre les deux, Katia. Abandonnée par l’un se retournera vers l’autre; permettant à chacun d’avancer, par son absence et sa présence. Au cœur du film, il y a un point de basculement ou les conversations, rencontres et découvertes parviennent enfin à toucher les deux hommes, chacun d’une façon assez extrême. La mise en scène de Larissa Chepitko trouve encore une façon de mettre à l’oeuvre deux langages cinématographiques très distincts, qui finit par remporter notre adhésion.

« Une fois perçue cette fameuse « sensibilité Russe », le film fascine par sa constance qualitative »

Au final, malgré un postulat assez commun, Larissa Chepitko propose un film chiadé, qui marque discrètement l’imaginaire.
Même si au début on n’arrive pas forcément à les relier, TOI ET MOI est parsemé de moments intenses et magiques. Que ce soit l’intro, un match de hockey, un dialogue dans un café alternant gros plans et distance, une scène de séduction qui vire à la manipulation, un vol en hélicoptère, une guérison fortuite, un show improvisé (ma scène préférée du film), un câlin dans une cuisine… Toutes ces scènes marquent, hypnotisent et fascinent. Il n’y a même pas de déséquilibre de rythme ou émotionnel, malgré l’antagonisme inhérent au propos du film. C’est fort. Puis, techniquement, rien à dire; TOI ET MOI, au delà de la réalisation très propre, parvient par moments à distiller une ambiance – tant dans la partie urbaine que « rurale ». Les acteurs (en dehors de la « fille aux yeux » qui donne un peu trop dans l’expressionnisme) sont d’une justesse à couper le souffle. Il y a d’ailleurs une très jolie sensibilité derrière chaque dialogue. Puis il y a ce je ne sais quoi qui ne s’explique pas, mais qui donne un charme singulier au film, et surtout, une âme.

[column size=one_half position=first ]N3gL6vX[/column][column size=one_half position=last ]

Titre original : Ty i ya
Réalisation : Larissa Chepitko
Scénario : Larissa Chepitko, Gennady Chpalikov
Acteurs principaux : Leonid Dyachkov, Yuriy Vizbor, Alla Demidova
Pays d’origine : U.R.S.S.
Sortie: 1971
Durée : 1h51min
Distributeur : –
Synopsis : Sacha est haut fonctionnaire et Piotr, médecin dans une ambassade à l’étranger. Ils travaillaient ensemble, plusieurs années auparavant, et étaient sur le point de faire une grande découverte lorsque Piotr est subitement parti à l’étranger avec sa femme. Après avoir revu Sacha, Piotr abandonne son travail et lui demande de reprendre leurs recherches communes. Mais ce dernier refuse.

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[divider]Le FESTIVAL LUMIÈRE sur Le Blog du Cinéma[/divider]

[toggler title= »MARTIN SCORSESE: Analyse de ses films » ]

MARTIN SCORSESE: portrait de l’auteur

Ses films présentés au festival Lumière :

Hugo Cabret (2011)
Les Infiltrés (2006)
Casino (1995)
Le Temps de l’innocence (1993)
Les Nerfs à vif (1991)
Les Affranchis (1990)
La dernière tentation du Christ (1988)
La valse des pantins (1982)
Raging Bull (1980)
New York, New York (1977)
Taxi Driver (1975)
Alice n’est plus ici (1974)
Mean Streets (1973)
Boxcar Bertha (1972)
Who’s that knoocking at my door (1968)

Chroniqués par Georgeslechameau

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[toggler title= »8 films de JULIEN DUVIVIER » ]

JULIEN DUVIVIER: portrait de l’auteur

David Golder (1931)
La Bandera (1935)
La Belle Équipe (1936)
Pépé le Moko (1937)
Un carnet de bal (1937)
La fin du Jour (1939)
Panique (1946)
– Le Temps des Assassins (1956)

Chroniqués par Louis

DUVIVIER

[/toggler][toggler title= »LA NUIT DE LA PEUR » ]

La nuit de la peur : notre avis sur la sélection de films !

The Thing (1982)
La Nuit des Morts Vivants (1968)
Insidious (2010)
Evil Dead (1981)

Chroniqués par Louis

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[toggler title= »AKIRA KUROSAWA : les anées Toho » ]

Le Plus dignement (1944)
– Qui marche sur la queue du tigre… (1945$)
– Je ne regrette rien de ma jeunesse (1946)
– Un merveilleux dimanche (1947)
– L’Ange ivre (1948)
– Chien enragé (1949)
– Vivre (1952)
– Vivre dans la peur (1955)
– La Forteresse cachée (1958)
– Les Salauds dorment en paix (1960)
– Yojimbo – Le Garde du corps (1961)
– Sanjuro (1962)
– Entre le ciel et l’enfer (1963)

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[toggler title= »la cinéaste russe LARISSA CHEPITKO » ]

Un portrait de la Larissa Chepitko

– Chaleur torride (1963)
– Les Ailes (1966)
– Le Début d’un siècle inconnu – composé de L’Ange d’Andrei Smirnov et de Le Pays de l’électricité de Larissa Chepitko (1967)
Toi et moi (1971)
L’Ascension (1977)

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[toggler title= »LA PROGRAMMATION 2015″ ]

Sur Le Blog du Cinéma

http://www.leblogducinema.com/news/la-programmation-dantesque-du-festival-lumiere-2015-71672/

Ou sur le site du Festival Lumière

http://www.festival-lumiere.org/

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[toggler title= »LUMIERE 2014 : Pedro Almodovar » ]
Programmation de Lumière 2014

PEDRO ALMODOVAR :

Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier de Pedro Almodóvar (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón, 1980, 1h18)
Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? de Pedro Almodóvar (¿ Qué he hecho yo para merecer esto !!, 1984, 1h47)
Matador de Pedro Almodóvar (1986, 1h45)
La Loi du désir de Pedro Almodóvar (La ley del deseo, 1987, 1h44)
Femmes au bord de la crise de nerfs de Pedro Almodóvar (Mujeres al borde de un ataque de nervios, 1988, 1h35)
Attache-moi ! de Pedro Almodóvar (Átame !, 1989, 1h41)
Talons aiguilles de Pedro Almodóvar (Tacones lejanos, 1991, 1h53)
La Fleur de mon secret de Pedro Almodóvar (La flor de mi secreto, 1995, 1h42)
En chair et en os de Pedro Almodóvar (Carne trémula, 1997, 1h39)
Tout sur ma mère de Pedro Almodóvar (Todo sobre mi madre, 1999, 1h40)
Parle avec elle de Pedro Almodóvar (Hable con ella, 2002, 1h52)
Volver de Pedro Almodóvar (2006, 2h02)
La piel que habito de Pedro Almodóvar (2011, 2h01)

SAGA MUSASHI MIYAMOTO : CRITIQUE des 6 films

PARADIS PERDU, d’Abel Gance: CRITIQUE

OPENING NIGHT, de John Cassavettes : CRITIQUE

Une Femme Dangereuse, avec Ida Lupino: CRITIQUE

Chroniqués par Georgeslechameau

La traversée de Paris

Chroniqué par Louis

lumiere2014 (2)

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