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GINNY & GEORGIA, entre femme fatale et mère parfaite – Critique

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En seulement quelques jours, une nouvelle série Netflix s’est emparée des réseaux sociaux, en brossant le portrait chaleureux et attachant de Ginny et Georgia. Mais la mère et la fille sont-elles si sympathiques ?

Depuis Gilmore Girls, il n’y a pas eu beaucoup de réalisations qui ont fait le pari risqué de centrer leur intrigue sur un binôme de mère et de fille. Pourtant GINNY & GEORGIA mise justement tout sur son binôme improbable. D’un côté, Georgia (Brianne Howey), une jeune mère d’une trentaine d’années, et de l’autre, Ginny (Antonia Gentry) sa fille introvertie. Après la mort de l’époux de Georgia, le duo décide de déménager dans le Massachusetts avec Austin (Diesel La Torraca) le petit frère de Ginny. Là-bas, dans une petite ville de l’Amérique profonde, la petite famille va devoir faire face à un racisme quotidien et aux crêpages de chignon du voisinage.

Malgré tout, en se focalisant sur l’évolution de cette relation fusionnelle entre la mère et la fille, GINNY & GEORGIA n’apporte rien de nouveau si ce n’est l’évocation partielle de certains sujets comme l’automutilation, l’inceste, la dysmorphie ou encore les handicaps. En plus de stéréotypes attendus et dépassés (comme celui de la mère sexy et sa fille coincée), la série n’a donc rien d’original et est même problématique sur certains de ses aspects.

ginny & georgia
@ Netflix

En effet, GINNY & GEORGIA a en partie construit l’arc narratif de Ginny en se basant sur un triangle amoureux entre deux garçons : le bad guy Marcus (Felix Mallard) et le good guy Hunter (Mason Temple). Premièrement, le schéma du triangle amoureux chez les adolescents a déjà été épuisé depuis les années 2010 avec Twilight (Catherine Hardwicke) et tous les films qui l’ont suivi. Ensuite, il est aujourd’hui problématique de glamoriser des comportements graves comme l’effraction nocturne alors que Marcus prend l’habitude de rentrer chez Ginny par la fenêtre. En 2021, il paraît vraiment alarmant de romantiser un garçon adolescent qui rentre sans prévenir chez sa voisine mineure qu’il ne connaît pas avant d’avoir une relation sexuelle avec elle. En plus de cela, GINNY & GEORGIA pose également problème en contribuant à une longue tradition de glamorisation de l’alcool dans les séries pour adolescents.

https://twitter.com/taylorswift13/status/1366401657685245955

Mais, si un défaut de la série a plus fait parler de lui que les autres, c’est bien son sexisme. Lors d’un épisode, Ginny lance une critique acerbe à sa mère en la comparant à Taylor Swift, qui faisait la une des tabloïds américains en raison de sa vie amoureuse. La chanteuse n’a pas attendue pour réagir et commenter la scène en soulignant le sexisme et la misogynie de cette réplique. Mais si cette phrase est problématique, le véritable problème est que l’interprète de Ginny est victime depuis plusieurs jours d’une vague de cyber harcèlement en raison de cette citation.

Or, son personnage est loin d’être moralement irréprochable, comme peut le montrer le concours d’oppression qu’elle a avec Hunter Chen (Mason Temple) pour savoir lequel est le plus blanc entre eux deux. Aussi, attaquer Antonia Gentry ne relève pas d’une lutte contre le sexisme, mais d’un harcèlement en ligne. Aujourd’hui, il s’agirait peut-être de s’énerver pour autre chose que pour une phrase prononcée par un personnage de fiction.

ginny & georgia
@ Netflix

Et parmi les choses pour lesquelles il est envisageable de s’énerver, il y a le traitement du personnage de Georgia. Cette dernière est manipulatrice mais uniquement parce qu’elle est belle. Sa beauté est d’ailleurs souvent désignée comme une arme par les narrateurs à travers la voix off de Ginny. À l’image de Salomé, Cléopâtre ou encore Isabelle Adjani dans L’Été Meurtrier, elle manipule les hommes avant de les tuer après en avoir tiré profit (héritage, garde d’enfants, politique…). Depuis longtemps, cet archétype de la femme fatale est présent dans la culture que ce soit à travers la peinture, la littérature ou le cinéma. Cette omniprésence sonne parfois comme un rappel aux hommes du danger que peuvent incarner les femmes en replaçant au centre de la narration leur nature de manipulatrice.

Aussi, un des traits caractéristiques de la femme fatale est son incapacité à remplir sa mission maternelle. Sauf que Georgia a des enfants. Et c’est justement pour les protéger et être une « mère parfaite » qu’elle manipule les hommes. Madone du XXIe siècle, ce n’est pas derrière un métier à tisser qu’elle contemple la vie mais à la terrasse de sa maison, une tasse de café ou un verre de vin rouge à la main. Passive, cette Madone ne connaît qu’un éphémère bonheur lors de son mariage comme le montrent les flashbacks concernant le passé de Georgia. Mère dévouée, aimante et protectrice, c’est justement pour garantir l’avenir de ses enfants qu’elle se transforme en femme fatale. L’amour est alors inséparable du pouvoir qu’elle recherche pour assurer la sûreté de Ginny et Austin. Tantôt Madone, tantôt femme fatale, Georgia n’arrive donc pas à sortir des archétypes que le patriarcat lui a imposé.

Déjà vu et revu, GINNY & GEORGIA n’a donc aucune originalité. Pourtant, la série avait du potentiel en choisissant de focaliser sa narration non seulement sur un duo mère et fille mais surtout sur un duo dont l’écart d’âge est très faible. Néanmoins, la série est parfois problématique sur certains des sujets qu’elle choisit d’aborder. Bien qu’elle soit un divertissement qui se suffit à lui-même, certaines maladresses nous poussent à ne pas souhaiter de seconde saison.

Sarah Cerange

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Note des lecteurs17 Notes
Titre original : Ginny & Georgia
Réalisation : Sarah Lampert
Acteurs : Brianne Howey, Antonia Gentry, Felix Mallard, Sara Waisglass, Mason Temple
Date de sortie : 24 février 2021
Durée : 10x50 épisodes
1.5
Maladroit

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