Photo du film LA PEAU SUR LES OS
Crédit : Rimini Éditions

LA PEAU SUR LES OS, un Stephen King en retard – Analyse

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Peu mémorable, LA PEAU SUR LES OS transpire l’adaptation de Stephen King typique des années 80. Pourtant sorti en 1996, le film de Tom Holland souffre effectivement d’un retard manifeste.

Le nom de Tom Holland s’avère assez peu connu du grand public. Pourtant, l’homme est considéré comme une vedette du cinéma horrifico-fantastique – notamment pour avoir réalisé le surestimé Vampire, vous avez dit vampire ? en 1985 et l’encore plus surestimé Jeu d’enfant en 1988. En peu de longs-métrages, Tom Holland a su assoir sa réputation, alors même qu’il ne se prédestinait pas lui-même à la réalisation. En effet, Holland rêvait plutôt d’une carrière d’acteur. Cantonné à la figuration télé, il se tourne vers l’écriture de scénario à la fin des années 70 et manifeste dès lors un véritable talent. Au début de cette seconde carrière, il écrit le surprenant Class of 1984 de Mark L. Lester et le franchement-pas-honteux Psychose 2 de Richard Franklin.

Photo du film LA PEAU SUR LES OS
Crédit : Rimini Éditions

En tant que réalisateur, Holland ne se démarque pas par un talent particulier. Il s’agit plutôt d’un honnête artisan, avec l’intelligence de savoir ménager ses effets. Il brille davantage lorsqu’on le retrouve à la fois derrière la caméra et au scénario. Le cinéaste manifeste d’ailleurs rapidement une aisance dans l’épouvante et témoigne d’un certain goût pour le genre, compte-tenu de son univers ultra référencé. Et c’est auréolé des succès de Vampire, vous avez dit vampire et de Jeu d’enfant qu’il se voit confier l’adaptation des Langoliers de Stephen King pour la télévision en 1995. Malgré une réception critique mitigée, la série enregistre des records d’audience sur la chaîne ABC.

Déjà ringard

Fort de cette expérience, le réalisateur s’attaque ensuite à LA PEAU SUR LES OS, une autre adaptation d’un roman de King paru en 1984. Considérant son budget d’environ 8 millions de dollars, le film rencontre plus ou moins son audience avec, en moyenne, 15,3 millions de dollars de recette au box-office américain. Toutefois, comparé aux 103 millions engrangés par Scream la même année, le film de Tom Holland fait effectivement pâle figure. Force est de constater que la formule King héritée des années 80 commence à sentir le renfermé. Le vent est en train de tourner et le cinéma d’horreur populaire entre progressivement dans l’ère des slashers post-modernes initiée par Scream.

Photo du film LA PEAU SUR LES OS
Crédit : Rimini Éditions

Le problème de LA PEAU SUR LES OS réside bel et bien dans le fait d’être sorti avec, au bas mot, au moins dix ans de retard. Fable désuète, le film raconte les déboires d’un avocat grassouillet, condamné à maigrir indéfiniment après avoir été maudit par le patriarche d’une communauté gitane. Dès son synopsis, le long-métrage sonne comme une adaptation de Stephen King, typique des séries B des années 80. Il évoque le souvenir de Peur bleue de Daniel Attias, de Cat’s eyes de Lewis Teague, voire même du Creepshow de Romero. Si le divertissement qu’offre LA PEAU SUR LES OS n’en devient pas pour autant désagréable, il souffre néanmoins d’apparaître dans le contexte des années 90.

Une adaptation acceptable

En effet, loin d’être le pastiche assumé d’une époque révolue, contrairement à Scream, le film témoigne d’un premier degré assumé, tandis que la réalisation se teinte de l’imagerie grisâtre du milieu des cols blancs, caractéristique de la décennie 90. À cet imaginaire, on oppose la fantaisie kitsch bien trop stéréotypée de la communauté gitane. Un archétype directement hérité des années 80, que Tom Holland tente peut-être de parodier maladroitement. Ces considérations expliquent certainement la réception désastreuse de LA PEAU SUR LES OS en son temps. « Déjà-vu » et « peu inspiré » furent autant d’arguments employés par la critique pour qualifier le long-métrage.

Photo du film LA PEAU SUR LES OS
Crédit : Rimini Éditions

Pourtant, malgré son retard et un léger manque de rythme qui tire son intrigue en longueur, LA PEAU SUR LES OS n’en demeure pas moins une adaptation de King acceptable pour le spectateur initié. Si son final diffère quelque peu du roman éponyme, le film préserve l’ambiance sombre et légendaire des récits narrés par l’auteur, où le fantastique s’immisce dans le quotidien des différentes classes sociales américaines. LA PEAU SUR LES OS bénéficie, de plus, d’effets spéciaux traditionnels d’une qualité notable, qui résistent plutôt bien à l’épreuve du temps. Passable, mais pas dénué de charme, le film de Tom Holland se laisse aisément regarder avec un brin de plaisir coupable.

Lily Nelson

DVD BluRay du film LA PEAU SUR LES OS

LA PEAU SUR LES OS sort en combo Blu-Ray et DVD chez Rimini éditions. Le film est accompagné d’un livret de 24 pages, intitulé Régime sévère, rédigé par Marc Toullec.

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