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GALVESTON, rencontre improbable dans l’Amérique profonde – Critique

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Après Demain et Plonger, Mélanie Laurent s’essaye dans GALVESTON à l’exercice du road movie américain et ne s’en sort pas si mal, malgré les poncifs du genre.

Des roads movie qui réunissent un duo de losers poursuivis par des tueurs dans le fin fond de l’Amérique profonde, on en a vu des tas. GALVESTON n’échappe pas à la règle. Sauf que ce film-là est adapté du premier roman éponyme de Nic Pizzolatto, créateur et showrunner de la série True Detective. Et que le producteur a fait un casting de réalisateurs… remporté par Mélanie Laurent. Oui, notre Mélanie Laurent nationale, comédienne et réalisatrice des fictions Plonger et Respire et du documentaire Demain. Cette fois-ci, elle n’a pas co-écrit le scénario, mais a quand même pu choisir ses comédiens. D’abord Elle Fanning (The Neon Demon, Mary Shelley), qui apporte la fraîcheur nécessaire à Rocky, son personnage de jeune prostituée. Pour son interprète de Roy, la réalisatrice a mis plus de temps avant de se décider pour Ben Foster (Comencheria, Hostiles). Elle s’offre même le luxe de caster Beau Bridges en boss de Roy, qui veut sa peau.

Photo du film GALVESTON
Alors on vous prévient, cette histoire n’a pas grand intérêt d’un point de vue dramaturgique. Mis à part le fait que GALVESTON se situe en 1988, il semble même que les scénaristes se soient complètement fichus de prendre la peine d’expliquer les raisons pour lesquelles le boss veut tuer Roy lors d’une embuscade. On ne sait pas non plus pourquoi Rocky était prisonnière dans cette maison, dans laquelle Roy a pénétré avec un complice. Plus flou, tu meurs. D’ailleurs, tout le monde meurt sauf eux-deux. Roy a bien le temps d’attraper des documents compromettants, mais là non plus, on n’y comprend que dalle, et on apprend vite à réagir comme les scénaristes: on s’en balance!

Car ce qui semble être déterminant pour Nic Pizzolatto, que la réalisatrice retranscrit d’ailleurs très bien à l’écran, c’est que ce traquenard est surtout le prétexte à la rencontre improbable entre les deux protagonistes. C’est même tout le sujet de GALVESTON. L’errance commune pour échapper à la mort de deux ratés à qui la vie n’a pas fait de cadeaux. Aussi différents soient-ils, ils se ressemblent pourtant. D’un côté Roy, gangster, ours mal léché de 40 ans qui se bat contre un cancer et de l’autre Rocky, jeune fille paumée de 19 ans qui a grandi trop vite et qui survit grâce à des passes.

GALVESTON, rencontre improbable entre deux losers de l’Amérique profonde, n’est pas inoubliable, mais permet à Mélanie Laurent de montrer au public américain qu’elle s’est appropriée les codes du genre.

Deux symboles de cette Amérique profonde, dans leur tentative désespérée de s’en sortir, par tous les moyens possibles. Deux paumés qui ont fait des conneries et les ont payé cher. Deux êtres solitaires qui n’ont pas reçu d’amour et qui ne savent pas en donner. Des américains comme il y en a des milliers, qui se battent pour le moindre dollar, ne maîtrisant rien de leur vie, et qui de fait, n’ont pas grand chose à perdre. Une vie sans grande valeur, et pour laquelle ils vont cependant se retrouver à lutter, ensemble, illustrant très bien la maxime “À deux, on est plus fort”. À trois en fait, parce que Rocky parvient à récupérer sa petite sœur sur la route. Ils fuient donc New Orleans, longent la côte du Golfe du Mexique.

Passant de motels miteux en bars glauques, qui donnent à voir le pire de ce que peut être l’Amérique, ils atterrissent un temps à Galverston. Un temps suspendu, leur permettant de toucher du doigt ce qui pourrait se rapprocher d’un bonheur familial. La mer, le sourire d’une petite fille, des jeux, un sentiment de liberté, une danse… ça ne tient pas à grand chose une joie simple et partagée, mêlée de compréhension, de respect, d’admiration et d’encouragements.

Photo du film GALVESTONC’est à ce moment du film que la patte de Mélanie Laurent se manifeste réellement et que la réalisatrice donne le la. On retrouve ainsi son talent pour les plans resserrés sur les visages, permettant de saisir la beauté de leur être profond. Elle va au delà du visible et donne à voir la belle personnalité de Rocky, qui émeut sincèrement Roy, et de fait le spectateur. Car si le héros du film, c’est lui, c’est pourtant Rocky qui est au centre du film, grâce au regard bouleversé que Roy porte précisément sur elle. Ouvrant son cœur à autrui et transformé par le courage de la jeune femme, il va désormais dédier son énergie à sauver ses deux acolytes dans le malheur.

Par contre, on a été moins convaincu par les scènes de violence tant elles frôlent parfois le comique et la caricature; on a même eu quelques fous rires causés par ce too much. Même si GALVESTON n’est pas inoubliable, il permet à Mélanie Laurent de montrer au public américain qu’elle s’est appropriée les codes du genre et qu’il n’y a pas que Jacques Audiard (Les Frères Sisters) pour tenter l’aventure de réaliser des films aux États-Unis.

Sylvie-Noëlle

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Titre original : Galverston
Réalisation : Mélanie Laurent
Scénario : Jim Hammet, d’après l’oeuvre de de Nic Pizzolatto
Acteurs principaux : Ben Foster, Elle Fanning, Beau Bridges
Date de sortie : 10 octobre 2018
Durée : 1h31
2.5
Too much

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